Déficit public : la Cour des comptes sonne l'alerte et préconise des réformes

E. Ro avec AFP
Publié le 16 février 2022 à 10h53
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ILLUSTRATION - Source : ludovic MARIN / AFP

La Cour des comptes a publié mardi son rapport annuel consacré au bilan de la gestion de la crise liée au Covid-19.
Malgré la reprise économique, le déficit public devrait rester très élevé en 2021 et en 2022.
La France fait partie du "peloton des pays les plus endettés en Europe" a regretté Pierre Moscovici.

"Des efforts sans précédents" seront nécessaires dans les prochaines années pour réduire la dette et les déficits publics, a prévenu, ce mercredi 16 février, la Cour des comptes dans son rapport annuel consacré au bilan de la gestion de la crise liée au Covid-19. Si le président de l'institution, Pierre Moscovici, a reconnu sur RTL la nécessité du "quoi qu'il en coûte" et des dépenses d'urgences exceptionnelles liées à la crise sanitaire, celui-ci a aussi déploré une "dette publique qui s'est accrue de 16 points". 

"[Le quoi qu'il en coûte] était nécessaire. Nous l'avons validé. La Cour des comptes n'a pas prôné un discours d'austérité qui affaiblit l'État. Ce n'était pas du tout ce qu'il fallait faire dans le moment [...] Mais après, qu'est-ce que vous constatez ? Vous constatez d'abord que notre déficit reste élevé (...). Ce sont pour l'essentiel ce qu'on appelle des déficits structurels, c'est-à-dire ce qui reste indépendamment des dépenses conjoncturelles. Et ça, c'est plus élevé que la moyenne de l'Union européenne", a expliqué l'ancien ministre de l'Économie. 

"Deuxièmement, la dette publique s'est accrue de 16 points. (...) Et ça nous place dans le peloton des pays les plus endettés en Europe, avec l'Italie, avec la Belgique", a encore regretté Pierre Moscovici.

Un déficit élevé en 2021 et 2022

"En dépit d’une reprise économique robuste, le déficit public devrait rester très élevé en 2021 (7% du PIB) et 2022 (5% du PIB)", a précisé la Cour des comptes dans son rapport avant d'ajouter que ramener ce déficit public à 3% en 2027 comme le prévoit le gouvernement suppose "des efforts de maîtrise plus importants que par le passé".

L'institution a pointé les baisses d'impôts "significatives" encore prévues en 2022, comme la taxe d'habitation, les impôts de production, l'impôt sur les sociétés ou encore la taxe sur l'électricité, et la hausse des dépenses de 1,1%, hors mesures de relance et de soutien liées à la crise, pour expliquer que les premiers efforts n'auront pas lieu cette année. 

+560 milliards d'euros de dette publique entre 2019 et 2022

La Cour des comptes a alors prévu une augmentation de la dette publique de 560 milliards d'euros entre la fin 2019 et la fin 2022, représentant environ 113% du PIB. Ce sont donc "près de 9 milliards d'euros d'économies supplémentaires chaque année" qui seront nécessaires pour limiter la croissance des dépenses à +0,4% en moyenne entre 2023 et 2027, d'après les prévisions de la Cour, qui note qu'entre 2010 et 2019, les gouvernements successifs étaient sur une tendance de +1% en moyenne par an.

Des réformes, en priorité sur le système de retraite, l’Assurance maladie, la politique de l’emploi, les minimas sociaux et la politique du logement seront par ailleurs nécessaires pour atteindre cet objectif, selon l'institution. 

Quant à la gestion de la crise sanitaire par les administrations et organismes publics, la Cour des comptes a réitéré son constat d'une impréparation des acteurs publics même si elle a salué leur mobilisation. L'urgence a d'ailleurs pu entrainer "un sur-calibrage ou un ciblage insuffisant des aides".

Enfin, la crise "a révélé ou accentué" certaines "fragilités structurelles" de services et organismes publics, a estimé la Cour des comptes, citant notamment les Ehpad, le modèle économique des aéroports parisiens et des clubs sportifs ou encore l'approvisionnement en produits médicaux.


E. Ro avec AFP

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