"Je suis redevenue Mélanie" : les confidences de Diam's dans "Sept à Huit"

Maëlane Loaëc | Interview "Sept à Huit" : Audrey Crespo-Mara
Publié le 26 juin 2022 à 20h15
Sept à Huit - Mélanie Diam's : mes blessures, ma foi
Sept à Huit - Mélanie Diam's : mes blessures, ma foi

Star incontestée d'une génération, Diam's s'est retirée du monde de la musique il y a dix ans.
Longtemps tourmentée, l'ex-rappeuse explique avoir trouvé dans la foi la voie de l'apaisement.
Elle s'est confiée ce dimanche à Audrey Crespo-Mara dans "Sept à Huit", sa première interview depuis 7 ans, dont vous pouvez voir ici le replay.

"Je suis juste venue raconter mon histoire : c'est la mienne, ce sont mes choix. Je ne parle pas au nom des autres." Après sept ans de silence, la rappeuse Diam's accorde une première interview télévisée et raconte ses errances, alors qu'elle était encore au sommet de la gloire, et la quête de spiritualité qui y a mis fin, dans la vidéo de "Sept à Huit" à retrouver en tête de cet article. Un entretien accordé à Audrey Crespo-Mara alors qu'elle co-signe un documentaire sur son parcours, produit par la plateforme Brut, en salles le 1er et 2 juillet avant sa diffusion en ligne, après avoir été projeté au festival de Cannes, mais en son absence. 

Nommé "Salam", la "paix" en arabe, ce documentaire retrace comment cette icône du rap s'est éclipsée soudainement il y a dix ans, pourtant adulée par le public qui l'avait propulsée en tête des classements. Mais Diam's n'est pas morte, explique Mélanie Georgiades, de son vrai nom : "Diam's a vraiment été une étape dans ma vie, c'est quelque chose qui est là, qui a existé aux yeux de millions de personnes. Je ne suis pas devenue Mélanie, je suis redevenue Mélanie", dit-elle.

Un succès phénomène mais un "rêve illusoire"

Jeune fille tourmentée, essorée par des questionnements incessants, elle tente pour la première fois de se suicider à 14 ans, puis découvre l'écriture, un "exutoire" et un "petit refuge", qu'elle ne quittera plus. Son premier album Premier mandat sort en 1999, puis Diam's est emportée dans un tourbillon de succès. Sans parvenir à apaiser ses démons. 

"Aujourd'hui, je vois la gloire un peu comme l'ivresse : quelque chose d'hyper fort qui me remplissait d'un coup, et ensuite il était très dur de redescendre. (...) J'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais"
Diam's, ancienne rappeuse

"Je réalise tristement que ce que je pensais être le sens de ma vie, c'est-à-dire d'écrire des textes, de remplir des salles, d'être aimée, cela ne remplissait malheureusement pas mon cœur ni réglait mes soucis. On se sent alors très mal, parce qu'on touche un rêve du doigt, celui de beaucoup de gens, mais pourtant, on vient dire que ce rêve n'était qu'illusoire", se souvient-elle. Ses concerts deviennent une rare parenthèse de bonheur, "deux heures où j'oubliais mes problèmes", mais les 22 autres heures de la journée restent pour elle "insupportables".

"Aujourd'hui, je vois la gloire un peu comme l'ivresse : quelque chose d'hyper fort qui me remplissait d'un coup, et ensuite il était très dur de redescendre. Comme un cercle vicieux, parce qu'on en veut toujours plus. J'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais", rembobine l'ancienne star. Encore sous le feu des projecteurs, Diam's est brusquement internée en clinique psychiatrique, tente à nouveau de se suicider, devient complètement amortie par les médicaments : "Je suis comme quelqu'un qui est dans une tempête et qui avance, j'essaie de me battre contre un vent très, très fort qui cherche à m'amener vers la mort".

"J'ai toujours été solidaire des femmes qui souffrent"

C'est finalement une prière aux côtés d'une amie musulmane de son amie Vitaa, également chanteuse, qui lui permet enfin de s'extraire de ce "labyrinthe" et ce "vide intérieur". Déjà croyante, issue d'une famille catholique, elle part en voyage à l'île Maurice, Coran en poche, pour en apprendre davantage sur l'islam. Dans cette "recherche spirituelle", elle s'ouvre à la méditation, "le plus grand des bouleversements" de sa vie. Et se convertit, seule, sur une plage de l'île. La spiritualité se taille alors de plus en plus de place dans son existence, commence à "lui donner un sens", ce que la musique, elle, ne parviendra plus à faire. 

Le voile qu'elle décide ensuite de porter est loin de s'imposer comme "l'axe central" de sa vie, assure-t-elle. L'ancienne rappeuse refuse même de se présenter avec en public, avant que des photos d'elle à la sortie d'une mosquée soient volées par Paris Match en 2009. "Que les choses soient claires, moi je n'ai rien prôné ni affiché, c'est vous qui avez pris cette photo et l'avez placardée partout", tance-t-elle. Au sein de sa famille, son choix est d'ailleurs "un non-sujet". Elle ne se reconnaît pas non plus dans l'icône féministe que certains ont voulu faire d'elle en tant que rappeuse. "J'ai toujours été solidaire des femmes qui souffrent, que je sois voilée, pas voilée, rappeuse, pas rappeuse", poursuit-elle.

Désormais, Mélanie Georgiades s'adonne à sa famille, ses trois enfants, avec qui elle vit aux Émirats arabes Unis et qui participent de "l'équilibre" qu'elle a enfin obtenu. Mais aussi à son association Big Up Project, qui vient notamment en aide à un orphelinat au Mali. "Ne faire que le bien, c'est le plus grand challenge de ma vie", glisse-t-elle.


Maëlane Loaëc | Interview "Sept à Huit" : Audrey Crespo-Mara

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