Énergie : comment le prix de l'électricité est-il calculé ?

par Maxence GEVIN Maxence GEVIN
Publié le 4 septembre 2022 à 10h20, mis à jour le 4 septembre 2022 à 10h27
JT Perso
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Source : TF1 Info

Dans un contexte de forte reprise économique post-Covid-19 et de guerre en Ukraine, les prix de l'électricité ont explosé ces derniers mois.
Selon les derniers chiffres dévoilés, le marché de gros en France a connu une augmentation de plus de... 1000% en l'espace d'un an.
Alors que Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, insiste sur "l'urgence absolue qu'il y a à découpler le prix de l'électricité du prix du gaz", on vous explique comment le calcul de l'électricité est lié à celui du gaz ?

Un mécanisme complexe. Depuis plusieurs mois, les tarifs de l'électricité dans l'Union Européenne s'envolent. Dernière preuve en date, les prix de gros en Allemagne et en France pour 2023 ont battu vendredi de nouveaux records. Ils s'élèvent désormais respectivement à 850 euros et plus de 1000 euros le mégawattheure, alors qu'ils n'excédaient pas les 85 euros un an plus tôt. 

De leur côté, les foyers de l'Hexagone doivent composer avec des factures de plus en plus salées. Le processus de calcul des prix de cette énergie, adossé à celui du gaz, se révèle compliqué et multifactoriel. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a déclaré récemment qu’il y avait une "urgence absolue à découpler le prix de l’électricité du prix du gaz", dans une allusion claire à la réforme structurelle du marché de l’électricité annoncée par Ursula von der Leyen  et qui doit donner lieu à une réunion des ministres européens de l’Énergie le 9 septembre prochain. Décryptage. 

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Pour commencer, il faut rappeler que l'électricité est une ressource qui ne se stocke pas. Par conséquent, la production et la consommation doit donc s'équilibrer instantanément, et ce, à chaque instant. Particularité, le marché de l'UE de l'électricité repose sur un système de tarification marginale. "Ce qui fait le prix de gros de l'électricité, ce n'est pas le coût moyen de toutes les centrales de production que l'on a démarrées, c'est le coût de la dernière centrale dont on a besoin pour équilibrer le réseau", explique à l'AFP Julien Teddé, directeur général du courtier Opéra Énergie. Une méthode qui n'avantage pas vraiment la France qui a développé le nucléaire, une énergie qui possède un plus faible coût que d'autres - la majorité d'entre elles en fait - sur le marché. 

Un marché de gros complexe... devenu incontrôlable ?

Cela étant dit, le marché de l'électricité fonctionne en deux temps. Dans un premier temps, la constitution des stocks. Celle-ci s'effectue via une production propre à chaque pays à laquelle s'ajoute l'électricité achetée sur le marché de gros communautaire. Selon la conjoncture, il est possible d'y avoir plus ou moins recours (météo favorable ou non pour les énergies renouvelables, prix plus bas que les prix de vente de sa propre électricité, pénuries liées à l'entretien ou à l'indisponibilité de certaines infrastructures). 

Or le marché de gros européen tient compte du mix électrique européen, pas du français. La part du gaz y est bien plus importante (20%, ndlr). Du fait du système de tarification marginale, "ce sont les centrales à gaz qui influencent fortement les prix", souligne sur TF1 Info Jacques Percebois, professeur émérite d’économie à l’université de Montpellier. Le gaz, dont les tarifs explosent du fait de la guerre russo-ukrainienne, entraîne les prix de l'électricité à la hausse. "Dans une certaine mesure, le marché est devenu incontrôlable, la volatilité du marché ne répond plus aux bonnes nouvelles, alors que les mauvaises nouvelles s'accumulent et font grimper les prix", a souligné, ce vendredi, le ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce, Jozef Sikela, se désolant des conséquences néfastes de la réduction de l'approvisionnement russe en gaz. Cela explique que le prix du gros en France pour 2023 ait dépassé les 1000 euros le mégawattheure (MWh), soit dix fois plus qu'un an plus tôt. 

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Pour ne rien arranger, la France est actuellement forcée de recourir massivement au marché de gros. La mise à l'arrêt de 32 des 56 réacteurs nucléaires d'EDF, notamment pour des problèmes de corrosion, faisant courir le risque de pénuries. 

Quid du tarif pour les particuliers ?

Dans un second temps, le prix du marché de détail, celui que paye le consommateur final. Pour une grande majorité des ménages - environ 23 millions -, celui-ci est lié au tarif réglementé de vente (TRV). Fixé deux fois par an par les autorités sur suggestion de la Commission de régulation de l'énergie, le TRV est obtenu par empilement. "Le coût de production du kilowattheure, le coût des réseaux ou infrastructures, et les taxes : les trois strates composent chacun un tiers du TRV, presque à parts égales", indique Jacques Percebois. 

À noter que les prix des quotas de CO2 - qui ont récemment été augmentés - sont également pris en compte dans l'équation. 

Le prix de l'électricité est largement influencé par les variations de prix sur le marché de gros et les évolutions du TRV

Jacques Percebois

Pour certains autres foyers, qui ont abandonné le TRV, le prix de l'électricité se calcule en fonction des offres de marché, souvent proposés par les concurrents d'EDF. "Elles se décomposent en trois types de contrat : ceux indexés sur le TRV, mais incluant une légère réduction ; ceux en tarification dynamique, indexés directement sur le marché de gros et donc régulièrement ajustés ; ceux en tarifs fixes, soit des contrats signés pour plusieurs années permettant un prix stable sur cette période", énumère le chercheur. "Ainsi, le prix de l'électricité est largement influencé par les variations de prix sur le marché de gros et les évolutions du TRV, lui-même partiellement lié à ce marché", conclut-il. 


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