CRISE - Les professionnels de la restauration se sentent injustement sacrifiés. Une vingtaine de grands chefs, réunis par Jean-François Piège, bataillent pour faire entendre leur voix.
Ils ne cessent d'alerter sur les menaces de mort qui pèsent sur leur profession. Depuis le premier confinement, les restaurateurs multiplient les appels au gouvernement. Ils lui demandent de leur venir en aide face aux conséquences économiques désastreuses du Covid-19 sur l'ensemble du secteur. Après une reprise de l'activité à l'été, qui a insufflé l'espoir de jours meilleurs, les établissements ont dû baisser à nouveau le rideau fin octobre. Alors qu'ils espéraient pouvoir reprendre au plus vite, en raison d'une deuxième vague qui s'éternise, ils resteront fermés au moins jusqu'au 20 janvier prochain.
Confrontés à une fermeture de longue durée, et désarçonnés par les à-coups de la politique sanitaire, les professionnels ont vu mardi 8 décembre le Conseil d'État rejeter leur demande de réouverture, portée par l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). Le principal syndicat des métiers de l'hôtellerie-restauration avait engagé un recours référé-suspension contre l'article 40 du décret du 29 octobre imposant la fermeture des bars et restaurants. Aucun des arguments soulevés par l'Umih n'est "de nature à faire naître un doute sérieux quant à la légalité de la décision attaquée", a estimé le Conseil d'État dans son ordonnance. "C'est une injustice de plus vécue par notre secteur", a réagi Roland Héguy, président de l'Umih.
Le "quoi qu'il en coûte" nous coûte surtout à nous
Jean-François Piège, chef du Grand Restaurant à Paris
Un secteur qui tient sur un fil. Ce dimanche 13 décembre, une vingtaine d'acteurs de la gastronomie, réunis par Jean-François Piège, propriétaire de cinq établissements et acculé financièrement, poussent un cri de détresse dans les colonnes du Journal du Dimanche. "C'est un cauchemar, ça fait huit mois que nous détruisons notre trésorerie. L'addition est trop lourde, les charges à régler chaque mois trop importantes pour passer cette crise. Le 'quoi qu'il en coûte' nous coûte surtout à nous", alerte le patron du Grand Restaurant à Paris, en référence l'appel à la mobilisation générale, lancé le 12 mars dernier, par le président Emmanuel Macron lors de l'une de ses allocutions télévisées. "Nous attendons des mesures précises : nous devrions être indemnisés à la hauteur de nos pertes et pas en partie", défend le chef, qui dénonce aussi la responsabilité des assureurs.
Le 26 novembre dernier, le Premier ministre Jean Castex avait annoncé, lorsqu'elle est plus favorable que les 10.000 euros par mois déjà prévus, une aide sur la base "de 15% à 20%" du chiffre d'affaires réalisé pendant la même période de 2019, pour les entreprises des secteurs affectés par la crise et dont le chiffre d'affaires a chuté "au moins de moitié". Or, de l'avis de Bertrand Grébaut, chef de Septime et Clamaton à Paris, "ces aides ne sont pas suffisantes" pour sauver les établissements.
Début octobre, suite à la fermeture des bars et aux restrictions imposées aux restaurants, l'Umih avait partagé ses craintes auprès de LCI. À l'échelle nationale, pour les restaurants, débits de boissons, hôtels et établissements de nuit, le syndicat chiffrait à 15% (soit 34.000 entreprises) le risque de dépôts de bilan avant fin 2020, et à près de 220.000 le nombre d'emplois détruits. En Île-de-France, la proportion doublait. "Nous disons : laissez-nous travailler ou payer ce que vous nous devez !", réaffirme dans le JDD Hubert Jan, président de l'Umih restauration. Un rassemblement national est prévu ce lundi 14 décembre à Paris.
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