Interview

PODCAST - Camille Vever : "Je veux faire de la maison de joaillerie Vever un exemple écologique et responsable"

par G.L.
Publié le 14 avril 2023 à 8h39, mis à jour le 2 août 2023 à 16h50
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Source : Sujet TF1 Info

L’illustre maison de joaillerie Vever, disparue pendant une quarantaine d’années, reprend vie grâce à Camille Vever.
L’experte en stratégie d’entreprise, fille de la 7e génération familiale, s’est entourée de plusieurs femmes pour réussir sa mission.
Dans le podcast "Expertes à la une", elle évoque son parcours et les ambitions environnementales de la maison Vever.

Un peigne en ivoire arborant une femme papillon, des boucles d’oreilles en or recyclé, etc. La maison Vever propose une panoplie de bijoux d’or et de diamants recyclés. Créée par Pierre-Paul Vever en 1821, l’entreprise vendait ses pierreries aux stars du monde entier. La maison a progressivement perdu du souffle avant de se cesser ses activités au début des années 1980. Début juillet 2021, Camille Vever, fille de la 7e génération, reprend le flambeau. "Cette idée me trottait dans la tête depuis que ma grand-mère m’a offert un bijou Vever le jour de mes 16 ans. Lorsque j'ai ouvert l'écrin en lisant mon propre nom, je me suis dit que c’était dommage de voir cette joaillerie uniquement exposée dans les musées ou les livres."

Diplômée d’une école de commerce, la jeune femme passe d’une entreprise à l’autre sans s’éterniser : "J'ai toujours eu la bougeotte dans mes jobs. J’ai fait du conseil en stratégie ou en fusions-acquisitions. Mais je faisais rapidement le tour et j'avais envie de découvrir de nouveaux enjeux." Elle prend alors les rênes de Keyrus Biopharma, une société aux prises avec des difficultés opérationnelles. Elle parvient à réorganiser la structure et la redresse. "Là, je me dis que si je suis parvenue à relancer cette entreprise, je peux faire l’impossible : ranimer la joaillerie Vever", raconte-t-elle au micro de Christelle Chiroux dans un nouvel épisode du podcast "Expertes à la Une" à écouter ci-dessous.

Des bijoux écologiques

Or, la Parisienne se retrouve piégée par le droit patronymique. La propriété intellectuelle du nom de l’entreprise n’appartient plus à la famille, mais à un fonds d’investissement. Pour le racheter, il faut alors dépenser beaucoup d’argent. "J’ai rencontré le fonds d’investissement. Je lui ai demandé de m’expliquer ce qu’il voulait lancer et je lui ai dit de ne pas nous prendre notre histoire. On a rapidement trouvé un accord. Je crois qu’il a été touché par ma pugnacité et par ma résilience", se réjouit Camille Vever. La cheffe d’entreprise lève des fonds et propose une joaillerie respectueuse de l’homme et de la nature. Elle choisit de créer des bijoux faits d’or recyclé à la traçabilité garantie par le label RJC-COC.

Les maisons de luxe savent que les jeunes générations deviennent de plus en plus exigeantes sur la provenance des matériaux et l’écoresponsabilité
Camille Vever

Elle récupère ce métal précieux auprès d’un fondeur parisien qui l’extrait de bijoux, d’implants dentaires ou de matériaux électroniques. Elle se sert également de diamants de laboratoire. Pour elle, la valeur du bijou ne dépend plus du caractère des pierres qui le composent, mais plutôt de l'audace artistique et du dessin. "Je voulais une maison qui corresponde à mes valeurs et à mes convictions. Je n’imaginais pas d’extraire des diamants des mines pour fabriquer des bijoux, par exemple. Je compte sur des producteurs à l’empreinte carbone réduite. Je veux faire de la maison de joaillerie Vever un exemple écologique et responsable", décrit Camille Vever. Elle insiste aussi sur la provenance de ces pièces précieuses, toutes fabriquées en France. Résultat, elle propose des bijoux à partir de 900 €. "C’est un énorme chalenge", reconnaît l’entrepreneuse. "Nous nous positionnons sur un marché oligopolistique avec de très gros morceaux qu’on connaît bien : LVMH, Kering ou Richemont qui trustent tout." Elle espère contribuer à faire changer les choses. "Les maisons de luxe savent que les jeunes générations deviennent de plus en plus exigeantes sur la provenance des matériaux et l’écoresponsabilité", affirme-t-elle.

Des femmes pour soutien

Son projet à peine lancé, sans aucun chiffre d'affaires à mettre en avant, elle obtient le soutien de "femmes fortes et inspirantes" : l'industrielle Pauline Duval, la financière Rajaa Mekouar, l'investisseuse Maha Daoudi ou encore l'entrepreneure Valentine de Lasteyrie répondent à l’appel. La jeune femme apprécie cette touche féminine et s'engage en faveur des femmes via le programme d'insertion "L dans la ville". Il permet d’accompagner les jeunes filles vers l’épanouissement personnel et professionnel. "Maman solo", Camille Vever veut que ses bijoux transforment celles qui les portent en femmes fortes.

Déterminée, Camille Vever essaie toujours de trouver des solutions : "Très souvent, tout ce qu'on avait prévu ne se passe pas comme on l'aurait imaginé dès le départ", reconnaît la Parisienne. Aujourd’hui, elle se dit surtout fière pour son père et pour toute sa famille. 


G.L.

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