GROS SOUS - Un graphique diffusé le 4 février montre que la France ferait figure de mauvais élève de la relance économique. C'est vrai, mais à nuancer.
"Le 'quoi qu'il en coûte', il y a ceux qui en parlent et ceux qui le font." Sous cette observation cinglante, un graphique tout aussi sévère. On y découvre la France, dernière du classement des enveloppes budgétaires pour répondre à la crise liée au coronavirus. En d'autres termes, les "plans de relance" successifs de l'Hexagone seraient devancés par les trois autres grands pays de la zone euro, ainsi que par le Royaume-Uni et les États-Unis. Une réalité qui semble en contradiction avec le discours gouvernemental d'un soutien "total" à l'économie. Alors, la France fait-elle finalement moins d'efforts par rapport à ses voisins? Nous avons décrypté cette infographie avec son auteur.
Des plans de relance "conséquents"
Ce diagramme en barre est issu d'une analyse réalisée par l'économiste Mathieu Plane et publiée ce jeudi dans le magazine spécialisé Alternatives Economiques. Face à l'idée reçue que l'exécutif serait en train de faire un chèque en blanc, l'auteur s'est intéressé aux plans d'urgence et de relance des six grandes puissances économiques. Objectif : comparer l'ampleur des réponses budgétaires pays par pays face à la pandémie. Pour ce faire, cet économiste de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a chiffré les prévisions budgétaires des mesures d'urgence et de relance, et les a rapportées au PIB de chaque pays.
Premier constat : l'enveloppe est "historique" pour l'intégralité des cas étudiés. "Ce qui saute aux yeux, c'est que tous les pays ont prévu une relance vraiment conséquente". Avec toutefois des disparités, comme le montre effectivement le graphique diffusé sur les réseaux sociaux. D'un côté, nous avons les grands pays de la zone euro, avec une réponse budgétaire allant "de 2 points de PIB pour la France à 4,5 points de PIB en Italie, en passant par 3,5 et 4 points de PIB en Espagne et en Allemagne". Une part budgétaire "à peu près équivalente sur toute la zone euro sans différence colossale", bien que la France se distingue par une réponse plus modérée. "Le pays fait beaucoup, c'est très ambitieux. Mais pas plus que ses voisins."
Une "forme d'homogénéité" qui rompt totalement avec le deuxième groupe, composé du binôme anglo-saxon, et leurs "plans XXL". Selon les calculs de l'économiste, la réponse budgétaire est comprise entre 7 et 9 points de PIB pour ces deux pays. "Ils sortent un bazooka budgétaire stratosphérique", commente Mathieu Plane, pour qui les États-Unis font "presque plus qu'uniquement compenser les effets de la crise".
Le "quoi qu'il en coûte" est mondial
Mathieu Plane, économiste à l'OFCE
Comment expliquer une telle différence? "L'open bar" américain, pour reprendre l'image de Mathieu Plane, peut notamment s'expliquer par la volonté du pays de répondre à une urgence. "Les États-Unis ont directement donné des chèques aux ménages. Certains d'entre eux ont même vu leurs revenus augmenter avec la crise.", résume notre interlocuteur. Une ampleur qui n'a pas forcément d'impact sur le long-terme. Elle vient en fait réparer la grande faiblesse de certaines protections sociales. Ou ce que l'économiste appelle "les amortisseurs sociaux". "Quand vous n'avez pas d'assurance chômage généreuse, vous êtes obligés de faire des chèques aux chômeurs", explique-t-il, pédagogue. Certaines sommes sont donc venues compenser ces amortisseurs plus faibles, en comparaison avec les pays européens où ces mécanismes "se déclenchent mécaniquement". "Ça n'explique pas les dix points de PIB mais c'est une piste."
En quête du "monde d'après"
Au-delà de la nécessité de soigner en urgence l'hémorragie, le chercheur note également que les stratégies sont différentes "sur l'horizon temporel". Si ces calculs s'arrêtent à 2021, le plan de relance de l'Union européenne propose une vision allant au-delà de la pandémie, avec une "montée en gamme sur certains secteurs", comme la transition énergétique. Les yeux du Vieux continent sont rivés vers ce "monde d'après" quand les anglo-saxons pensent au traitement de l'immédiat. Pour quel résultat ? "Il faudra attendre la fin de la crise pour évaluer l'efficacité de ces mesures", rappelle prudemment Mathieu Plane. Qui confesse toutefois une crainte. "La France a peut-être minimisé les effets à court terme", notamment les répercussions dans les comptes des entreprises de certains reports d'échéance.
Une analyse qui ne se résume donc pas, contrairement à ce que laisse penser cette publication sur les réseaux sociaux, à désigner un mauvais élève. Et qui n'a pas non plus vocation à faire le bilan des différentes stratégies. L'idée était au contraire de montrer un trait commun. Malgré "quelques différences en termes d'urgence ou d'ampleur", la stratégie est unique : un soutien massif aux économies. Si on peut commenter le "quoi qu'il en coûte" français, cette analyse montre "qu'il n'y avait pas d'alternative". "Tous les États ont joué le rôle d'assureur de cette crise."
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