"Vous vouliez l’argent de Monsieur Depp" : Amber Heard sur le grill à la reprise du procès

Publié le 17 mai 2022 à 12h04

Source : JT 20h WE

Après une semaine d’arrêt, le procès en diffamation opposant Johnny Depp à son ex-femme a repris ce lundi 16 mai en Virginie.
L’actrice a témoigné de nouvelles violences avant d’être questionnée par le camp adverse.
Un contre-interrogatoire musclé, où chacune de ses déclarations a été disséquée.

Il espérait que leur divorce "se règle le plus vite possible et soit le plus indolore possible". Ce SMS de Johnny Depp, daté de mai 2016 et lu au tribunal, a bien mal vieilli. Le voici ajouté à la longue liste des preuves déposées dans le procès pour diffamation qu’il intente à son ex-femme Amber Heard. Après quatre semaines de grand déballage, les débats se sont accordés un court répit pour mieux reprendre ce lundi 16 mai. Sept jours qui ont permis aux deux parties d’affiner leurs angles d’attaque, rebondissant sur des moments déjà marquants du procès. Comme le fait que la star de Pirates des Caraïbes n’a pas décollé ses yeux de sa table lors des auditions de l’actrice.

"Monsieur Depp ne vous a pas regardée une seule fois depuis le début, n’est-ce pas ? (…). Et vous savez exactement pourquoi, non ?", a lancé à Amber Heard la redoutable avocate de l’acteur, Camille Vasquez, avant de diffuser l’enregistrement d’un échange entre les deux anciens tourtereaux. Lors de l’une des leurs dernières rencontres à l’été 2016 à San Francisco, il promet à son ex qu’elle "ne verra plus jamais ses yeux". "Vous ne pensiez pas qu’il dirait au monde qu’il est une victime de violences conjugales, n’est-ce pas ? (…). Monsieur Depp est votre victime, n’est-ce pas ?", poursuit l’avocate face à la jeune femme de 36 ans, qui s’oppose à chacune de ses questions.

Toute la journée, Amber Heard a tenu à préciser les faits en étant d'abord interrogée par son avocate. Chignon banane amélioré et veste grise qui lui a valu d’être comparée par les internautes au méchant du film Austin Powers, elle a tenté de déconstruire un récit écrit par d’autres. Quitte, parfois, à faire machine arrière. La session de ce lundi s’est ouverte sur un rappel de la temporalité des faits. Elle a raconté que le premier coup porté par Johnny Depp, qu’elle a longuement détaillé lors du procès, remonte au "début de l’année 2012". "J’ai toujours cru, jusqu’à récemment, que ça avait commencé plus tard, début 2014. (…). On n’oublie jamais la première fois que quelqu’un vous frappe comme ça. Je me suis juste trompée dans la date", glisse-t-elle.

Amber Heard a aussi avancé de nouvelles accusations de violences, comme la fois où Johnny Depp lui aurait jeté un téléphone au visage. Des photos de sa joue rougie ont été présentées aux jurés, lui laissant l’opportunité de détailler comment elle se maquillait pour masquer les traces de coups. "Il faut mettre de la glace directement pour diminuer le gonflement. La crème Arnica est un bon remède aussi ", dit-elle, présentant "son kit à bleus" et sa manière de l'utiliser. "Ce n’est pas exactement celui que j’avais tout le temps avec moi", précise-t-elle pour mieux balayer les accusations de mensonge. La marque avait expliqué dans une vidéo sur TikTok que ce kit de correction, présentée par son avocate à la cour, avait été commercialisé après les violences reprochées à Johnny Depp.

Je savais que si je ne demandais pas le divorce, je ne survirais littéralement pas
Amber Heard

L’actrice a également parlé de sa séparation, en mai 2016, comme de "la chose la plus difficile qu’elle ait jamais eue à faire". "J’ai tout fait pour que cette relation marche, mais ça n’a pas fonctionné (…). Je savais que si je ne demandais pas le divorce, je ne survirais littéralement pas. J’avais peur que ça se termine vraiment mal pour moi", a-t-il confessé, des sanglots dans la voix. "Le monstre était devenu la norme et pas l’exception, les violences étaient devenues la norme et pas l’exception", a-t-elle admis, évoquant sa perte de cheveux, de poids et ses attaques de panique. 

