YouTube interdit un clip aux moins de 18 ans, la réalisatrice réplique

Publié le 9 mars 2018 à 20h55, mis à jour le 12 mars 2018 à 10h51
YouTube interdit un clip aux moins de 18 ans, la réalisatrice réplique

ABSURDE - La photographe belge Charlotte Abramow a vu son clip des "Passantes" de Georges Brassens censuré par YouTube. En cause, des "vulves en épluchures de carottes", justifiant selon la plateforme une interdiction aux mineurs. Une restriction qu'a levée le site d'hébergement de vidéo.

On marche sur la tête... A la faveur de la journée internationale des droits des femmes, Charlotte Abramow a proposé une variation visuelle des Passantes, le poème écrit par Antoine Pol mis en chanson par Georges Brassens en 1972. Son clip prend les atours d'une succession de tableaux photographiques, très esthétiques et souvent engagés. Lors de sa diffusion jeudi, il a généré un joli buzz (pas moins de 83.000 vues en 24 heures) et une foultitude de commentaires dithyrambiques ("Charlotte Abramow ne s'est pas simplement contentée d'illustrer bêtement les paroles de manière littérale ; elle a raconté un truc en plus avec, au goût du jour", assure une internaute). 

Seulement, YouTube n'a pas goûté la fantaisie de la photographe belge et sa succession de tableaux donnant à réfléchir sur les droits et les libertés des femmes dans nos sociétés. Et, à l'arrivée, la plateforme a réservé le clip aux plus de 18 ans, privant tout accès aux mineurs. 

Une forme de censure s'attaquant ouvertement à l'art

Bien décidée à ne pas subir cette "censure", l'artiste de 24 ans s'est fendue d'un communiqué via son compte Facebook pour demander dans quelle mesure "montrer des femmes, des corps, et des représentations métaphoriques de vulves serait offensant pour les utilisateurs" : "C’est quand même hallucinant de censurer une ode à la Femme pour la Journée internationale des droits des femmes", écrit-elle dans un communiqué sur sa page Facebook.

Si on en croit donc YouTube, montrer des "vulves en épluchures de carottes" est considéré comme de la "pornographie". 

Il s'agit ni plus ni moins que d'une forme de censure s'attaquant ouvertement à l'art, justement décriée sur les réseaux sociaux.

Ce n'est pas la première fois que YouTube fait montre de puritanisme. Seulement, si la célèbre plateforme a pu demander, par exemple, que la nudité soit par exemple floutée dans certaines bandes-annonces de films afin de ne pas heurter les sensibilités, elle s'attaque ici à une expression artistique, à des métaphores, à de la connotation, à de la pure suggestion. 

Si, de toute évidence, ce clip imaginé comme une ode à la femme et dépourvu d'images choquantes ne mérite en rien une "interdiction aux mineurs", Charlotte Abramow avance que pour le voir "sur YouTube France, il faut prouver qu'on a plus de 18 ans, et donc obligatoirement avoir un compte Google qui le prouve. Ça diminue totalement l'accessibilité du clip et surtout, le rend invisible aux plus jeunes... À qui il est pourtant aussi grandement destiné..." 

LCI.fr a contacté Google France qui s’occupe de YouTube. L'entreprise nous indique que la vidéo "n'est plus soumise à une limite d'âge" et précise que "lorsque [les] équipes de modération prenne une décision, les créateurs ont la possibilité d'apporter des précisions et/ou faire appel. Sur la base de ces précisions, nos équipes peuvent ensuite modifier leur jugement.

Les décisions ne sont pas irrévocables."


La rédaction de TF1info

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