"Indemnité inflation" de 100 euros : artisans et indépendants partagés face à "une goutte d'eau dans un océan"

Publié le 22 octobre 2021 à 13h35, mis à jour le 22 octobre 2021 à 15h28

Source : JT 13h Semaine

RÉACTIONS - Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi sur TF1 la mise en place d'une "indemnité inflation" de 100 euros versée à 38 millions de Français. Une sorte d'aide "classes moyennes" destinée à lutter contre la hausse des prix, notamment du carburant. Insuffisant pour convaincre artisans et indépendants.

Ils sont plombiers, travailleurs du bâtiment, taxis, ou infirmiers libéraux, et utilisent leur voiture pour exercer leurs fonctions. Depuis quelques semaines, remplir le réservoir de leur véhicule ne leur a jamais coûté aussi cher, mais artisans et indépendants n'ont pas d'autre choix que de faire régulièrement le plein. 

Pour leur venir en aide, comme à 38 millions de Français, le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi soir sur TF1 qu'une "indemnité inflation" de 100 euros leur serait versée dans les prochaines semaines. Pas de quoi totalement satisfaire leurs demandes.

Grégoire Leclercq, président de la fédération nationale des autoentrepreneurs et microentrepreneurs, assure à LCI que cette indemnité est "bien accueillie" mais arrivera "trop tard". "Pour les salariés, c'est tout de suite, mais pour les autres, c'est plus tard", regrette-t-il, alors que les employés touchant moins de 2000 euros nets par mois recevront automatiquement cette aide en décembre, sur leur salaire. "Je ne vois pas ce qui explique que l'on paye un chèque pour les salariés dans l'immédiat, mais plus tard aux indépendants."

Le montant, en revanche, semble moins discuté. "Il est symbolique, car le besoin est très variable", poursuit le président. "Il y a des professionnels libéraux, comme les métiers à la personne ou du bâtiment, qui circulent énormément en voiture et ont besoin de cette aide. En revanche, pour un consultant informatique en télétravail qui ne se déplace pas chez ses clients, percevoir cette indemnité paraît presque injuste."

"100 euros, c'est presque se moquer de l'artisanat"

Du côté des artisans, le ton diffère, car le prix du diesel ou de l'essence n'est pas l'unique préoccupation en cette fin d'année. "Les artisans rencontrent de très gros problèmes actuellement. En plus du prix des carburants, il y a l'augmentation du prix des matières premières ainsi que des pénuries", déplore Anne-Marie Becker, secrétaire générale de la fédération française des artisans coopérateurs du bâtiment. Pour elle, l'"indemnité inflation" de 100 euros promise par le gouvernement ressemble à "une goutte d'eau versée dans un océan".

"Quand les artisans se rendent sur les chantiers, il n'y a pas qu'un seul véhicule. 100 euros, c'est presque se moquer de l'artisanat", regrette la secrétaire générale auprès de LCI. "Dans le cadre des chantiers sur des maisons individuelles, nous sommes sur un prix ferme et définitif. L'augmentation des coûts ne peut être répercutée sur les clients." Elle aurait préféré que le gouvernement "baisse les taxes sur les carburants", comme le réclamaient de nombreux artisans.

Les taxis aussi subissent de plein fouet cette hausse, d'autant qu'eux non plus ne "ne peuvent la répercuter dans le prix payé par le client", explique à LCI Harry Mooren, représentant de la fédération nationale des taxis indépendants dans le Finistère. "Nos tarifs sont réglementés par la préfecture." Selon lui, cette indemnité de 100 euros versée par l'État va toutefois "dans le bon sens".


Idèr NABILI

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