CONCURRENCE - Le lunettier italien a été sanctionné en France par l'Autorité de la concurrence. L'entreprise devra s'acquitter d'une amende de 125 millions d'euros pour avoir empêché les réseaux d'opticiens de fixer eux-mêmes leurs prix.
Une "police des prix", des "mesures de rétorsion"... Le fabricant de lunettes italien Luxottica, qui fait partie du groupe EssilorLuxottica, a été lourdement sanctionné en France par l'Autorité de la concurrence, jeudi 22 juillet.
En cause, des pratiques anticoncurrentielles graves et de longue durée, qui ont affecté des consommateurs parfois vulnérables et empêchant les réseaux d'opticiens de fixer leurs prix.
Le gendarme français de la concurrence reproche à l'entreprise de "graves" pratiques anticoncurrentielles et des "mécanismes de surveillance et de rétorsion" assimilables à une véritable "police des prix", selon les mots d'une gérante d'une boutique d'optique citée par la décision. Des pratiques exercées à l'encontre de grandes enseignes nationales des lunettes, comme Alain Afflelou, Krys, GrandVision ou Optical Center.
L'enquête de l'Autorité de la concurrence, lancée en 2009, a établi que Luxottica avait imposé à ses distributeurs dans l'Hexagone, entre 2005 et 2014, des prix de vente au détail dits "conseillés" pour les lunettes de vues et solaires de marques célèbres sous licence avec Luxottica, dont Chanel, Ray‑Ban, Oakley, Prada, Burberry, Bulgari, Dolce & Gabanna, Armani, Michael Kors, Miu Miu ou encore Ralph Lauren. La compagnie italienne a également conclu avec ces opticiens des contrats "interprétés comme interdisant les remises et les promotions".
Les pratiques de Luxottica ont affecté des consommateurs
Les opticiens qui ignoraient les messages de l'entreprise italienne ont subi "des mesures de rétorsion", comme des "retards ou suspensions des livraisons de leurs magasins, retraits de l'agrément nécessaire à la distribution de certaines de ses marques ou encore blocage des comptes pour les empêcher de passer commande".
L'Autorité de la concurrence conclut aussi que les pratiques de Luxottica ont affecté des consommateurs "pour partie captifs et vulnérables", dans la mesure où "l'équipement en lunettes de vue, comme, dans certains cas, solaires", est une "nécessité", plaide encore le gendarme de la concurrence.
Les pratiques ont causé un "dommage certain à l'économie"
Ces pratiques, en portant sur des "marques notoires", ont aussi causé un "dommage certain à l'économie", affectant la concurrence entre les réseaux d'optique pendant une longue durée, et pénalisant une "part significative" de ces distributeurs, estime également le gendarme français de la concurrence.
Interrogé par l'AFP, EssilorLuxottica n'a pas fait, dans l'immédiat, de commentaires sur cette décision susceptible de faire l'objet d'un recours.
LVMH et Chanel, eux aussi, se sont vu infliger des amendes, mais plus mineures, de respectivement 500.000 euros et 130.000 euros. LVMH a été sanctionné pour les deux mêmes motifs que Luxottica, ces pratiques ayant duré de 1999 à 2015. Contacté, le groupe de Bernard Arnault n'a pas donné suite dans l'immédiat.
Chanel a été sanctionné pour la seule interdiction de vendre en ligne, de 1999 à 2014. Dans leur cas, les contrats de licence signés par ces entreprises avec Luxottica ont été épinglés.
Une quatrième entreprise, Logo (pour la marque TAG Heuer), a été épinglée pour avoir restreint, elle aussi, la liberté tarifaire des opticiens qui vendaient ses produits. Mais ayant été placée en liquidation judiciaire en 2016, elle n'a pas été sanctionnée.
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