Six mois après avoir été victime d’une attaque au couteau, Salman Rushdie publie un nouveau roman aux États-Unis et au Royaume-Uni.L’écrivain, qui a perdu l’usage d’un œil et se remet encore de ses graves blessures, ne s’exprimera pas dans les médias.Dans "Victory City", il raconte l’histoire d’une poétesse, dotée de pouvoirs magiques, qui lutte contre l’intolérance et le patriarcat.
Sa terrible agression, le 12 août dernier, a fait les gros titres de l’actualité. Six mois après avoir été poignardé alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole lors d’une conférence dans l’État de New York, Salman Rushdie fait son retour cette semaine en librairies aux États-Unis et au Royaume-Uni avec un nouveau roman. Intitulé Victory City, il ne sera disponible en France qu'en septembre prochain chez Actes Sud.
Encore convalescent, l’écrivain américano-britannique d’origine indienne ne prendra pas la parole dans les médias dans les semaines qui viennent, affirme Andrew Wylie, son agent. "Il a perdu la vue d'un œil, il a eu trois blessures graves au cou. Il est handicapé d'une main car les nerfs de son bras ont été sectionnés. Et il a environ 15 autres blessures à la poitrine et au torse", avait déclaré ce dernier en octobre dans El Pais.
Il a perdu un œil et il se rétablit encore de ses autres blessures. Mais elles n’ont pas entraîné sa fin
L'écrivain Harry Kunzru dans le "New York Times"
Depuis le drame, aucune image de l’auteur âgé de 75 ans ne circule. Depuis décembre, il a repris une activité sur les réseaux sociaux, essentiellement pour repartager des articles de presse. Samedi dernier, il a tweeté qu’il serait devant son écran pour assister à une conférence en ligne que donneront ses collègues Neil Gaiman et Margaret Atwood au sujet de son œuvre, le 9 février.
I’ll be watching! https://t.co/2EzOtG8qhw — Salman Rushdie (@SalmanRushdie) February 4, 2023
Dans un article publié il y a quelques jours par le New York Times, plusieurs de ses proches donnent des nouvelles plutôt encourageantes. "Il est extraordinairement résilient', explique ainsi l’écrivain britannique Hari Kunzru, qui lui a récemment rendu visite. "C’est toujours le même Salman qu’il était avant. Il a perdu un œil et il se rétablit encore de ses autres blessures. Mais elles n’ont pas entraîné sa fin."
Son agresseur risque jusqu'à 25 ans de prison
Si Victory City est son premier roman depuis Quichotte, en 2020, il faut toutefois préciser qu'il a été écrit avant le drame. Son héroïne, Pampa Kampana est une poète douée de pouvoirs magiques, née au XIVème siècle, qui va "ériger une ville, subir l'exil et les menaces dans un monde patriarcal", indique son éditeur, Penguin Random House.
Comme souvent avec Salman Rushdie, le mélange entre l’Histoire et l’imaginaire permet d’éclairer les maux du monde contemporain. "Tout ce qui restera de cette ville, ce sont les mots", écrit l'héroïne dans un message qu'elle adresse aux générations futures. "Les mots, ce sont les seuls vainqueurs", lui fait dire l'écrivain, comme un écho à son propre destin.
Depuis 1989, Salman Rushdie vit en effet sous le coup d'une fatwa, prononcé par l’ayatollah Khomeini qui jugeait son roman Les Versets Sataniques "blasphématoire" envers l’islam. Après avoir longtemps vécu sous protection, il avait levé la garde sur sa sécurité depuis quelque temps déjà. C’était le cas lorsqu’il a été attaqué en août dernier par Hadi Matar, un Américain d’origine libanaise de 24 ans, arrêté sur les lieux.
Inculpé pour tentative de meurtre, le jeune homme a décidé de plaider non coupable en vue de son prochain procès. Lors d’une audience préliminaire, il avait affirmé n’avoir lu que quelques pages des Versets Sataniques, publiés avant sa naissance. Il n’a pas dit s’il avait été inspiré par la fatwa contre l’écrivain. Mais il a assuré avoir "de l’estime pour l’ayatollah. Je pense que c’est quelqu’un de remarquable". Il risque jusqu’à 25 ans de prison.
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