Au premier trimestre 2022, la Dares a enregistré quatre démissions par minute, du jamais vu depuis 2008, l'année d'une autre crise financière.Mais pourquoi ces salariés choisissent-ils de changer de vie ?Pour comprendre, l'équipe du 20H a rencontré deux d'entre eux.
Quête de sens, concurrence, qualité de vie... En France, de plus en plus d'employés choisissent de quitter leur travail et de changer de vie. C'est le cas de Julien Amalric. Avant, il était banquier. Mais, il y a un an, il a décidé de tout plaquer pour aller élever des poules dans le Tarn. Après quinze ans dans la finance, ce père de famille a quitté son CDI pour devenir son propre patron. Il a divisé son salaire par deux, sans regret.
"Ça reste abstrait, le métier de banquier. On gère des chiffres. Là, je voulais me recentrer et redonner un peu de sens à ma vie", explique Julien Amalric, éleveur de poules à la ferme des Farguettes, à Castres. "Quand je vois les valeurs que je transmets à mon petit garçon, ça m'épanouit", sourit-il.
Des taux de démissions élevés
Mais Julien Amalric est loin d'être un cas isolé. Selon les derniers chiffres publiés jeudi 18 août par le service statistique du ministère du Travail, la Dares, plus de 523.107 Français ont quitté leur emploi, dont 469.610 en contrat à durée indéterminé (CDI), au premier trimestre 2022, du jamais vu depuis la crise financière de 2008. Cela représente quatre démissions par minute.
Par ailleurs, cette vague de démissions est un casse-tête pour les recruteurs, car ce sont désormais eux qui se battent pour faire rester les salariés, ainsi que pour embaucher. En juillet 2022, 81% des entreprises du bâtiment déclaraient avoir des difficultés de recrutement. Du côté des industries manufacturières, cette part s'élève à 67%. Même constat dans le domaine des services, où 60% des entreprises reconnaissent le même type de difficultés.
"Aujourd'hui, vous avez des gens qui démissionnent alors qu'ils n'ont pas d'emploi derrière. Auparavant, nous avions aussi des démissions, mais les gens en avaient un. Mais là, comme le marché est très bon, ils se disent qu'ils peuvent quitter leur emploi en juin et en retrouver un nouveau en septembre", explique Benoît Serre, vice-président national délégué de l'Association Nationale des DRH (ANDRH).
Pour autant, la France ne vît pas une période de "grande démission" comme c'est le cas aux États-Unis. En effet, les salariés démissionnaires cherchent simplement à profiter du dynamisme du marché du travail et leur retour à l'emploi semble assez rapide.
Démissionner pour faire marcher la concurrence
Malgré tout, ces chiffres restent à relativiser. Bien qu'élevés, ils ne sont pas inédits compte tenu de la situation actuelle du marché du travail. Le phénomène s'explique assez simplement : la forte demande d'embauche de la part des entreprises crée des opportunités pour les salariés déjà en poste et est susceptible, en retour, de conduire à des démissions plus nombreuses.
Les salariés seraient-ils en position de force ? Sophia Gabriel, employée dans le BTP, aussi, a quitté son CDI pour faire jouer la concurrence. Elle travaille dans le bâtiment, un secteur qui peine à recruter. "Parfois, j'ai trois à quatre appels par jour", décrit-elle. "Maintenant, je deviens plus sélective. Quand je vois que l'ambiance ne me convient pas, je dis 'au revoir' à l'employeur".
En changeant d'employeur, elle a renégocié son salaire. Elle touche 1000 euros de plus par mois et a gagné en qualité de vie. "Pendant des années, j'ai sacrifié mon bien-être personnel. Désormais, je ne suis plus d'accord avec ça", ajoute-t-elle. Comme Sophia Gabriel, après avoir démissionné, huit Français sur dix ont trouvé un emploi en moins d'un an.
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