Les coups de pouce que les entreprises peuvent mettre en place pour le pouvoir d’achat de leurs salariés

Publié le 2 mai 2022 à 9h00, mis à jour le 3 mai 2022 à 9h53

Source : JT 20h Semaine

Allocation télétravail, titres restaurant, forfaits mobilité…
De nombreux outils, soutenus par l’État, permettent aux entreprises de booster le pouvoir d’achat de leurs salariés sans augmenter leur salaire.
Explications.

Augmenter les salaires et verser des primes. Pour accroître le pouvoir d’achat, ces deux outils traditionnels font mouche dans l’esprit des salariés. Immédiatement tangibles, ces sommes apparaissent rapidement sur le compte en banque de leurs bénéficiaires. Il faut néanmoins garder en tête que ces attributions peuvent coûter cher : imposables pour le salarié (de 0 à 45 % en fonction de sa tranche d’imposition), ces nouveaux revenus versés restent soumis aux charges patronales et sociales. Ils demandent ainsi à l’entreprise de quasiment doubler son effort, une exigence souvent difficile à assumer.

Or, les prix continuent de flamber. D’après l’Insee, l’inflation a atteint 4,8 % sur un an. Cette explosion touche tous les secteurs : l’alimentation, les services et produits manufacturés. Cette valse des étiquettes inquiète et devient, comme l’a montré la campagne présidentielle, la première préoccupation des Français. Les salaires ne suivent pas et d’après une étude de l’institut de sondage OpinionWay, publiée début avril, 37 % d’entre eux ne parviennent plus à vivre décemment. Beaucoup renoncent à se faire plaisir ou sacrifient des produits d’hygiène. 

Benjamin Suchar, co-fondateur et CEO de la société Worklife, pense que les employeurs gardent un rôle important : "Au cours des trente dernières années, il était facile pour les entreprises d’ajuster les salaires à la seule productivité, l’État garantissant le maintien du pouvoir d’achat par des baisses d’impôts, de cotisations sociales, etc. Aujourd’hui, les entreprises ont un rôle bien plus important à jouer pour le maintien du pouvoir d’achat des Français." Pour aider leurs salariés, de nombreuses entreprises choisissent de mettre en place des dispositifs avantageux. Exemptés de charges sociales et libérés de toute imposition, ils offrent un gain de pouvoir d’achat à moindre coût pour tous les acteurs.

Des aides variées

Les avantages fournis par les entreprises couvrent un large éventail de la vie quotidienne :

- Les transports : plébiscité par les entreprises, le forfait mobilités durables (FMD) permet de financer les mobilités douces à l’instar du vélo, du covoiturage ou des abonnements de transport en commun. Le montant de cette prise en charge peut aller jusqu’à 600 € par an et par salarié.

- Service à la personne : pour des gardes d’enfants, améliorer le quotidien des salariés, la prise en charge de quelques heures de ménage ou pour accompagner une personne âgée ou handicapée via des chèques cesu, etc. Les entreprises peuvent financer jusqu’à 1 830 € par salarié par an en bénéficiant d’exonération de charges sociales et également d’un crédit d’impôt complémentaire de 25 %.

- Bureautique et informatique : la généralisation du télétravail engendre de nouveaux coûts compensés par les employeurs. L’allocation de télétravail, également exonérée de charge, concerne toutes les dépenses liées au télétravail (changement de matériel informatique, équipement Internet, mais aussi dans certains cas, le chauffage et l’électricité). En l’occurrence, l’entreprise peut rembourser jusqu’à 50 % de la box Internet ou des consommations électriques sur présentation de justificatifs.

- Titres restaurants : avantage préféré des Français, l’entreprise les finance à hauteur de 50 à 60 %. Vous pouvez recevoir jusqu’à l’équivalent de 2 000 € par an, au-delà les titres ne font plus l’objet d’exemption de cotisations sociales.

Les entreprises peuvent également proposer des avantages pour vous aider à payer un abonnement dans une salle de sport ou prendre un coach. Elles ont la possibilité de fournir, aux commerciaux en particulier, un crédit mobilité ou une carte essence pour remplacer les voitures de fonction. Sans oublier la prise en charge d’une partie de la mutuelle, dans le cadre d’accords d’entreprise.

Attention, aucun de ces dispositifs ne vont de soi : l’État incite sans obliger. "Les rapports entre entreprises et salariés évoluent", considère Benjamin Suchar. "L’entreprise doit pouvoir montrer qu’elle accompagne ses salariés. Ces avantages concrets lui permettent de donner du sens à sa relation avec eux. Mieux, ces aides ne sont facturés que si les employés les utilisent." En cumulant ces avantages, le salarié peut se retrouver avec un ou deux mois de salaire supplémentaire. Worklife se propose de regrouper ces avantages en une seule carte de paiement à présenter dans les commerces dédiés. "Si vous avez 20 € sur votre carte restaurant, vous pourrez payer avec Worklife avant de payer votre nourrice dans la foulée", explique Benjamin Suchar.

Le CSE à la rescousse

Le panel d’outils ne s’arrête pas là. Certaines entreprises mettent à disposition de leurs collaborateurs des prises de participation. Ces titres, finançant le capital, offrent aux bénéficiaires un portefeuille d’actions rémunératrices à long terme. D’autres préfèrent donner de l'intéressement : il s’agit d’un plan d'épargne salariale permettant de verser aux salariés une prime proportionnelle aux résultats ou aux performances de leur entreprise. Ce dispositif encourage les salariés à s'impliquer dans la réalisation des objectifs de l'entreprise.

Enfin, la loi impose aux entreprises de plus de 50 salariés d’ouvrir un Comité économique et social (CSE). Il fait bénéficier les salariés d'avantages en nature : chèques, cartes cadeau, bons plans, réductions, etc., et des avantages liés à l'entreprise. La taille de l'entreprise ainsi que le secteur d'activité fixent la teneur des fonds alloués. "L’entreprise n’a plus la main, le CSE dispose de son propre bureau qui décide de la manière dont il utilise son budget", commente Benjamin Suchar. Le CSE se sert de ses propres fonds et d’un budget d’œuvre social alloué par son entreprise, devant correspondre à 0,2 % de sa masse salariale brute (0,22 % pour les entreprises de plus de 2 000 salariés).


Geoffrey LOPES

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