"Je m’effondrais, j’avais peur et j’étais très tiraillée parce que la personne dont j’avais peur était aussi celle dont j’étais amoureuse", a-t-elle soufflé. Si dans un premier temps elle n’a pas collaboré avec la police, c’était "pour protéger" son époux. "Je ne voulais pas qu’il soit arrêté. Je ne voulais pas que ça sorte. Je ne voulais pas qu’il ait de problèmes", a déclaré celle qui a fini par obtenir une injonction d’éloignement pour violences conjugales.

Don ou pas don ? Le sort de 7 millions de dollars interroge

Puis elle est enfin passée à cette tribune publiée dans le Washington Post en décembre 2018, qui la mène au tribunal aujourd’hui. Un texte dont "chacun des mots est vrai" et dont elle était si fière qu’elle "l’a encadré" chez elle. Amber Heard a tenu à clarifier aussi le sort des 7 millions de dollars reçus de son ex-mari après leur divorce. "J’ai promis de tout donner à des associations car je n’ai jamais été intéressée par l’argent de Johnny. Je voulais juste ma sécurité, aller de l'avant mais il m’en a empêchée en me traitant de menteuse (…). Je voulais qu’il me laisse tranquille", a-t-elle insisté. La somme devait être partagée entre l’ACLU, qui milite pour les victimes de violences, et un hôpital pour enfants. Elon Musk, "son petit ami de l’époque", leur a bien fait des chèques en son nom pour 500.000 dollars.

Mais Amber Heard a reconnu ne pas avoir encore versé l’intégralité de l’argent "parce que Johnny Depp l’a attaquée pour 50 millions de dollars en mars 2019" pour diffamation. "Vous avez eu 13 mois avant pour le faire", s’est agacée plus tard l’avocate de l’acteur, contre-attaquant chacune de ses sorties. Elle a rappelé que l’actrice avait assuré sous serment, lors du procès de Londres où elle était témoin, avoir versé ces 7 millions du divorce à des associations. Ce qu’elle a avoué par deux fois, ce lundi, ne pas avoir fait. "Vous vouliez l’argent de Monsieur Depp (...). Vous vouliez avoir bonne presse (…). Vous vouliez être vue comme une victime noble de violences conjugales", a-t-elle lâché à l’actrice, qui lui a répondu point par point avant de s’emporter. 

Son temps à l'écran dans "Aquaman 2" a été réduit

"Je n’ai jamais voulu être vue comme une victime et je ne me suis jamais qualifiée comme telle", a souligné Amber Heard, qui a assuré vouloir "seulement laver son nom, la seule chose qui lui reste" au milieu de la "campagne de diffamation" menée contre elle par les médias et les fans de son ex. "Je suis harcelée tous les jours", a-t-elle martelé, rappelant que sa relation avait failli lui coûter son rôle dans Aquaman et avait sensiblement diminué son apparition à venir dans Aquaman 2. "Je me suis battue très fort pour rester dans ce film. On m’a donné un scénario puis de nouvelles versions" dans laquelle de nombreuses scènes avaient été supprimées. Une pétition en ligne pour la voir disparaître totalement du projet compte désormais 4 millions de signataires.

Les admirateurs de Johnny Depp ont dû se délecter de la pugnacité de son avocate, déjà saluée lors des premières auditions d’Amber Heard, qu’elle a rythmée de ses "Objections !", "Rumeurs !" et "Spéculation !". Camille Vasquez a voulu mettre à mal ses récits de violences en notant notamment qu’à chaque fait grave, Amber Heard ne s’était pas rendue chez un médecin pour faire constater ses blessures. Que ce soit lors des deux fois où elle a dit avoir la sensation d’avoir le nez cassé, ou cette autre où elle dit été avoir violée avec une bouteille d’alcool

 Les deux heures de ce contre-interrogatoire ont donné le ton de la suite de ce procès, où chaque détail sera analysé et contrebalancé par la partie adverse. On en oublierait presque que l’épisode de l’étron laissé dans le lit en Australie a refait surface, Amber Heard répétant qu’il s’agissait d'un cadeau de son chien Boo, aux troubles digestifs fréquents. "Je ne trouve pas ça drôle", a-t-elle commenté. Johnny Depp non plus n’a pas ri.

La tête plongée dans ses dessins, l'acteur a regardé les preuves sur l’écran situé devant lui, et réagi à de nombreuses fois auprès de son avocat. Sa sortie a été saluée par les fans présents dans la salle, à qui il a longuement fait des signes de la main avant de sortir. En fin d’audition, la juge a demandé à Camille Vasquez si elle voulait qu’on ferme le volet pour la protéger du Soleil. Comme un drôle de signe du destin, car c’est bien elle qui sera dans la lumière pour le reste de ce procès hors norme.


Delphine DE FREITAS

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