Willy Rovelli ("Comme des bêtes 2") : "Je ne pensais pas être un jour un concurrent de Brad Pitt"

Propos recueillis par Delphine DE FREITAS
Publié le 5 décembre 2019 à 18h33, mis à jour le 5 décembre 2019 à 20h22
Willy Rovelli ("Comme des bêtes 2") : "Je ne pensais pas être un jour un concurrent de Brad Pitt"

Source : Universal Pictures France

INTERVIEW - Voix française de l'énergique lapin Pompon dans "Comme des bêtes 2" (désormais disponible en DVD), l'humoriste nous parle secrets de doublage, névroses et "Boyard Land", l'émission dérivée de "Fort Boyard" qui arrive sur France 2 le 21 décembre. Toujours avec humour et beaucoup de second degré.

Il s'excuse d'avoir manqué notre appel car il était retenu en réunion. Willy Rovelli fourmille de projets et ne semble pas près de s'arrêter. Actuellement en tournée avec son nouveau one-man-show, le cuisinier le plus sadique de la télévision française s'apprête à retrouver Olivier Minne dans une émission dérivée de "Fort Boyard" dont il est l'un des personnages les plus populaires depuis sept ans. 

Avant de nous parler de cette nouvelle aventure à l'opposé de ce que connaissent les téléspectateurs, l'humoriste revient pour LCI sur le lapin/super-héros en devenir Pompon à qui il prête sa voix dans le film d'animation "Comme des bêtes 2". Une plongée pas comme les autres, drôle et attachante dans la vie secrète des animaux de compagnie qui ravira petits et grands.

L'humoriste Willy Rovelli et son double d'animation, le lapin Pompon dans "Comme des bêtes 2".
L'humoriste Willy Rovelli et son double d'animation, le lapin Pompon dans "Comme des bêtes 2". - Universal Pictures France / Thibault Grabherr

Pourquoi "Comme des bêtes 2" est-il un film d'animation qui a du chien ?

Willy Rovelli : C'est un film qui est drôle, un peu engagé car il délivre des petits messages sur le sort des animaux du cirque, sans non plus prendre la tête. L'idée, ce n'est pas de faire la morale. J'aime bien quand des films d'animation, qui par définition touche les enfants, font passer des messages l'air de rien entre deux éclats de rire. C'est pas mal. Et puis surtout, il y a Pompon dedans, qui est un personnage magnifiquement beau, un peu taré et petit. C'est tout moi mais en lapin !

Vous doublez donc Pompon, le petit lapin tout mignon qui se rêve super-héros mais a presque peur de son ombre. Au fond, on est tous des Pompon non ?

On est tous des Pompon, exactement ! On veut tous rouler des mécaniques, à dire : "Ouais, y en a marre ! Si je le vois..." Mais après... On est tous un peu des faux-derches hélas. En tout cas moi, beaucoup.

On ne reconnaît pas immédiatement la voix de Philippe Lacheau chez le chien Max mais on identifie tout de suite la vôtre. Pompon, c'est du 100% Willy Rovelli ?

Ce qui est génial, c'est que le réalisateur américain Chris Renaud a casté lui-même les voix du monde entier de tous les personnages. C'est à lui qu'est revenue la décision finale. Il a validé ma voix en précisant que c'était bien celle-ci qu'il voulait. On m'a dit : "Sois toi-même". C'est super parce que je n'ai même pas cherché à faire un accent ou des intonations particulières. C'était vraiment ce timbre de voix magnifique qu'il voulait, donc c'est très bien.

Mais comment ce timbre de voix magnifique est arrivé jusqu'aux Etats-Unis ?

Les équipes d'Universal France m'ont contacté en me disant qu'elles avaient pensé à moi, que je faisais partie des pré-sélectionnés et qu'on était deux-trois sur le coup. Ensuite, ma voix superbe est allée jusqu'à Hollywood. C'est peut-être la seule fois qu'elle ira là-bas d'ailleurs. J'espère qu'il y aura un "Comme des bêtes 3", "4", un "1000" ! Je pense qu'il y a plein de choses à faire, on peut faire passer beaucoup de messages avec des animaux d'autant que les gens sont maintenant très sensibles à la cause animale. Et puis c'est drôle, c'est mignon... Je me tiens prêt pour un 3 avec plaisir !

