Après la défaite des Bleus, quel impact l'Euro aura-t-il sur l'économie française ?

par Nicolas VANEL
Publié le 11 juillet 2016 à 19h00

ECONOMIE – Après la douloureuse défaite des Bleus en finale de l'Euro-2016 au Stade de France, les Français font grise mine. Une déception qui pourrait cependant ne se faire ressentir sur l'économie que très modérément.

Des milliards d'euros de dépenses, des millions de touristes, plusieurs milliers d'emplois créés… Organiser un tournoi comme l'Euro-2016, qui vient de se clôturer en France, n'est pas neutre sur le plan économique. Néanmoins, il reste bien difficile de mesurer l'impact d'un tel événement sur la croissance d'un pays, encore moins quand l'organisateur, comme la France, perd en finale.

Dans un rapport remis en 2010 à Nicolas Sarkozy sur "L'attractivité de la France pour l'organisation de grands événements sportifs",  le député et ex-champion olympique de judo David Douillet réaffirmait, études à l'appui, les gains très limités, voire inexistants, engendrés par l'organisation d'une grande compétition sportive.

"Pas de réels avantages au plan macro-économique" 

"Des études économiques récentes montrent que, hormis celle des Jeux olympiques d’été, l’organisation d’un grand événement sportif ne procure pas de réels avantages au plan macro-économique et que les coûts d’organisation parfois élevés ne sont pas toujours compensés par les recettes liées à l’événement", souligne ainsi le rapport.

Pourtant, dimanche, alors que les Français trépignaient avant le choc de la finale, le ministre des Sports Patrick Kanner n'a pas hésité à qualifier le mois de compétition de "succès économique", vantant les "4 millions de visiteurs dans les fans zones", les "1,5 million de places vendues à des étrangers, 3, 4 voire 5 millions d'étrangers qui ont accompagné le mouvement", ainsi que "10.000 à 15.000 emplois (…) créés grâce à près de 100.000 missions au travers de l'Euro dans divers domaines."

Un effet d'éviction

Mais ces emplois ne sont, dans la grande majorité, que temporaires, et l'arrivée massive de visiteurs pour assister à la compétition n'est pas tout à fait une somme positive en termes de retombées touristiques en raison de ce que l'on appelle "l'effet d'éviction" : les supporters chassent les touristes habituels, qui préfèrent reporter leur voyage dans le pays organisateur ou changer de destination. Bien souvent en outre, ces derniers disposent d'un pouvoir d'achat plus élevé que les supporters, dont une partie du budget est consacrée au suivi de la compétition.

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Parmi les quelques études économiques produites sur le sujet ces dernières années, toutes ne sont cependant pas si pessimistes. Peu avant le Mondial 2006 organisé en Allemagne, l'étude intitulée "Soccernomics", signée de la banque ABN Amro, avançait, sur la base d'une moyenne calculée entre 1970 et 2002, un bond de croissance de 0,7% sur un an pour le vainqueur du précieux trophée.

Le moral des Français fragile

A l'inverse, n'en déplaise aux Français, le finaliste vaincu devait se préparer à une baisse de 0,3% de son PIB selon la même étude. Un effet direct difficile à vérifier. Cependant, ces tendances semblent bien avoir accompagné la confrontation entre la France et l'Italie en finale de la Coupe du monde 2006 à Berlin. Après avoir enregistré un léger 0,3% de croissance au 3e trimestre, l'Italie victorieuse avait affiché un rebond remarquable de 1,1% en fin d'année 2006. Dans le même temps, la France avait dégringolé de 0,8 point au 3e trimestre, avant de récupérer un timide 0,3% de croissance lors du suivant

Dans ces conditions, faut-il s'attendre à un ralentissement de l'activité française post-Euro ? Portée par la reprise, la France a engrangé 0,6% de croissance au 1er trimestre et poursuit l'objectif minimum de 1,5% en 2016. Rien d'impossible, même si la défaite à l'Euro devait freiner cette progression dans les semaines à venir. Toutefois, il ne faudrait pas que la défaite des Bleus pèse trop lourdement sur le moral des Français, qui reste fragile alors que la consommation de ces derniers a enregistré un net repli en mai (-0,7%). Combiné à l'incertitude des effets du Brexit sur l'économie de l'UE, le résultat de ce 10 juillet n'est pas de nature à embellir le contexte économique de ce milieu d'année.Mais sans doute pas au point de plomber la croissance de la fin de l'année.

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