ZOOM - Une panne dans les serveurs de l'hébergeur OVHcloud a paralysé ce mercredi les activités de nombreux de ses clients. LCI vous en dit plus sur cette société dont dépend la survie de beaucoup d'entreprises.
Ce mercredi matin, de nombreuses entreprises ont vu leurs activités paralysées. Indisponibilité de leurs sites internet, impossibilité d'accéder à leurs emails, voire à leur ligne téléphonique... Toutes ont été victimes d'une panne géante affectant les serveurs de l'hébergeur OVHcloud. Ces dysfonctionnements ont persisté jusqu'à 10h30 et s'expliquent, selon le fondateur et président d'OVHCloud Octave Klaba, d'une "erreur humaine".
Cette panne intervient dix mois après l'incendie qui avait entièrement détruit l'un des quatre "data centers" d'OVHcloud installés à Strasbourg, impactant au total 12.000 à 16.000 clients. Le portail du Centre Pompidou ou la plateforme d'accès aux données publiques data.gouv.fr avaient notamment été rendus inaccessibles pendant quelques heures. Des clients d'OVHcloud étant eux-mêmes hébergeurs, la panne avait affecté, selon la société américaine Netcraft, 464.000 noms de domaines distincts (dont 59.600 français) et 3,6 millions de serveurs web liés à OVHcloud.
OVHcloud, une "success-story" française
OVHcloud a été fondée à Roubaix en 1999 par Octave Klaba. Né en Pologne, il est arrivé en France à 17 ans et décroche sa place dans une école d’ingénieur lilloise où il crée une association de webmasters. Apprenant par la suite que l'hébergeur américain de cette association met la clé sous la porte, l'étudiant décide de récupérer ses clients français. Après des débuts difficiles, le passionné d'informatique parvient à obtenir un appui de Xavier Niel, le fondateur de Free. Grâce à ce soutien et à l'ouverture de leur capital à des fonds d’investissement, le groupe français s'impose comme un véritable hébergeur de sites web.
En 2017, le groupe bascule dans une autre dimension en rachetant la division cloud (informatique dématérialisée) du géant américain VMware et en ouvrant, pour y parvenir, son capital. Des fonds d’investissement privés injectent 250 millions d’euros dans l’entreprise roubaisienne, la valorisant à plus d’1 milliard d’euros grâce auxquels OVHcloud a pu construire une offre européenne sur le marché du cloud largement dominé par les géants américains tels qu'Amazon, Microsoft ou Google. Les fournisseurs de cloud mettent à la disposition de leurs clients les énormes capacités informatiques de leurs centres de données, avec un avantage en termes de coût et d'adaptation permanente aux variations des besoins en puissance de calcul et de stockage.
L'hébergeur est aussi l'un des ténors de Gaia X, l'initiative franco-allemande pour défendre la maîtrise de l'Europe sur ses données. Il a par ailleurs été cité comme un recours à Microsoft pour gérer le futur entrepôt français de données de santé ("Health Data Hub").
Par ailleurs, l'entreprise s'illustre dans la conception et la fabrication de ses serveurs dans ses deux usines installées à Croix (Nord) et au Québec. Selon l'entreprise, l'usine de Croix produit environ 70% du parc global de serveurs, "en circuit court". Le "système innovant" de refroidissement des serveurs développé par OVHcloud permet lui "d'utiliser 30 à 50% de moins d'électricité que les concurrents", et d'être "plus compétitifs", avait par ailleurs vanté le directeur général Michel Paulin lors d'une visite de la ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, en août dernier.
Basée à Roubaix (Nord), la société emploie aujourd'hui plus de 2400 salariés et réalise 632 millions d'euros de chiffre d'affaires. Octave Klaba, lui, s'est hissé au quatrième rang des plus grandes fortunes de France.
Une entrée en bourse haute en symbole
Figurant parmi les dix premiers acteurs mondiaux du cloud, OVHcloud doit faire son entrée en Bourse vendredi avec une levée de fonds espérée à 350 millions d'euros, pour une valorisation de l'entreprise entre 3,5 et 3,75 milliards d'euros. Octave Klaba et sa famille resteront largement majoritaires à l'issue de l'opération.
Les dirigeants du groupe prévoient un taux de croissance des ventes de 25% à l'horizon 2025, mais ont prévenu qu'il n'y avait pas de distribution de dividendes prévue pour les futurs actionnaires, le groupe voulant se concentrer avant tout sur l'investissement, avec 2 milliards d'euros prévus sur la période 2020-2025.
Par cette entrée en Bourse, OVHcloud devrait faire la fierté du gouvernement, qui place beaucoup d'espoirs politiques dans la réussite de la "start-up nation". Le groupe rejoindra l'éditeur de logiciels Dassault Systèmes, qui s'était lancé à la Bourse de Paris en 1996 et fait aujourd'hui partie de l'indice vedette CAC 40, ou le spécialiste du ciblage publicitaire Criteo, longtemps figure de proue de la "French tech" à la suite de son entrée en fanfare sur le Nasdaq américain en 2013, même si son étoile a depuis un peu pâli.
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