ÉCONOMIE - Fortement affectées par la crise du Covid-19, les entreprises de l'aéronautique ont été obligées de se renouveler pour survivre. Malgré leurs difficultés, ces sociétés ne manquent pas d'imagination.
La filière aéronautique a pris un coup dans l'aile. Le Covid-19 a cloué au sol la plus grande partie des 43 000 avions de ligne mondiaux. Et les conséquences économiques et sociales sont importantes. Selon Les Échos, les compagnies aériennes ne gagneront que 400 milliards de dollars cette année - soit moitié moins que l'année précédente. En s'appuyant sur les derniers chiffres officiels, le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales affirme que 30.000 emplois ont été supprimés.
Si les constructeurs connaissent une période difficile, il en va de même pour leurs sous-traitants. À Toulouse, l'entreprise Vidal Aéronautique s'est séparée d'un quart de ses salariés. Actuellement, l'usine familiale dirigée par Christelle Dos Santos est à l'arrêt. Des centaines de pièces détachées s'accumulent dans la réserve de cette entreprise. "Tout ça, ce sont des commandes qu'on aurait dû livrer en 2020", déplore-t-elle. Pour maintenir la société à flot, la directrice a dû faire preuve d'imagination.
Contre toute attente, l'entreprise de Christelle Dos Santos s'est donc tournée vers la viticulture. Un virage qui n'a pas été facile à prendre au début puisque la programmation des machines a dû être adaptée à cette nouvelle activité. "On est en train d'usiner l'ensemble des pièces qui vont servir à l'embouteillage ou pour la capsule", explique la directrice. Comme elle le souligne, le coronavirus lui aura donné ce qu'elle appelle une leçon. "Il ne faut jamais perdre de vue qu'il est important de travailler dans plusieurs secteurs", estime-t-elle. Malgré ses efforts, la dirigeante estime la chute du chiffre d'affaires pour 2020 de 30 à 40% et la baisse pourrait aller jusqu'à 50% en 2021 selon France Bleu.
On cale des pilotes, on peut bien caler des bébés
Agnès Timbre-Saunière, directrice de Celso
Certaines entreprises ont su anticiper la crise sanitaire en se diversifiant il y a quelques années. À l'instar du sous-traitant Celso, fabricant de mousse cellulaire pour aéronautique au sud de Montauban. Dans cette entreprise, la directrice Agnès Timbre-Saunière et son équipe ont choisi de multiplier leurs clients. Destinées aux sièges d'avions, leurs mousses ont servi
ensuite dans le secteur médical ou le mobilier de bureau. Et depuis la crise sanitaire, l'usine s'est lancée dans la fabrication de couffins. "On cale des pilotes, on peut bien caler des bébés", sourit Agnès Timbre-Saunière.
Lorsqu'on la félicite, la cheffe d'entreprise répond qu'elle n'avait pas le choix. Elle devait se réinventer pour survivre. "On a eu cette idée car il fallait s'en sortir. Avec la pression, on arrive à faire de grande chose", reprend-elle. Grâce à cette parade, le sous-traitant Celso a réussi à limiter la baisse du chiffre d'affaires et à préserver ses 48 salariés. Contrairement à d'autres constructeurs ou sous-traitants, l'entreprise n'a pas connu de plan sociaux.
Face à l'ampleur de la crise sanitaire, le gouvernement s'est mis au chevet de la filière aéronautique. En jeu ? La survie d’un poids lourd de l’économie. En juin dernier, le gouvernement avait annoncé un plan de sauvetage de quinze milliards d'euros destiné à cette filière à bout de souffle. Plus récemment, l'État a décidé d'étendre son prêt garanti (PGE) aux sous-traitants du secteur aéronautique.
Au total, l'épidémie mondiale aurait réduit l'activité de 25 à 30% dans ce domaine, selon Eric Trappier le président du groupement des industries aéronautiques et spatiales (Gifas). En ce début d'année 2021, le secteur aéronautique espère une reprise importante. Alors qu'il présentait ses vœux à la presse, Eric Trappier a affirmé que l'objectif de 2021 sera "de se préparer à reprendre le chemin des augmentations de cadences de production".
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