Un projet d'arrêté ministériel pourrait légaliser les "dark stores", ces entrepôts ouverts par les acteurs de la livraison rapide de courses à domicile.La perspective inquiète la mairie de Paris, qui tente de les réguler.
Le gouvernement prévoit de régulariser les "dark stores". C'est en tout cas ce que laissent entendre un projet de décret et un projet d'arrêté en cours d'élaboration. Selon le ministère délégué à la Ville et au Logement, ils visent à "mieux encadrer le développement des dark stores, dark kitchen" et "clarifier le statut de ces locaux".
Une nouvelle qui contrarie la mairie de Paris. Voilà plusieurs mois que la capitale hausse le ton contre ces entrepôts fantômes, des lieux ouverts par les acteurs de la livraison rapide de courses à domicile, considérant qu'ils ne respectent pas les règlementations en matière d'urbanisme. Emmanuel Grégoire, premier adjoint PS à la mairie de Paris, chargé de l'urbanisme, a tweeté samedi son "inquiétude" et son "incompréhension".
⚠️ #Darkstore Nous découvrons avec beaucoup d’inquiétude et d’incompréhension un projet d’arrêté du DHUP qui légalise de fait les darkstores. Un simple point de collecte suffira pour être considéré comme un commerce 1/2 @OliviaPolski @BGomes_75 pic.twitter.com/4omMOHmtg6 — Emmanuel Grégoire (@egregoire) August 13, 2022
Ces "dark stores" sont considérés par la mairie comme des entrepôts, alors que les locaux dans lesquels ils ont été installés sont le plus souvent des locaux commerciaux. Or, entrepôts et commerces n'ont pas les mêmes impacts en matière de nuisance et d'animation de quartier. Et nombreux sont les riverains qui se plaignent des désagréments générés, notamment par le va-et-vient des livreurs, à scooter ou à vélo.
Au-delà des nuisances, en achetant de nombreux locaux commerciaux, la municipalité redoute que ces marques participent à l'inflation immobilière, et fassent de l'ombre aux commerces de proximité. D'autant que les conditions de travail de ces livreurs sont régulièrement pointées du doigt.
"Une intense campagne de lobbying s'est jouée"
Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS) à la mairie de Paris
Dans Le Parisien, Emmanuel Grégoire dénonce "une intense campagne de lobbying". L'élu de la capitale assure qu'avec cet arrêté, "un simple point de collecte suffira pour être considéré comme un commerce" et craint que les "dark stores" échappent ainsi aux réglementations mise en place par la ville.
Un texte "pas définitif"
Il demande "au gouvernement de suspendre ce projet et de convoquer une réunion de travail spécifique sur ce sujet avec France Urbaine et les grandes villes concernées". Mais le ministère assure que ce texte n'est "pas définitif" et fait l'objet d'une "concertation".
Le projet "a été soumis en juillet à la consultation des différentes parties prenantes (collectivités locales et professionnels concernés). Cette consultation a permis de recueillir les premiers retours et les différentes propositions des parties prenantes sur le texte", selon la même source.
"Dans les prochaines semaines, le travail d'adaptation du texte et de concertation des acteurs concernés va se poursuivre afin de concilier au mieux les différents enjeux", a-t-on ajouté.
En juin, la mairie de Paris avait annoncé vouloir infliger, d'ici début juillet, les premières pénalités financières aux "grands acteurs" de la livraison de courses rapides à domicile. Dans Le Parisien, le bras droit d'Anne Hidalgo a précisé qu'"une cinquantaine de procès-verbaux sont en attente d’une instruction par le tribunal". Les dark-stores non-autorisés risquent une astreinte financière de 500 euros par jour et de 25.000 euros maximum par entrepôt.
La capitale compterait désormais, selon Emmanuel Grégoire, une centaine de ces commerces, qui ont connu un essor depuis les restrictions de déplacement dues à l'épidémie de Covid-19. En 2021, ces plateformes ont connu une croissance de 86%, portant leur chiffre d'affaires à 122 millions d'euros. Pour autant, selon l'Institut de Recherche et d'Innovation, seulement 1,7% des Français, et 13% des Parisiens, y ont eu recours cette année-là.
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