Ce n'est pas parce que c'est un film d'animation qui s'adresse aux enfants qu'il faut parler bébête, même s'il y a des bêtes

Willy Rovelli

Vous proposez sur votre page Facebook des tutoriels plein d'humour, façon YouTubeur, intitulés "La Vie est belle". A quoi ressemblerait votre tuto pour un bon doublage de film d'animation ?

Alors d'abord on va vous passer un texte qu'il faudra lire. Attention, ce n'est pas parce que c'est un film d'animation qui s'adresse aux enfants qu'il faut parler bébête, même s'il y a des bêtes. Non, non, non ! Vous lisez, vous lisez bien et surtout vous mettez de vous dans la lecture. Ce n'est pas parce qu'on ne vous voit pas que vous ne devez pas jouer. Il faut jouer ! C'est là que vous allez être un bon comédien ou une bonne comédienne, quand vous allez réussir à faire passer 10.000 choses rien qu'avec votre voix. Donc vous lisez, vous vous adressez aux enfants mais sans parler comme un enfant. Vous faites parler une bête mais vous n'êtes pas bébêtes et vous vous débrouillez pour qu'on sente votre corps rien que dans votre voix. C'est un vrai boulot de comédien de doubler. On a l'impression que c'est pénard comme ça, que t'es assis et que tu lis mais pas du tout. Tu bouges vraiment, tu joues l'action. Je suis un faux-calme donc c'était très facile pour moi de me glisser dans la peau de Pompon.

Le chien Max finit chez un vétérinaire spécialisé dans les troubles du comportement. Les héros de "Comme des bêtes 2" ne seraient-ils pas un peu des humoristes qui s'ignorent, tous un peu névrosés ?

De toute façon, on est tous un peu des névrosés. Il paraît que quand on a des animaux, on leur transmet un peu nos névroses, nos angoisses. J'avais un chat qui s'appelait MC, comme MC Solaar parce que j'étais fan de lui. C'était un chat de gouttière, je l'ai eu à la naissance et il est mort à 11 ans, mais je pense qu'il était complètement barge ! Un jour, le vétérinaire m'a dit : "En fait, votre chat est fou". Je pense qu'il était fou parce que je l'ai rendu fou. Je lui faisais tout le temps des bisous, on se courait après dans la maison, dès qu'il mangeait j'allais l'emmerder. Comme je suis tout le temps nerveux et en train de faire 10.000 trucs, et qu'un chat ça dort 20 heures par jour, je ne supportais pas ça. Je le réveillais tout le temps, je le foutais en bas du lit. Je crois qu'il a terminé taré à cause de moi mais je l'aimais plus que tout. Le véto m'avait rappelé : "Ce n'est pas votre fils". Je lui parlais et je faisais les réponses aussi.

Comme Kristoff avec son renne Sven dans "La Reine des neiges" ?

Exactement (rires) !

J'étais un peu au bord du burn out parce que je faisais beaucoup de choses et au bout d'un moment je n'avais plus rien à raconter, plus rien à dire. Il a fallu que je parte un peu prendre l'air et le hasard m'a amené là-bas

Willy Rovelli sur son installation à Dubaï

Vous êtes en tournée avec votre nouveau spectacle "N'ayez pas peur !". C'est un titre dans l'air du temps avec la grève reconductible qui commence ce jeudi 5 décembre.

Justement, n'ayez pas peur ! (rires). Sur scène, c'est un autre Willy que celui qu'on voit dans "Fort Boyard" ou "Comme des bêtes". C'est un peu plus cynique, ironique. Je me dévoile plus, je parle de vie quotidienne, d'actualité, de toutes ces choses sur lesquelles on nous met en garde à longueur de journées. "Attention au changement climatique, attention à ce que vous mangez, attention à ce que vous buvez, attention quand vous conduisez..." Il faut faire attention à tout maintenant. C'est un peu les sujets concernant du moment qui, en tout cas, me parlent.

Vous exportez votre humour à Dubaï du 17 au 21 février. C'est une première pour vous ?

