"La moitié des hausses de prix" décidée par les industriels de l'agro-alimentaire "ne sont pas transparentes", affirme le patron des centres E. Leclerc.Les dernières renégociations, qui fixent le prix de certains produits, ont "donné la prime à la surenchère".Plusieurs élus de l'opposition (PS et LFI) soutiennent sa demande d'une enquête parlementaire.
Un manque de transparence problématique. Le médiatique président du comité stratégique des centres E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a estimé, jeudi 30 juin, que "la moitié des hausses de prix" demandées par les industriels de l'agro-alimentaire "ne sont pas transparentes et sont suspectes", et a appelé le Parlement à se pencher sur le sujet.
"J'aimerais bien que les députés (...) ouvrent une commission d'enquête sur les origines de l'inflation, sur ce qui se passe sur le front des prix depuis les transports jusqu'aux consommateurs", a-t-il expliqué sur BFMTV. Il a jugé que "beaucoup des hausses demandées sont des hausses d'anticipation, voire de spéculation".
"Prime à la surenchère"
Devant la flambée des coûts de production liés au redémarrage de l'économie post-Covid-19, ainsi qu'à la guerre en Ukraine, le gouvernement avait appelé mi-mars les distributeurs et industriels de l'agroalimentaire à se remettre autour de la table pour revoir les contrats tout juste signés le 1er mars, à l'issue des négociations commerciales. Ces contrats fixent le prix de certains des produits qui seront vendus dans l'année en grandes surfaces. Le premier round des négociations avait abouti à une augmentation moyenne de 3% des prix facturés par les industriels aux distributeurs.
Or, estime aujourd'hui Michel-Edouard Leclerc, ces renégociations ont "donné la prime à la surenchère". "Quand un fournisseur arrive avec ses factures, on lui demande la transparence. Je comprends que les petites entreprises (soient fortement affectées par) le prix du verre, de l'aluminium", a-t-il assuré. "Pour les plus petits que nous, on a du discernement et on (accepte) leurs hausses" de prix.
Il a en revanche stigmatisé "les grandes entreprises internationales" qui sont arrivées "avec des factures de transport en augmentation de 15, 20, 30%, notamment les prix des containers qui ont augmenté de 30%". Ce, alors que "les sociétés de transport sortent des bénéfices par milliards l'année dernière", a-t-il dit.
Important qu'un chef d'entreprise le dise... Ces hausses de prix ne sont pas tenables, il faut transparence et action. Cette demande d'une commission d'enquête parlementaire doit être regardée. Le gouvernement a-t-il saisi les autorités de la concurrence ? https://t.co/0kvbB1Nfda — Boris VALLAUD (@BorisVallaud) June 30, 2022
"Excellente suggestion", a réagi le député PS et premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dans un tweet, ironisant: "(précision utile pour sa bonne réputation, il n’est pas Nupes)". Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale Boris Vallaud a quant à lui jugé "important qu'un chef d'entreprise le dise", soutenant la requête du dirigeant d'ouvrir une enquête parlementaire. Même son de cloche pour la députée LFI Clémentine Autain : "excellente idée que cette commission d'enquête, nous avons besoin de savoir", a-t-elle affirmé.