Alimentation, logement, transport... Quel est le budget minimum pour vivre décemment en France ?

par Sébastie MASTRANDREAS
Publié le 30 novembre 2022 à 18h40

Source : JT 13h Semaine

L’institut de recherches économiques et sociales (IRES) a évalué le budget minimum nécessaire pour vivre décemment.
Ces "budgets de référence" ont augmenté plus rapidement que l'inflation depuis 2014.
En conséquence, au vu des salaires réels des ménages, un tiers d'entre eux n'ont pas de budget suffisant.

À partir de quel budget peut-on vivre décemment en France ? Dans un contexte de hausse généralisée des prix et de crise énergétique, l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) s’est penché sur les dépenses des Français ces six derniers mois, pour évaluer le panier de biens nécessaires aux ménages pour mener une vie décente, à savoir vivre sans privations et participer à la vie sociale.

Ces travaux, parus mi-novembre, et signés par l'économiste Pierre Concialdi, distinguent plusieurs paniers regroupant les mêmes dépenses (alimentation, logement, transports, loisirs...), en fonction de la situation familiale (célibataire ou couple, avec ou sans enfants, retraités). Ces résultats actualisent les données des "budgets de référence" calculés huit ans plus tôt par l’Observatoire national de la pauvreté (Onpes), disparu depuis, selon la même méthode. Sans surprise, le "coût de la vie au minimum" a globalement augmenté depuis 2014. Une hausse comprise entre 12 et 13,5%, tous profils confondus, et plus rapide que l'inflation officielle (+10,1%). Explications.

Un tiers des ménages n'a pas de budget suffisant

Comme l'avait fait l'Onpes, l'IRES distingue dans son étude des budgets de référence selon six catégories de population. Ainsi, une personne seule active doit dépenser au minimum 1634 euros pour mener une vie décente, soit 195 euros de plus qu’en 2014. Un couple avec deux enfants a, lui, besoin de 3744 euros, (+402 euros). Pour un couple d’actifs sans enfants, il faut compter 2273 euros (+271 euros). Le budget le plus important est atteint par les familles monoparentales, qui ont besoin de 3003 euros  (+348). Une personne seule retraitée a besoin, elle, de 1836 euros (+202), et un couple de retraités a besoin de 2540 euros  (+286).

"Pour tous les ménages types, les dépenses de logement représentent le premier poste budgétaire", explique l'IRES dans sa note, leur poids variant de "24% à près de 40% des dépenses totales, selon les configurations familiales". Celles-ci ont augmenté dans une fourchette comprise entre 12,2% et 14,2%. Outre la cherté des loyers, ce poste est alourdi par le montant des charges (électricité, chauffage), et la hausse des tarifs d'assurance (+17,7%) et d'entretien des immeubles. Avec la flambée des prix de l'énergie (+41,9%), les transports n'ont pas échappé à cette hausse des prix, de même que les dépenses liées à l'alimentation (+20%).

Le poste de dépense qui a le plus augmenté est celui associé à la "vie sociale" (vacances, sorties culturelles ou au restaurant, cadeaux…), avec une hausse comprise entre 17,8% et 25,5%, selon les catégories. En particulier, les frais d’hébergement pour les vacances ont augmenté de 33,6%, les sorties de 14,1%, et l’achat de produits culturels de 10,1%. D'autres dépenses, ont, elles, évolué moins vite que l'inflation, voire ont stagné, modérant la hausse globale des budgets. Comme celles liées à l'hygiène et aux soins, à l'équipement (mobiliers, appareils électroniques et électroménagers) ou encore l'habillement.

Dans ces conditions, au vu des salaires réels des ménages, "un peu plus d’un tiers d’entre eux (34 à 35 % environ) disposent de ressources salariales insuffisantes pour accéder à un niveau de vie minimum décent", note le rapport. Un décalage particulièrement marqué pour les familles monoparentales, et ce, malgré les politiques de redistributions, qui corrigent en partie les écarts, sans les annuler.  


Sébastie MASTRANDREAS

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