La hausse du coût de l'électricité va-t-elle faire flamber les prix des billets de train ?

Crézia Ndongo | Reportage C. Chapel, S. Deshaies, N. Bergot
Publié le 30 mai 2022 à 9h50

Source : JT 20h WE

Les prix des billets de train ont augmenté de 15% ces trois derniers mois, selon l'Insee, ce que la SNCF dément.
Ce pourrait néanmoins se vérifier dans les mois qui arrivent.
Car les trains de la société marchent tous à l'électricité.

Selon l'Insee (Institut national des statistiques économiques), les tarifs des trains ont augmenté de 15% en mars, avril et mai 2022. Si la SNCF dément formellement ces calculs, plusieurs éléments indiquent toutefois qu'une hausse des prix des billets de train se profile bel et bien.   

Car l'entreprise risque de devoir répercuter la hausse du prix de l'énergie, étant donné que ses trains roulent grâce à l'électricité.  

La SNCF étant totalement dépendante de l'électricité - puisque c'est grâce à elle que ses trains fonctionnent -, la hausse du coût de l'énergie l'affecte donc directement. Et ce, d'autant plus que la SNCF est la plus grosse consommatrice d'énergie en France. 

L'entreprise utilise à elle seule 7tWh d'électricité par an, soit l'équivalent de la production d'une centrale nucléaire. Pour un coût annuel de 700 millions d'euros. En tenant compte de la conjoncture économique actuelle d'inflation généralisée, il sera fatalement inévitable pour la SNCF d'augmenter à son tour le prix de ses billets de train.

Gonfler les prix de billets... ou assumer une flambée de sa facture d'électricité ?

Jusqu'à présent, "la SNCF avait réussi à maîtriser les coûts de l'énergie", analyse Arnaud Aymé, spécialiste transport à Sia Partners. La raison principale était que la SNCF s'approvisionnait plusieurs années à l'avance. 

La compagnie a toutefois partiellement épargné les usagers en trouvant des solutions en interne. Ainsi, pour économiser, la SNCF forme ses conducteurs à l'écoconduite, installe des panneaux solaires partout où elle le peut. Des mesures nécessaires puisqu'à titre d'exemple, un simple voyage Paris-Marseille (800 km) en TGV utilise 16 MWh, l'équivalent de la consommation annuelle de quatre familles.

Néanmoins, pour l'année 2023, "tous les approvisionnements [en électricité] ne sont pas encore faits", indique l'expert. La situation devient désormais inextricable pour la société. Selon Arnaud Aymé, si la SNCF ne fait rien, elle en paiera elle-même le prix.

D'autant que se profile également, du côté de la SNCF, des augmentations de salaires. Augmentations de salaires qui sont par ailleurs au cœur des revendications des organisations syndicales depuis plus d'un an, et ont entraîné des journées de grèves entre février et mars 2022.

"On sera peut-être obligés de répercuter une partie des coûts à partir de 2023. Mais on n'en est pas encore là. On verra comment les choses évoluent", a déclaré Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF. Toutefois, la SNCF ne pourra pas trop augmenter ses tarifs si elle veut garder ses clients sur un marché où la concurrence est de plus en plus forte. Une décision que ne ravira pas les usagers qui, ce week-end déjà, ont constaté une augmentation des prix.


Crézia Ndongo | Reportage C. Chapel, S. Deshaies, N. Bergot

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