Dans un contexte d’inflation sans précédent depuis plus de 30 ans, une étude très éclairante publiée mardi révèle que de nombreux Français sont concernés par le découvert.Près d'un sur deux l'est au moins une fois par an et un sur cinq les mois.Le montant moyen de découvert augmente par rapport à 2021.
"Je vois que de jour en jour, je dois me limiter en viande, acheter surtout en lots... Et j'en suis à bout." Pour ce jeune homme, qui témoigne dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus, comme pour de nombreux clients du centre commercial de Cergy, en région parisienne, le pouvoir d'achat est devenu la préoccupation numéro un : faire attention à l’euro près, et parfois ne plus y arriver et basculer dans le découvert bancaire.
Au total, 47% des Français sont à découvert au moins une fois par an, 20% une fois par mois, un point de plus dans les deux cas par rapport à l'an passé, selon une étude du comparateur Panorabanques, réalisée auprès d’un échantillon de 1000 personnes et dévoilée mardi. Quant au montant du découvert, il grimpe en moyenne à 239 euros par an, contre 232 euros en 2020, soit 3% de plus. Pour la majorité des sondés à découvert (40%), la fourchette s'étale de 100 à 300 euros de dépenses en trop.
Plus inquiétant encore, 31% des Français concernés et qui ont une autorisation de découvert la dépassent parfois, et 10% le font systématiquement. Le dépassement de découvert s'établit en moyenne à 317 euros, une hausse de 11% sur une année.
La hausse des prix mise en cause
Quant aux raisons qui poussent les consommateurs à basculer dans le rouge, c'est pour près d'un tiers des Français la difficulté à compenser l'effet de l'inflation, qui se chiffre sur le budget mensuel des ménages à 112 euros en moyenne. La hausse des prix a un impact important sur le pouvoir d'achat de la moitié des personnes interrogées. Pour 61% des sondés, celui-ci s'est détérioré (contre 36% seulement l'an passé), et 42% le considèrent trop faible. Autres facteurs de découvert avancés : une dépense importante imprévue et plus généralement une situation financière globalement difficile.
Pour Marwa, une mère en recherche d'emploi, dont le budget déborde souvent de presque 100 euros, le découvert est devenu une routine. "Le 21 du mois, à peu près, je suis déjà à découvert. Mais il y a toujours une petite issue, on essaie d'emprunter par exemple", confie la jeune femme, tandis qu'elle se promène avec son enfant dans les rues de Cergy. Seuls 5% des Français ont recours au crédit à la consommation, mais d'autres se tournent vers des proches pour s’en sortir. Frédérique, elle, limite les paiements par carte. "On m'a conseillé de retirer de l'argent, et de ne pas payer en carte bleue, pour éviter d'avoir des frais bancaires", explique la passante.
Des frais supplémentaires à chaque découvert
Multiplier les techniques pour éviter un découvert qui peut coûter cher : "La majorité des banques facturent les commissions d’intervention au plafond de huit euros et la lettre d’information pour compte débiteur non autorisée est facturée en moyenne dix euros", relève dans l'étude de Panorabanques son porte-parole Basile Duval. Sans compter les agios. "Il y a les intérêts que l'on doit à la banque, chez moi c'est sept euros par semaine. Ça se cumule vite", confirme dans le reportage de TF1 Denis, attablé à la terrasse d'un restaurant.
"Il est toujours mieux de négocier avec son banquier, pour avoir une petite bouffée d’oxygène. Sinon, la spirale infernale peut vite s’enclencher", conseille auprès du Parisien Basile Duval. Si le découvert n’est pas comblé, le risque est en effet de tomber dans le surendettement. En 2021, 120.000 Français ont déposé un dossier à la Banque de France.
À noter toutefois, la situation s'est légèrement améliorée par rapport à 2020, lors du début de la crise sanitaire : la part de Français concernés par un découvert au moins une fois par an grimpait alors à 51%, tandis que le montant moyen de débord se hissait à 246 euros, soit environ 3% de plus que cette année.