Le sable est le support d'expression de l'artiste Jben.Son défi ? Réaliser les commandes de ses clients en un temps record, avant que les vagues ne les emportent.Regardez ce reportage de TF1.
"Sur la plage, on a un crayon, et on n'en a pas d'autre". Jben est un artiste pas comme les autres. Son support de prédilection n'est pas une feuille de papier, une toile ou une sculpture, mais un élément naturel, le sable, en bord de mer. Et à Royan, en Charente-Maritime, où il a choisi de s'exprimer ce jour-là, la marée l'oblige à terminer le portrait de 50 mètres de large qu'il doit réaliser en moins de quatre heures, commande d'un chanteur mondialement connu.
Surtout, il n'a pas le droit à l'erreur. Jben n'a qu'un seul essai, et ne pourra pas chiffonner sa page blanche, qui ne sera remise à zéro que lorsque l'océan remontera, dans quelques heures. "Il y a énormément de stress", concède-t-il. Comme un joggeur, l'artiste enchaîne les petites foulées, le souffle court et l'allure saccadée. "Je cours tout le temps après la marée", sourit-il. Alors, il a fallu ruser, créer lui-même certains objets qui lui permettent d'exprimer son art le plus précisément possible, et surtout sans prendre le risque qu'il soit croqué par les flots avant d'avoir été achevé.
Des outils de jardinier
S'il n'est pas joggeur, on pourrait le croire jardinier. L'artiste stocke son matériel dans une cabane de jardin. Un manche, un râteau, deux griffes différentes, mais aussi des outils qu'il a fabriqués lui-même, comme un compas. "J'ai monté une corde que je peux dérouler à loisir", explique-t-il. Une nécessité, quand ces œuvres d'art mesurent plusieurs dizaines de mètres de long.
Jben en a déjà réalisé plus de 300. Parmi elles, un labyrinthe en spirale. "Ce n'était pas voué à ça, mais finalement, il y a plein de gens qui se le sont approprié et qui se sont amusés dedans", explique-t-il. Le rendu est encore différent, et très impressionnant, lorsqu'il est capturé de haut, par un drone.
Comme le public est enthousiaste, l'artiste s'est adonné à un exercice d'initiation. Après avoir tracé plusieurs cercles dans le sable, les initiés doivent reproduire un croquis imaginé par Jben. "C'est différent d'une matière telle qu'une feuille et d'un papier", observe l'un des novices. "Là, on est sur quelque chose de granuleux donc effectivement ce n'est pas nécessairement simple", s'inquiète-t-il.
Outre la pression liée à la rapidité nécessaire pour mener à bien son travail, Jben a conscience qu'il évolue dans un cadre rêvé. "C'est complètement apaisant, on a le bruit des vagues derrière, le vent, les mouettes parfois qui passent par là, un tout qui nous ramène à des choses simples", assure-t-il.
Mais les éléments ne sont pas toujours avec lui. "Tout rentre en jeu. La qualité du sable, la marée, le vent", et même le soleil, qui "sèche la fresque au fur et à mesure". Tout cela peut accélérer le processus éphémère - ou "effet mer", comme préfère l'écrire l'artiste.
Son travail impressionne les badauds, qui s'arrêtent et immortalisent ses œuvres avant qu'elles ne disparaissent. "Il a beaucoup de ténacité, parce que ça s'efface après, il n'y a pas de trace", si ce n'est ces clichés, commente une passante.
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