Inflation : pourquoi le prix du lait devrait continuer d'augmenter

A Lo.
Publié le 9 août 2022 à 10h22

Source : TF1 Info

Déjà un niveau élevé à cause de la reprise post-Covid-19 et la guerre en Ukraine, le prix du lait devrait continuer d'augmenter.
La faute au réchauffement climatique et à ses conséquences sur le climat.
À cause de la sécheresse historique, les éleveurs n'ont plus assez d'herbe pour nourrir leurs vaches.

Le réchauffement climatique a des conséquences bien concrètes sur l'alimentation et notamment sur le lait. Déjà à un niveau très élevé, le prix de ce produit devrait encore augmenter. En cause, la sécheresse historique que traverse la France et qui impacte la production d'herbe nécessaire pour nourrir les vaches.

Moins de vaches laitières faute de nourriture

En effet, le mois de mai anormalement chaud et sec et les trois épisodes de canicule qui se sont succédé depuis juin a eu des conséquences sur la production d'herbe, qui a baissé de 21% au 20 juillet par rapport à la normale, selon les données d'Agreste, le service statistique du ministère de l'Agriculture. Or cela est arrivé à une période où les vaches laitières se nourrissent en grande partie au pâturage.

Faute d'herbe dans les prairies, trois options se présentent alors aux éleveurs. Ils peuvent puiser dans leurs stocks de fourrage prévus pour l'hiver, acheter de l'alimentation animale, ou vendre une partie du cheptel pour réduire leurs charges. Les prix des aliments pour les vaches laitières ayant augmenté de 25,9% en mai par rapport à mai 2021, selon Agreste, de nombreux éleveurs s'accordent à dire que le plus rentable reste de se séparer d'une partie de ses animaux.

On ne voit pas l'inflation baisser sur les produits laitiers dans les semaines à venir
Benoît Rouyer, économiste

Avec cette réduction du cheptel de vaches laitières, un "manque de lait" pourra se faire sentir, estime Benoît Rouyer, directeur économique du Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière. "Globalement, un manque de lait va induire une diminution des possibilités de produire du beurre, de la crème, des briques de lait, des fromages... Et quand vous avez un manque de produit, qu'importe la filière, il y a un impact sur le prix", précise-t-il par ailleurs auprès de l'AFP.

Or, depuis un an, une succession de chocs a déjà considérablement nourri l'inflation sur les produits alimentaires, dont les produits laitiers. Entre la rapide reprise post-Covid et la guerre en Ukraine, le prix des yaourts a augmenté de 4,5% entre juin 2021 et juin 2022, le lait demi-écrémé en brique ou en bouteille de 4,5%, le beurre de 9,8% et le fromage de 5,2%.

"Mauvaise nouvelle pour le consommateur, on ne voit pas l'inflation baisser sur les produits laitiers dans les semaines à venir", poursuit l'économiste. Pour autant, dans le système agroalimentaire actuel, le prix du lait ne suit pas automatiquement les hausses de coût de production subies par les éleveurs. En effet, celui payé par les distributeurs est fixé lors de négociations commerciales et n'évolue donc qu'une année sur l'autre.

Cette année, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) demande que le litre de lait vendu dans les rayons de supermarchés approche l'euro d'ici la rentrée "contre 78 centimes en hard-discount", selon les observations que leur réseau a menées cet été.

En 2021, les prix du lait de vache payés aux producteurs s’élevaient à environ 390 euros les 1000 litres en moyenne, en hausse de 4,3% par rapport à 2020. Si le prix est monté à 427 euros en mai 2022, les syndicats clament que ce nouveau prix ne couvre toujours par leurs coûts de production et demandent une nouvelle hausse.

En comparaison, "en Allemagne, la tonne de lait coûte 480 euros, en Belgique c'est environ 500 euros et aux Pays-Bas, on monte à 540 euros les mille litres", explique Thierry Roquefeuil, président de la FNPL. Si la France n'atteint pas les niveaux de ses voisins européens sur le prix du lait, la fédération menace de passer à "un syndicalisme de destruction" à la rentrée, prévient-il.


A Lo.

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