Nucléaire : de nouvelles fissures sur deux réacteurs

par Annick BERGER avec AFP
Publié le 10 mars 2023 à 9h45

Source : JT 20h Semaine

L'Autorité de sûreté nucléaire a annoncé la découverte d'un nouveau défaut sur une soudure de tuyauterie de secours dans deux réacteurs.
Des fissures "non négligeables" repérées après celle détectée sur le réacteur de Penly 1, en Seine-Maritime.
Ces défauts pourraient bouleverser le calendrier de maintenance des centrales françaises.

EDF pensait pouvoir sortir la tête de l'eau en fin d'année dernière, mais en ce mois de mars, les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'électricien. Jeudi 9 mars, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé qu'un autre défaut "non négligeable" dû à un phénomène dit de fatigue thermique sur une soudure d'une tuyauterie de secours avait été détecté dans deux réacteurs. Le premier est le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) et le second est le réacteur 3 de la centrale de Cattenom, en Moselle.

Dans sa note mise à jour jeudi, l'ASN précise que des contrôles "ont permis de détecter la présence de fissures de fatigue thermique", sur des conduites d'urgence "considérées comme sensibles à la corrosion sous contrainte". À Penly 2, la fissure mesure 57 mm de long, représentant moins de 10% de la circonférence, pour une profondeur maximale de 12 mm. "Ce n'est pas anodin, il s'agit d'une profondeur non négligeable", a indiqué à l'AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN. L'autre fissure a été repérée à Cattenom 3, longue de 165 mm (représentant environ le quart de la circonférence) pour une profondeur maximale de 4 mm. 

La crainte de nouveaux retards

Les défauts découverts jeudi ne sont pas dus au phénomène de "corrosion sous contrainte" connu depuis octobre 2021 - et qui a largement fragilisé la production d'électricité nucléaire française en pleine crise de l'énergie - mais à celui de fatigue thermique, qui apparaît sur les aciers inoxydables quand une pièce est soumise à des variations de températures. Si le phénomène est "bien connu et surveillé de longue date", selon EDF, il n'était pas attendu sur la zone de la tuyauterie où il a été découvert, prévient l'ASN. "Cela ne change pas le programme de contrôles à court terme, mais EDF devra adapter son programme de maintenances pour inclure les contrôles sur la fatigue thermique sur des zones plus larges", a indiqué Julien Collet.

Ce nouveau défaut est un coup dur supplémentaire pour EDF et sa découverte intervient deux jours après la révélation d'une fissure de taille encore jamais vue dans le réacteur de Penly 1, sur une conduite d'urgence servant à inonder d'eau le réacteur en cas d'accident nucléaire. Une fissure qui s'étend sur "155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm", avait détaillé l'ASN. Un défaut dû, cette fois, au phénomène de corrosion sous contrainte.

Face à ces découvertes, EDF doit remettre à l'ASN une stratégie de contrôle révisée dans les prochains jours. Au total, l'électricien va devoir vérifier 200 soudures dans l'ensemble de son parc. De quoi provoquer potentiellement des arrêts prolongés de réacteurs et soulever des incertitudes sur la production nucléaire en 2023 après une année 2022 déjà catastrophique pour l'électricien durant laquelle une part importante de ses 56 réacteurs ont été mis à l'arrêt pour des opérations de contrôle ou de maintenance. 

Suite à ces problèmes, l'an passé, EDF a déploré une production au plus bas depuis 1988, entraînant une perte de 18 milliards d'euros malgré la flambée des prix de l'énergie. Selon une étude du World Nuclear Industry Statut Report, la disponibilité des centrales en France a atteint un plus bas historique à 54% contre 73% en moyenne sur la période 2015-2019 et le nucléaire n'a représenté que 62,7% de la production électrique en France contre 69% en 2021 et plus de 70% auparavant.


Annick BERGER avec AFP

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