PRÉDICTIONS - Dans un document tenu secret jusque-là, le cabinet de Boris Johnson a compilé ses prédictions les plus "raisonnables" des premières conséquences d'un "no-deal". Et elles font froid dans le dos.
Le document fait 34 pages, une présentation Powerpoint classée "Official Sensitive" écrite en petits caractères, comme une petite boutique des horreurs qui attendraient le Royaume-Uni si un accord commercial avec l'UE n'était pas prêt à être appliqué dans les semaines à venir. Un scénario du pire, mais pas "catastrophe" pour autant, comme le précise son titre au flegme so british : ces projections sont celles d'un "Reasonable Worst Case Scenario", pas une prédiction, plutôt une estimation "raisonnable" des conséquences à attendre en cas d'échec des négociations.
Le document semble être la version publique et très largement expurgée d'un communiqué publié fin septembre (document PDF), qui en une page expliquait sans trop de détails que le retour à des barrières douanières pourrait causer délais et disruptions pour le commerce trans-Manche, avec des conséquences nombreuses, sur toutes sortes d'activités. La version confidentielle du scénario rentre elle dans le vif d'un sujet dont les ramifications touchent entreprises, consommateurs, administration, libertés publiques, à un moment où le pays, comme ses voisins, traverse la pandémie de Covid-19. Un timing less than ideal, reconnaissent même les promoteurs du Brexit.
Un embouteillage de 7000 camions
Difficile de dérouler l'inventaire complet des éventualités compilées dans le scénario de Downing Street, mais elles sont sévères. L'essentiel imaginent l'effet domino d'échanges trans-Manche qui se feraient soudain au ralenti. Une conséquence logique : sans accord, les entreprises - tant du côté de l'UE qu'au Royaume-Uni - n'ont pas eu d'instructions claires pour se préparer à la fin d'un commerce fluide, sans droits ni taxes. Pas sûr non plus que les infrastructures, des deux côtés du Channel, puissent gérer la noria de camions qui passaient jusque-là sans s'arrêter. Eux devraient compter jusqu'à deux jours de délais pour passer les contrôles douaniers, de quoi créer "un embouteillage maximum de 7000 camions en direction des ports dans le Kent", relève le document. Et ce n'est que le premier domino.

Sur l'alimentation, le document rappelle que 30% des produits alimentaires consommés en Grande-Bretagne sont importés de l'UE. De quoi tendre les stocks, et faire craindre des rayons vides, d'abord comme conséquence d'achats de précaution face à la perspective d'une pénurie, mais aussi par la difficulté que les détaillants auraient à maintenir leurs stocks. Surtout, le scénario rappelle plusieurs fois que tout cela devrait pousser les prix à la hausse, tant du fait des droits de douane, que par l'inflation des coûts du transport, mais aussi par des échanges basés sur une livre Sterling dont le cours pourrait souffrir du "no-deal". Des conséquences économique dont les auteurs du rapport avertissent qu'elles toucheront "de manière disproportionnée les plus bas revenus".
Au-delà de l'alimentation, il y a également tous les produits chimiques, pièces détachées, matériaux divers, dont les services de santé, l'industrie chimique et les usines ont besoin, jusque-là en flux tendu. De quoi faire arrêter les lignes de production, et compromettre le fonctionnement des laboratoires pharmaceutiques, entre autres. De quoi même déjouer l'ébauche d'un scénario. "La nature complexe et intégrée de l'industrie chimique et de ses chaînes d'approvisionnement font que l'impact total d'une telle disruption ne peut être prédite", regrettent les auteurs du rapport. Seule consolation, les secteurs de l'énergie, les réseaux d'eau et d'électricité aussi, devraient être peu affectés en cas de crise, en tout cas dans ce scénario "raisonnable".
Autre casse-tête, la circulation des personnes. Sans accord, un régime de visas serait à mettre en place dans l'urgence, tant à l'entrée du Royaume-Uni qu'aux frontières de l'Europe. De quoi limiter largement les déplacements d'affaires, déjà mis à mal par le Covid-19, mais aussi les mouvements des travailleurs expatriés, dans les deux sens. Idem pour le tourisme. Pire encore, la désorganisation à prévoir pourrait poser problème pour la sécurité du pays, du fait de la fin de la coopération européenne sur la prévention du terrorisme et de la criminalité.
Mais ce qui semble transparaître malgré le flegme des auteurs du rapport, ce sont les conséquences systémiques de ces désordres, de pénuries, de crise économique, et de craintes pour l'avenir qui pourraient pousser les Britanniques dans la rue.
"Nous sommes prêts à négocier tant qu'il reste du temps disponible, si nous pensons qu'un accord reste possible", a déclaré à la presse le porte-parole du Premier ministre Boris Johnson, écartant pour autant la possibilité d'une reprise des discussions après le 31 décembre. Boris Johnson qui devait par ailleurs s'entretenir en fin de journée avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, pour faire le point sur des négociations pour le moins compromises.
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