Crise économique : les sept risques qui pourraient conduire au "scénario du pire", selon le FMI

LC. avec l'AFP
Publié le 26 juillet 2022 à 19h52

Source : JT 20h Semaine

Dans ses prévisions publiées ce mardi 26 juillet, le Fonds monétaire international (FMI) a identifié sept facteurs de risques "particulièrement préoccupants" pour l'économie mondiale.
S'ils se concrétisent, ils pourraient aboutir au "scénario du pire".

L'économie mondiale est prise dans une tempête de chocs et d'incertitudes, alors qu'elle tente encore de se relever de la crise sanitaire. Ce mardi 26 juillet, dans ses nouvelles prévisions, le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance et alerte sur les risques en vue. Il en dresse notamment sept "particulièrement préoccupants", dont la concrétisation pourrait aboutir au "scénario du pire" : l'une des crises économiques les plus graves depuis cinq décennies.

La crise de l'énergie

Premier des risques, selon le FMI, la guerre en Ukraine et les répercussions des sanctions occidentales. Il existe "beaucoup d'incertitude" autour des niveaux de livraison de gaz russe à l'Europe pour 2022 et 2023, appuie notamment l'agence internationale, indiquant qu'une baisse de 40 % a déjà été observée depuis avril par rapport à l'an dernier. Les Vingt-Sept espèrent d'ailleurs réduire encore un peu leurs livraisons de gaz russes dans les mois qui viennent.

En cas d'une cessation complète des exportations russes, les pays européens se retrouveront contraints à mettre en place un rationnement de l'énergie, touchant les secteurs industriels majeurs, alerte le FMI. Un tel scénario réduirait "nettement" la croissance dans la zone euro en 2022 et 2023, avec un écho "transfrontalier", appuie encore l'organisation internationale.

La persistance de l'inflation

Dans la foulée, l'inflation inquiète. S'il est "globalement attendu" que ce son taux retourne aux niveaux pré-pandémiques d'ici à la fin 2024, des perturbations supplémentaires sur l'offre pourraient entraîner un enracinement de cette hausse des prix, tant redoutée par les consommateurs, poursuit le FMI. Des chocs suffisamment importants risqueraient d'ailleurs de faire émerger une situation de "stagflation", où la récession serait accompagnée d'une forte inflation.

De mauvaises politiques

De l'autre côté, le FMI s'inquiète que les banques centrales, dans leurs tentatives de contrer l'inflation, aient la main trop lourde. En ne choisissant pas la bonne jauge pour les taux directeurs, les banques centrales exposeraient leurs économies à une baisse trop forte de la demande. "Le risque de récession est particulièrement important en 2023", analyse le rapport.

La dette des économies émergentes

Avec la hausse des taux d'intérêt dans les économies avancées, les coûts d'emprunt seront plus élevés à travers le monde, et le risque existe de voir les devises nationales largement dépréciées face au dollar. Parmi les premiers touchés, la monnaie européenne s'est rabaissée au dollar, le 12 juillet, une première depuis 20 ans, faisant automatiquement augmenter le prix des importations pour une partie des Vingt-Sept.

Un tel risque de dépréciation interviendrait, en outre, au moment où la position financière de nombreux États est déjà "tendue", selon le FMI. L'institution estime à 60 % le nombre de pays parmi ceux à bas revenus qui risquent de se trouver, ou sont déjà, en difficulté pour leur dette. Il y a 10 ans, le chiffre avoisinait les 20 %.

La menace du Covid en Chine

La situation en Chine est également scruté de près par l'agence internationale. Et pour cause, le premier semestre 2022 a été marqué par de nombreuses mesures de restrictions anti-Covid qui ont fortement perturbé l'activité dans le pays, et par ricochet, l'activité mondiale. Une nouvelle flambée épidémique, accompagnée de la politique zéro-Covid du gouvernement chinois, pourrait provoquer un enlisement du ralentissement économique du pays, entraînant "d'importantes répercussions à l'échelle mondiale", selon le FMI qui évoque aussi un risque lié à la crise du secteur immobilier chinois.

L'instabilité sociale

Et qui dit inflation, dit mécontentement. Cette augmentation des prix "représente une menace non seulement pour la stabilité économique, mais aussi pour la stabilité sociale", souligne le FMI. Une faible récolte ou encore des obstacles supplémentaires au commerce "risquent de provoquer davantage de souffrances, de famines, ou de troubles civils".

Fragmentation de l'économie mondiale

Avec la guerre en Ukraine et les tensions entre les Occidentaux et Moscou, le FMI avertit d'un "risque grave pour les perspectives de moyen-terme". L'organisation internationale craint une fragmentation de l'économie mondiale en blocs géopolitiques aux différences flagrantes de standards technologiques, de systèmes de paiement internationaux, et de réserves de devises.

"Cette fragmentation pourrait également diminuer l'efficacité de la coopération multilatérale pour répondre au changement climatique, avec un risque supplémentaire que la crise alimentaire actuelle puisse devenir la norme", conclut le FMI.


LC. avec l'AFP

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