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CAC40 : les dividendes versés aux actionnaires ont-ils bondi de 70% en 10 ans ?

Publié le 8 février 2022 à 13h34
Outre les dividendes, les rachats d'actions ont largement progressé.
Outre les dividendes, les rachats d'actions ont largement progressé. - Source : ERIC PIERMONT / AFP

L'eurodéputée LFI Manon Aubry dénonce les sommes versées par les entreprises du CAC40 à leurs actionnaires.
En l'espace de dix ans, l'élue assure que les dividendes ont augmenté de 70%.
Si les seuls dividendes sont en réalité en hausse de 40% en une décennie, le total des sommes reversées aux actionnaires a, lui, progressé de 88%.

Fidèle soutien de Jean-Luc Mélenchon, le chef de file des eurodéputés LFI Manon Aubry juge largement excessives les sommes reversées par les grands groupes du CAC40 à leurs actionnaires. Et n'hésite pas à dégainer un chiffre marquant pour appuyer son propos. 

"En dix ans, les dividendes des actionnaires du CAC40 ont augmenté de 70%", a lancé l'élue, ce qui contraste à ses yeux avec une rémunération du travail progressant bien moins vite. Si la stricte évolution des dividendes est inférieure à celle dénoncée par la représentante des Insoumis, il est exact que les sommes globales reversées aux actionnaires, incluant des rachats d'actions, ont bondi. De près de 90% depuis 2012.

De grands groupes généreux envers leurs actionnaires

Malgré une crise sanitaire encore bien présente, les entreprises du CAC40 ont reversé en 2021 des sommes records à leurs actionnaires, pas moins de 69,4 milliards d'euros. Si l'on remonte dix ans en arrière, comme le fait Manon Aubry, on constate que 36,9 milliards d'euros avaient été octroyés. Un bref calcul nous permet donc de constater que la hausse a dépassé les 70%, s'établissant à 88%. Le graphique qui suit montre l'évolution de ces sommes au fil des ans depuis 2012 (cliquez ici s'il ne s'affiche pas correctement).

Les chiffres ci-dessus permettent de nuancer les propos de Manon Aubry. En effet, si le total des sommes reversées aux actionnaires a bondi dans des proportions encore supérieures à celles qu'elle pointe du doigt, le montant des seuls dividendes est lui en hausse de "seulement" 41,2%. Il est ainsi passé de 32,3 milliards d'euros à 45,6 milliards.

Cela s'explique par le fait que les dividendes ne constituent pas la seule rémunération des actionnaires. Les groupes du CAC40 procèdent en effet à des rachats d'actions, dans des proportions bien plus massives qu'il y a une décennie. Les sommes concernées ont été multipliées par 5 entre 2012 et 2021. Les sommes en jeu font interpellent, alors même que la crise sanitaire a fragilisé de nombreuses entreprises et accentué les inégalités. L'un des portes-parole d'Attac déplorait ainsi il y a peu "la politique du quoiqu'il en coûte mise en place par le gouvernement, et notamment les milliards d'euros d'aides distribuées aux entreprises sans contrepartie". L'argent public injecté se traduit surtout selon Raphaël Pradeau par des gains records pour les actionnaires, au détriment d'engagements en faveur de la transition écologique et d'investissements de long terme.

Pour appuyer son propos, Attac s'appuie sur d'autres chiffres, datant de 2020. Et montre que cette année-là, "les entreprises françaises ont dépensé 1,5 fois plus en versement de dividendes qu'en investissements". Un graphique du magazine Alternatives économiques réalisé à partir de données fournies par l'Insee, est partagé pour illustrer ce déséquilibre.

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Thomas DESZPOT

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