13.266 procédures de défaillances d'entreprise ont été enregistrées au 2e trimestre 2023, recense une étude du cabinet privé Altares.Cela représente une hausse de 35% par rapport à juin 2022, dépassant les niveaux atteints avant la crise sanitaire.Plus de 55.000 emplois seraient par conséquent menacés, un niveau record selon cette étude.
Si la crise sanitaire ne semble plus qu'un lointain souvenir, ses conséquences n'en finissent pas pour les entreprises. Une étude du cabinet privé Altares publiée ce mercredi 12 juillet note ainsi que 13.266 procédures de défaillances ont été enregistrées durant le 2e trimestre 2023, entre le 1er avril et le 30 juin, soit une hausse de 35% par rapport à juin 2022 et un taux qui dépasse les niveaux atteints avant la crise sanitaire.
Il s'agit ainsi du plus lourd bilan pour un 2e trimestre depuis 2016, une période marquée par les crises financières et européennes. Par ailleurs, avec ces faillites, ce sont 55.700 emplois, rien que ce trimestre, qui seraient menacés, un seuil jamais observé depuis 2014.
Une période de rattrapage après la crise sanitaire
Par ailleurs, le cabinet note un nombre de procédures de sauvegarde à un niveau historiquement haut (431 lors du 2e trimestre 2023), une accélération des liquidations judiciaires (près de 9400 durant cette période) et un ralentissement des procédures de redressement judiciaire. "Des redressements judiciaires moins nombreux qu'avant Covid, mais des liquidations judiciaires bien plus fréquentes illustrent la profonde détresse financière des entreprises qui font défaut actuellement", explique dans le rapport Thierry Millon, directeur des études d'Altares.
Certaines régions sont plus touchées que d'autres. Ainsi, l'étude souligne que l'Île-de-France, qui résistait encore à l'issue du premier trimestre, enregistre désormais des niveaux de défaillance qui n'avaient pas été observés depuis 2016. La Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie font également état de niveaux de défaillances comparables à cette époque.
Ces chiffres en hausse confirment l'observation de la Banque de France, qui notait le 6 juillet dernier que "le nombre de défaillances poursuit le rattrapage amorcé à l'automne 2021". Depuis, les défaillances sont effectivement en hausse après une forte baisse qui correspond à la pandémie de Covid-19. Durant cette période, les dates de caractérisation et de déclaration de l'état de cessation de paiements ont été modifiées temporairement, tandis que des mesures publiques de soutien en trésorerie ont permis d'éviter nombre de cessations de paiements.
Les secteurs à destination du consommateur particulièrement impactés
Par ailleurs, l'étude d'Altares note que les TPE et les très petites entreprises sont particulièrement touchées. "Plus de 9 procédures sur 10 concernent des TPE, dont les 3/4 sont immédiatement liquidées", déclare dans la note Thierry Millon, tandis qu'il est indiqué que 12.130 entreprises défaillantes comptent moins de 10 salariés, soit 91% du total des procédures. Toutefois, en parallèle, les petites entreprises créées en sortie de crise sanitaire montrent une forte résistance à la situation économique.
Concernant les secteurs, peu semblent épargnés. La construction tente de résister, avec une tendance de hausse rapide, sans renouer cependant avec ses seuils d'avant crise. Parallèlement, les activités à destination du consommateur, comme les soins, la coiffure ou l'habillement, sont en forte tension. Ce dernier secteur d'activité affiche la hausse la plus sévère parmi les entreprises de commerce. 308 défaillances ont été enregistrées, un nombre qui n'avait jamais été atteint depuis plus de cinq ans.
Cet état économique des entreprises a fait réagir le secrétaire national du syndicat des Indépendants et des TPE, Marc Sanchez. Dans un communiqué, il a fait état de son inquiétude, estimant que la situation pourrait même être sous-évaluée. "Ces chiffres terribles ne tiennent pas compte des arrêts volontaires d'activité où les dirigeants préfèrent mettre la clef sous la porte après souvent plus de dix ans d'activité que s'engager dans une procédure de faillite", alerte-t-il.