Après les prix de l'essence, l'inflation touche aussi les péages.Les tarifs augmenteront de presque 5% dès le 1er février 2023.Une hausse paradoxale : selon un rapport, les sociétés concessionnaires affichent une rentabilité exceptionnelle.
Si vous êtes un habitué des autoroutes, vous n’avez pas pu passer à côté de cette nouvelle : les tarifs des péages des principaux axes du réseau français vont augmenter en moyenne de 4,75 % à partir du 1er février prochain. Une hausse qui s'est avérée constante depuis des années.
Depuis la privatisation des autoroutes en 2006, les tarifs des péages augmentent tous les ans au 1er février. Les contrats signés entre l’État et les sociétés concessionnaires prévoient une révision annuelle qui tient compte des travaux qu’elles ont engagés et du taux d’inflation. Pour donner des exemples concrets, en dix ans, le trajet Paris-Lyon est passé de 32,90 euros à 36,50 euros. De même, le trajet Paris-Lille, lui, coûtait 15,70 euros de péages en 2013, et revient désormais à 17,30 euros. Quant au trajet Paris-Bordeaux, le tarif est passé de 54,40 euros à 57,20 euros. Sur l'année 2022, les tarifs avaient déjà grimpé de 2%.
Des négociations serrées lancées en juillet entre le gouvernement et les compagnies autoroutières
Une évolution "cohérente avec nos priorités", assurait fin 2022 le ministre délégué aux Transports Clément Beaune : "Dans un contexte d'inflation, limiter les hausses de prix pour la vie quotidienne en protégeant ceux qui doivent utiliser la voiture pour aller travailler et en encourageant la transition écologique", déclarait-il, ajoutant avoir demandé aux opérateurs un "coup de pouce" en faveur du pouvoir d'acha. Et donc de travailler sur des pistes afin de répondre à un double enjeu, "protéger le pouvoir d’achat des Français face à l’inflation, notamment pour ceux dont la voiture reste le seul moyen de transport dans les trajets du quotidien, et continuer à renforcer les actions en faveur de la transition écologique".
En résultent une ristourne de 40 % accordée aux gros rouleurs et une autre de 5 %, mise en place pendant un an pour les véhicules électriques sur les réseaux autoroutiers Sanef et APRR.
Des tarifs en forte hausse malgré une forte rentabilité
Reste que, inflation ou pas, ces augmentations rapportent : l'année 2021 a été marquée par un rebond du trafic sur les autoroutes françaises et une nette augmentation du bénéfice des sociétés concessionnaires, qui a atteint 3,9 milliards d’euros, selon un rapport de l’Autorité de Régulation des Transports (ART) publié ce jeudi. Un bénéfice qui correspond à une somme supérieure à ce qui avait été initialement décidé entre l’État et les sociétés d’autoroute.
Dans son rapport, l’Autorité de régulation des transports constate un "modèle concessif qui reste perfectible". Elle appelle notamment "à réduire la durée des contrats ou bien à encadrer plus strictement leur renégociation". La vraie question qui se pose est la suivante : pourrait-on renégocier ces contrats ? Selon Arnaud Aymé, spécialiste des transports (cabinet Sia partners), sollicité dans le reportage de TF1 en tête d'article, "les deux parties, l’État et les sociétés d’autoroute, sont engagées contractuellement. Et rien ne peut se faire sans l’accord des deux, l’État ne peut pas imposer de baisse de prix."
Les sociétés d'autoroute proposent vers novembre-décembre leurs calculs au ministère des Transports, qui applique la hausse des tarifs au 1er février suivant. Autrement, les accords s'avèrent verrouillés, et ce pendant longtemps. La durée de ces contrats va de 40 ans pour les plus courts à 87 ans. Pour le changement, ce n'est donc pas maintenant : il faudra attendre que le contrat de concession se termine. Soit pas avant 2031.
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