Depuis plusieurs semaines, le cours du pétrole suit une tendance à la baisse, et n'a jamais été aussi bas depuis le début de la guerre en Ukraine.Pourtant, cette diminution ne se répercute pas franchement sur le prix à la pompe.Comment l'expliquer ?
Ce devrait être une bonne nouvelle pour le porte-monnaie des ménages. Pourtant, ils ne peuvent pas franchement en profiter. Ces dernières semaines, le cours du pétrole s'affiche à des niveaux bien moins élevés que ceux qui avaient provoqué un bond des prix à la pompe. En avril, le baril de Brent était vendu en moyenne 84,64 dollars, et même entre 70 et 75 dollars depuis début mai. Des chiffres qui n'avaient jamais été aussi bas depuis le début de la guerre en Ukraine, après un pic à 122,69 dollars le baril en juin 2022. Ce que l'on ne retrouve pas à la pompe.
D'après les données du ministère de la Transition écologique, il faut encore débourser en moyenne 1,72 euro pour un litre de gazole dans une station-service française, et 1,88 euro pour un litre de SP95. Soit des niveaux toujours élevés. À titre de comparaison, en octobre 2021, le baril de Brent était vendu en moyenne 83,54 dollars, un niveau proche de celui observé en avril. Les prix à la pompe oscillaient alors autour de 1,55-1,65 euro le litre, toujours selon le ministère.
Pas cette fois. Une situation qui commence à tendre le gouvernement, préoccupé par la sauvegarde du pouvoir d'achat des Français. "Le prix à la pompe doit refléter au plus proche celui sur les marchés internationaux du pétrole, qui sont aujourd'hui à la baisse", a ainsi martelé ce mardi matin la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, sur CNews.
L'impact des blocages
Deux raisons peuvent expliquer ce paradoxe. D'abord, les récents blocages liés aux grèves contre la réforme des retraites. Certaines raffineries ont été mises à l'arrêt, et des dépôts de carburant ont été immobilisés. Pour répondre à la demande, la France a ainsi importé du carburant depuis l'étranger, à des coûts plus élevés.
"Il est tout à fait réel que les blocages des raffineries et des mouvements sociaux de ces dernières semaines ont un impact sur les prix du carburant, puisque cela a suscité des coûts supplémentaires d'approvisionnement", a admis Agnès Pannier-Runacher. D'où des baisses de prix à la pompe moins importantes que celles visibles en dehors de nos frontières.
Quid des marges des distributeurs ?
Mais le gouvernement vise surtout un acteur : les distributeurs. Et compte bien s'assurer qu'ils n'ont pas augmenté leurs marges durant la période, en profitant de l'habitude des Français face aux prix élevés dans les stations-service. Les principaux concernés promettent que non. Pour les indépendants, qui gèrent la moitié des 10.000 stations du pays, "la marge est de un à deux centimes nets" par litre, explique sur TF1 Francis Pousse, président de la branche carburants du syndicat Mobilians (voir vidéo en tête de cet article). Et elle n'a pas augmenté.
Idem pour les grands distributeurs. "Nos marges sont globalement tout le temps d'un centime par litre", nous explique TotalEnergies. Même son de cloche pour Dominique Schelcher, président de Système U, pour qui les "marges sont faibles".
Agnès Pannier-Runacher leur met toutefois la pression. "Il serait inacceptable que les entreprises augmentent leurs marges sur le dos des Français", avait dénoncé le ministre la semaine dernière sur Twitter. Reste à savoir si le message du gouvernement, dont une hypothétique baisse des taxes demeure le seul véritable levier d'action pour jouer sur les prix, sera entendu.
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