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Non, les salaires dans l'hôtellerie et la restauration n'ont pas bondi de 16% cette année

Publié le 22 décembre 2022 à 16h04

Source : JT 20h Semaine

La ministre Olivia Grégoire note qu'il manque 200.000 personnes dans les métiers de l'hôtellerie et de la restauration.
Pourtant, assure-t-elle, les salaires dans ces branches ont été revalorisés de 16% en 2022.
Une affirmation trompeuse, l'évolution des grilles salariales ne s'est pas traduite par des augmentations aussi significatives sur les fiches de paie.

Dans la restauration et l'hôtellerie, les chefs d'entreprise peinent à recruter depuis de longues années. Un constat que ne conteste pas leur ministre de tutelle, Olivia Grégoire, en charge des Petites et Moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme. Sur France Info, elle a évalué à 200.000 le nombre de postes à pourvoir dans ces deux secteurs d'activité. N'est-ce pas le résultat de salaires trop faibles, lui demande-t-on ? La représentante du gouvernement n'en est pas convaincue et estime que la situation est "un peu plus complexe que ça". Elle en veut pour preuve une "augmentation de salaire de 16%" cette année dans "l'hôtellerie et de la restauration". La réalité est pourtant beaucoup plus nuancée, avec des hausses réduites, voire nulles, pour de très nombreux salariés.

Des grilles salariales qui se trouvaient sous le smic

La ministre n'a pas menti en évoquant une progression des salaires de 16% : en décembre 2021, les organisations patronales ont acté un montant moyen d’augmentation moyen de 16,33% sur toute la grille salariale des salariés de l'hôtellerie et de la restauration, avec et une rémunération minimum supérieure à 5% du smic dès le premier niveau. 

Cela ne signifie pas pour autant que tous les salariés ont vu bondir les montants sur leur fiche de paie dans de telles proportions. Et pour cause : jusqu'à présent, les salaires minimums fixés dans ces branches se trouvaient en dessous du smic. En pratique, cela ne signifie pas que des salariés se voyaient rémunérés à des niveaux inférieurs à ceux fixés par la loi, puisque les employeurs étant tenus de combler la différence sous peine de sanctions. TF1info consacrait un article à ce sujet l'an passé, rappelant que maintenir des minimas plus bas n'était pas sans incidence, sachant qu'il en découle un impact direct sur la grille globale des salaires et pénalisant notamment l'avancement. "À chacune de ses revalorisations, le smic rattrape, ou même dépasse, les plus bas niveaux de salaires conventionnels des grilles salariales des branches professionnelles", note d'ailleurs la Dares.

Les salariés des bars, hôtels et restaurants, nombreux à être rémunérés au smic, n'ont donc pour pas tous bénéficié de hausses proches des 16%. Pour eux, la hausse était alors plutôt de 4% environ. Seuls ceux qui se trouvaient à des échelons supérieurs (prévoyant des salaires supérieurs au smic dans les anciennes grilles) en ont profité dans ces proportions. Libération souligne à raison qu'avec l'augmentation du smic décidée cet été, le premier niveau de la grille de l’hôtellerie-restauration est repassé sous le salaire minimum (11,01 euros brut contre 11,07 euros brut). Un écart qui doit encore s'accentuer au 1er janvier 2023, puisque le smic horaire brut sera de 11,27 euros. Il deviendra alors supérieur à trois échelons des grilles salariales de l'hôtellerie et la restauration.

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Thomas DESZPOT

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