REACTIONS - Membre du jury de cette 44e édition, le réalisateur Xavier Legrand revient pour nous sur "Jusqu'à la garde", son premier long métrage éprouvant qui pourrait, on l'espère, tout rafler lors de la prochaine cérémonie des César. Coup d'essai, coup de maître.
Il a suffi d'un court métrage nommé aux Oscars (Avant que de tout perdre, ayant servi de base au premier long Jusqu'à la garde) pour terrasser les spectateurs. C'est peu dire que le premier long métrage de Xavier Legrand, sorti en février dernier et qui, on le souhaite, devrait faire parler de lui lors de la prochaine cérémonie des César, nous a tous mis sens dessus dessous. Un film qui fait mal, qui broie, qui terrifie, qui instille la peur dans notre quotidien le plus familier, pour ne plus jamais nous laisser tranquille.
Venu du théâtre, le réalisateur Xavier Legrand déboule avec force dans le monde du cinéma en traitant un thème impossible (les violences conjugales) et parvenant, par des moyens purement cinématographiques, à échapper à cette ornière "so" française du "film Dossiers de l'écran" pour communiquer une trouille intime, redoutable. Son Jusqu'à la garde raconte en 1h30 le divorce du couple Besson. La mère, Miriam (Léa Drucker), accuse le père, Antoine (Denis Ménochet), de violences et demande la garde exclusive de leur fils âgé de 12 ans, pour le protéger. Leur fille aînée, elle, est presque majeure. Mais la juge estime les droits du père bafoués et accorde une garde partagée. Le petit Julien va alors tout faire pour protéger sa mère.
J’ai été surpris par le nombre de gens me disant "c’est mon histoire que vous racontez".
Xavier Legrand, réalisateur
"J'ai fait une longue enquête", assure le cinéaste-acteur formé au conservatoire national de Paris, qui joue au théâtre, pour le cinéma et la télévision, et qui actuellement assure la rude mission de juré au 44e Festival de Deauville. Afin de rester le plus réaliste possible, il a rencontré des victimes de violence conjugale, une juge aux affaires conjugales, des psychologues, des policiers et assisté à des groupes de parole pour hommes violents : "J'ai appris comment les juges (...) partent d'un postulat assez général, qu'un mauvais conjoint ne fait pas forcément un mauvais parent" et que "s'il n'y a pas de preuves formelles que l'enfant est en danger, il n'y a aucune raison de rompre avec le parent". Et rappelle qu'en 2016, 123 femmes sont mortes en France, victimes de violences conjugales. "Ce sont des homicides, il ne faut pas l'oublier".

Jusqu'à la garde est sorti en février dernier et ceux qui l'ont vu n'ont pas pu l'oublier. Xavier Legrand, que la noirceur n'effraie pas au cinéma, imaginait bien sûr les spectateurs éprouvés mais ne pouvait pas prédire à quel point il touchait un nerf sensible : "Beaucoup de spectateurs me disent bravo mais beaucoup aussi me disent merci, nous confie-t-il. Ils me remercient de parler de ce sujet difficile aussi frontalement, sans gras, et de rentrer dans l’essence même des choses. Ce sont des réactions assez éprouvantes, finalement. Surtout lorsqu’elles viennent de gens ayant vécu ce que l'on voit dans le film. J’ai été surpris par le nombre de gens me disant "c’est mon histoire que vous racontez". C’est étonnant car si le film est construit à partir de témoignages, il reste une fiction. Cela prouve à quel point c’est répandu, à l’image de nos chiffres : tous les trois jours, une femme vit malheureusement ce genre de scènes et n’en sort pas vivante."

Gageons que le bouche à oreille et, on l'espère, les récompenses futures feront que plus de spectateurs découvriront sans plus tarder l'un des films français les plus puissants de ces cinq dernières années. Rien de moins.
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