Alstom : quelle est vraiment la responsabilité d'Emmanuel Macron ?

Publié le 12 septembre 2016 à 19h57
Alstom : quelle est vraiment la responsabilité d'Emmanuel Macron ?
Source : LCI

POLÉMIQUE – A peine parti de Bercy, Emmanuel Macron essuie de vives critiques sur sa gestion du dossier Alstom, qui vient d’annoncer l’arrêt de sa production de trains dans son usine de Belfort. LCI fait le point sur la responsabilité de l’ancien ministre de l’Economie.

Alstom, à qui la faute ? Cinq jours après l’annonce par le groupe de l’arrêt de son activité historique de production de trains dans son usine de Belfort, les critiques fusent sur les responsabilités des uns et des autres dans ce dossier.  À commencer par celle de l’ex-ministre de l’Economie, Emmanuel Macron.

En visite lundi au Salon international de la Coiffure, porte de Versailles à Paris, l'ancien hôte de Bercy a défendu son action sur le dossier, alors que même l'Elysée la met en cause. Selon Le Monde, le palais n’a en effet pas manqué de tirer sur le ministre démissionnaire. "L’affaire Alstom est la preuve que Macron avait encore du travail à faire à Bercy. C’est ce que le président lui a dit lors de leur entrevue avant sa démission. Mais il n’a rien voulu entendre", explique ainsi un proche de François Hollande au quotidien du soir, qui cite également Michel Sapin : "il faudrait d’abord demander à Macron ce qu’il avait mis en place. La vérité, c’est qu’il avait levé le pied depuis un an".

Une décision "brutale et inattendue"

Avant cela, c’est Arnaud Montebourg qui avait tiré à boulets rouges sur celui qui lui avait succédé au ministère de l’Economie. "On a laissé faire, on ne s'y est pas intéressé, on a reçu des rapports, on ne les a pas lus (...) Je considère qu'il y a là une très grave faute eu égard aux intérêts industriels et patriotiques de notre pays", n’a pas hésité à lancer dimanche le candidat à la présidentielle. 

Ce dossier pouvait-il toutefois être mieux géré ? Lundi, le principal mis en cause a une nouvelle fois dénoncé la décision "brutale et inattendue" de la direction du groupe industriel.  

"Une décision opportuniste"

"Le PDG d’Alstom ne l’a jamais évoquée dans nos échanges. Je ne peux m’empêcher d’y voir une décision opportuniste, prise à la faveur de mon départ du gouvernement", a également assuré lundi Emmanuel Macron, joint par Le Monde. Selon lui, "les inquiétudes portaient plutôt sur le site Alstom de Reichshoffen", en Alsace.

Video - La réaction d'Emmanuel Macron à l'annonce par Alstom de l'arrêt de la production de trains à Belfort :

Macron sur Alstom : "Je n'ai pas vocation à être le bouc émissaire de toutes les situations difficiles"Source : Sujet JT LCI
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En tout état de cause, a rappelé Emmanuel Macron, l’Etat, bien qu’actionnaire depuis février à hauteur de 20% du capital du groupe industriel, n’a pas les moyen de s’opposer à la décision de la direction. L’avenir de la production de trains à Belfort semble donc dépendre désormais de l’évolution du carnet de commandes d’Alstom. 

Relancer les commandes publiques

Sur ce point, Emmanuel Macron avait déjà eu l’occasion, lors d’une visite en mai dernier sur le site de Belfort, de réaffirmer la nécessité de soutenir l’activité du groupe à travers notamment les commandes publiques, tout en reconnaissant les limites de cet exercice : "En tant qu'actionnaire de la SNCF, l'Etat a le droit de promouvoir un constructeur. J'ai fait passer les messages. J'aurais la plus grande exigence vis-à-vis de la SNCF", avait-il alors lancé aux salariés de l’usine.

Emmanuel Macron avait ainsi soutenu le constructeur ferroviaire dans le cadre de l’appel d’offres lancé par la SNCF sur la conception du "TGV du Futur", un contrat remporté par Alstom avec l’appui direct de l’Etat. Mais celui-ci n’assure au groupe aucune garantie de ventes de TGV pour l’avenir. Or, là réside le problème pour un constructeur qui marque des points à l’exportation, sans que cela crée du travail pour les sites de production en France. Le contrat d’1,8 milliard d’euros signé récemment aux Etats-Unis, par exemple,  s’accompagne ainsi de la production des trains outre-Atlantique.

Dans ces conditions, comme l’a demandé François Hollande ce lundi, l’Etat va devoir soutenir de nouvelles commandes publiques pour sauver Alstom Belfort. Pour cela, il faudra sans doute s’entendre avec les régions, pourvoyeuses de contrats pour le renouvellement des trains régionaux, mais dont les dotations sont comptées. Des arbitrages budgétaires qui n'étaient, pour le coup, pas directement du ressort de l'ancien ministre de l'Economie. 


La rédaction de TF1info

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