Internautes, politiques et observateurs s'inquiètent de la hausse des prix à la pompe.Certains affirment que les stations-service profitent de la pénurie d'essence pour augmenter leur marge.Nous avons vérifié ces accusations.
La situation ne cesse de se tendre ces dernières semaines. En pleine crise des carburants, due notamment à la grève dans certaines des plus grandes raffineries de pétrole du pays, les stations-service ravitaillées en carburant sont prises d'assaut. De là à en profiter pour faire des bénéfices sur le dos de la pénurie ? C'est ce qu'affirme en tout cas l'ancien président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip). Interrogé sur RTL ce lundi 10 octobre, Jean-Louis Schilansky a regretté que certaines stations-service utilisent la pénurie pour faire flamber leurs prix, les décrivant même comme des "bandits".
Des prix qui augmentent à travers le pays
Cette critique se fait l'écho d'une rumeur qui enfle depuis plusieurs jours. Dans un témoignage publié en ligne ce jeudi 6 octobre, un internaute alertait sur cette station-service de la Marne, où le litre de diesel "était ce matin à 1,72 euro, ce midi à 1,77 euro et ce soir à 1,80 euro". En réaction, l'ancienne ministre de la Transition écologique Ségolène Royal avait mis en cause le géant TotalEnergies, assurant qu'il "organise une pénurie artificielle pour faire monter les prix". "A-t-on organisé une pénurie pour augmenter le prix de l'essence ?", se demandait également une internaute ce dimanche.
#penuriecarburant Comment peut-on laisser s’installer une telle pagaille ? Qu’attend le gouvernement pour réquisitionner la livraison aux stations essence ?Total organise une pénurie artificielle pour faire monter les prix. Où est l’autorité de l’Etat ? https://t.co/gjzYCcvaQk — Ségolène Royal (@RoyalSegolene) October 6, 2022
Une inquiétude confirmée par les chiffres. Comme l'illustre le graphique ci-dessous (cliquez ici si vous ne le visualisez pas) les tarifs à la pompe ont grimpé. D'après la base de données sur les prix des carburants du Ministère de la Transition écologique, le litre de gazole et de SP95-E10 ont ainsi augmenté respectivement de 6,4% et de 4,8% dans la semaine du 1er au 7 octobre.
Mais rien n'indique qu'il s'agit d'un phénomène lié à la grève des raffineries en France. Les experts interrogés par TF1info justifient plutôt cette hausse par une annonce de l'Opep intervenue la semaine dernière. Mercredi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a déclaré qu'elle produira "2% de pétrole en moins", comme nous l'a rappelé l'Ufip Énergies et Mobilités.
Résultat, dès vendredi, le cours du baril de pétrole a affiché un tarif au plus haut depuis quasiment un mois. En une semaine, son prix a augmenté de 11%, atteignant un pic vendredi (98,3 dollars le baril). Pour le syndicat professionnel des entreprises fournisseurs d'énergies, les choses sont donc claires. "Il n'y a pas d'effet opportuniste des stations-service", contrairement à ce qu'indiquait son ancien président.
Un constat similaire à celui de Jacques Percebois, qui reste toutefois plus nuancé. Auprès de TF1info, le professeur émérite d'économie à l'université de Montpellier associe lui aussi ce phénomène à "des anticipations à la hausse suite à la décision de l'OPEP". Mais le spécialiste de la question souligne également le rôle de l'inflation dans le comportement des acteurs économiques. "Tous les acteurs anticipent des hausses et en profitent pour augmenter leurs prix", nous glisse-t-il en guise de conclusion.
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