Non parce que j'y ai vécu pendant deux ans. Je suis revenu en France en juin de cette année. J'avais tout arrêté sauf "Fort Boyard" parce que ça prend 15 jours de tournage et "Comme des bêtes", pour lequel j'ai fait l'aller-retour. J'étais un peu au bord du burn-out parce que je faisais beaucoup de choses et au bout d'un moment je n'avais plus rien à raconter, plus rien à dire. Il a fallu que je parte un peu prendre l'air et le hasard m'a amené là-bas. Je devais rester quelques jours et je suis resté deux ans. Comme il y a beaucoup de Français à Dubaï, j'en ai profité pour donner des masterclass et jouer des sketches. C'est comme ça qu'est né mon nouveau one-man-show. Tranquillement, j'ai écrit. J'avais un autre regard sur ce qui se passait en France et sur le fait qu'on passe beaucoup de temps à se plaindre. Certains ont des raisons de le faire évidemment mais globalement, on est toujours en train de se flageller. Et quand t'es à l'extérieur, ça te saute encore plus aux yeux.

Willy Rovelli/Facebook

Ce n'est pas une émission de télé, c'est vraiment un truc à la Tim Burton

Willy Rovelli sur "Boyard Land"

"Fort Boyard" a fêté ses 30 ans cet été. Vous vous y sentez toujours comme un poisson dans l'eau ?

J'y suis chez moi depuis sept ans mine de rien. Je ne devais faire qu'un an au départ. J'ai de la chance d'être dans un programme culte et d'être un personnage culte. On peut le dire, en toute modestie, que je suis devenu culte ? Allez, oui ! Je suis ravi d'être dans une émission regardée par toute la famille. Tous les jours on m'en parle dans la rue, même à l'étranger. Des gens qui ne parlent pas français voient "Fort Boyard" soit sur TV5 Monde ou sur Internet et la séquence en cuisine les fait marrer.  Ils ne parlent pas notre langue mais ils comprennent que je fais un peu souffrir les gens avec la bouffe et c'est génial ! Je ne pensais pas être un jour un concurrent de Brad Pitt dans le monde. Je suis un beau mec connu dans le monde, y en a pas 50.000. Il y a Brad Pitt et moi.

Vous êtes aussi à l'aise en cuisine sur le Fort que dans la vôtre ?

C'est très paradoxal parce que j'adore cuisiner. Mais le problème c'est que quand j'invite des gens, ils ne veulent jamais venir. Au final, ça m'arrange. J'aime bien faire à manger, j'invite des gens qui ne viennent pas, du coup je ne fais pas à manger et c'est très bien. Pas la peine de se casser la tête ! J'aime bien faire des choses simples, pas passer deux heures dans la cuisine.

Vous passez de cuisinier sadique à directeur de "Boyard Land" dès le 21 décembre à 21h05 sur France 2. Que pouvez-nous dire de ce nouveau rôle et de ce programme dérivé de "Fort Boyard" ?

"Boyard Land" est le petit frère de "Fort Boyard" donc il y aura forcément des traits de ressemblance avec le Fort. Mais ensuite, c'est chacun sa vie ! Le trait d'union entre les deux programmes, c'est Olivier Minne, moi, le nom mais c'est tout. Après, ça n'a rien à voir. J'ai un rôle complètement différent. Je ne vais rien faire manger aux gens et je suis hyper gentil. Certains vont peut-être le regretter mais je ne l'aurais pas fait si ça avait été la même chose. Je veux montrer aux gens que je ne suis pas tout noir ou tout blanc, et que je ne suis qu'une boule d'amour comme Pompon. Là, ça se passe dans un parc d'attractions. On va vraiment retomber en enfance et retrouver des manèges qu'on connaît, sauf qu'ils sont à la sauce "Boyard Land", avec de nouvelles épreuves. Deux équipes - contre une sur le Fort - s'affrontent et vont devoir se dépasser pour une association. Vous allez voir, il y a plein de personnages nouveaux assez étonnants, les costumes et la lumière sont beaux. C'est une vraie fiction, un film que vous allez voir. Ce n'est pas une émission de télé, c'est vraiment un truc à la Tim Burton.

La fête foraine de "Boyard Land", qui accueille les épreuves de l'émission dérivée de "Fort Boyard".
La fête foraine de "Boyard Land", qui accueille les épreuves de l'émission dérivée de "Fort Boyard". - © Philippe LE ROUX - FTV
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