Stations à sec : 5 questions pour comprendre la "pénurie" de carburant

Publié le 5 octobre 2022 à 23h00, mis à jour le 6 octobre 2022 à 17h27

Source : JT 20h Semaine

Ces derniers jours, certains automobilistes ont dû se rendre à plusieurs stations-service avant de pouvoir faire le plein.
Le porte-parole du gouvernement a cependant assuré qu'il n'y avait "pas de pénurie, mais des tensions".
Ce jeudi, "85% des stations fonctionnent normalement", selon un bilan du gouvernement.

Files d'attentes devant les stations-service, des transports scolaires qui ne passent plus... le manque de carburants se fait ressentir dans certaines régions de France. Pourtant, pour Olivier Véran, il n'y a pas de situation de pénurie, le porte-parole du gouvernement appelant par conséquent les automobilistes à éviter "l'effet de panique". Il a tout de même reconnu "des tensions" dans l'approvisionnement de certaines stations. On fait le point sur la situation.

Quel est l'ampleur du phénomène ?

Le porte-parole du gouvernement s'est évertué à l'issue du conseil des ministres à minimiser la situation, assurant à plusieurs reprises qu'il n'y avait pas de pénurie générale. Plus d'une station-service sur 10 est malgré tout privée de carburant ou d'une partie d'entre eux, notamment de gazole, impactant le secteur des transports routiers et le monde agricole. Cela représente plus précisément 12% des stations dans le pays. L'enseigne TotalEnergies serait particulièrement concernée.

Selon un bilan actualisé ce jeudi après-midi par le ministère de la Transition énergétique, "85% des stations fonctionnent normalement" sur l'ensemble du territoire, soit 15% de station qui rencontrent des difficultés d'approvisionnement. 

Des régions sont-elles plus concernées ?

Si tout le territoire semble concerné par des "tensions" d'approvisionnement, comme a pu le définir Olivier Véran lors de sa conférence de presse réglementaire à l'issue du Conseil des ministres, les situations sont variables selon les endroits en France. Ainsi, en début de semaine, de nombreuses stations-service étaient concernées en Ile-de-France, mais aussi à Marseille.

La région des Hauts-de-France serait cependant la plus touchée, avec un pourcentage de stations services impactées qui grimpe à 30%. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, la situation est particulièrement difficile dans les secteurs autour d'Arras et Béthune. Cela a d'ailleurs conduit le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, d'interpeller le gouvernement sur la question, décrivant des files d'attente aux stations-service et des transports scolaires perturbés. 

Quelles sont les causes ?

Plusieurs raisons expliquent que certaines stations-service soient en partie ou totalement à sec. Tout d'abord, selon TotalEnergies, la remise à la pompe de 20 centimes par litre que le groupe a mis en place aurait entrainé "une affluence importante", les carburants y étant moins chers. À cela s'ajoute un mouvement de grève pour les salaires au sein de la compagnie d'hydrocarbures, qui entrent dans sa deuxième semaine de mobilisation.

Car si certains sites de TotalEnergies ont stoppé le mouvement, il a été reconduit mercredi dans la raffinerie de Normandie, près du Havre, la plus importante de France, qui représente à elle seule 22% du raffinage dans le pays. Le mouvement a également été reconduit à la "bio-raffinerie" de La Mède (Bouches-du-Rhône), et au dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque. La CGT affirme par ailleurs que la grève pour les salaires se poursuit aussi dans les deux raffineries françaises du groupe Esso-ExxonMobil, en Seine-Maritime et dans les Bouches-du-Rhône. Les deux sites seraient "toujours à l'arrêt total".

Combien de temps cette situation va durer ?

Aucune prévision n'a été donnée par les différentes autorités sur une régularisation de la situation, mais pour Olivier Véran, les tensions "sont temporaires" et "tout est mis sur la table pour faire en sorte qu'elles soient résorbées". Dans un communiqué, le préfet des Hauts-de-France affirme vouloir "rétablir au plus vite une situation normale" dans le Nord, expliquant avoir puisé dans ses "stocks stratégiques".

 Par ailleurs, TotalEnergies a assuré "se mobiliser pour réapprovisionner le réseau grâce à des moyens logistiques supplémentaires". La compagnie a souligné qu'il n'y avait "pas de manque de carburants" et que les réapprovisionnements se faisaient grâce à des "stocks" constitués et des "imports réguliers". Cela permettrait de fournir à nouveau en carburants les stations services à sec. Parallèlement, rien n'a été précisé concernant le mouvement de grève, qui se poursuit donc sur plusieurs sites de TotalEnergies.

Des mesures supplémentaires ont-elles été prises ?

Face au manque de carburants à certains endroits, des mesures supplémentaires ont été prises pour réguler la demande. Afin d'éviter tout problème de "surconsommation", la vente et l'achat de carburant dans des jerricans et bidons a été interdite dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme. 

Les autorités ont aussi demandé aux exploitants de certaines stations nordistes "de mettre en place un accès prioritaire" pour les "transports sanitaires", les médecins et les infirmiers. Le préfet se réserve le droit par ailleurs de procéder à la réquisition de certaines stations essence pour les véhicules prioritaires "en cas de dégradation de la situation".

Dans le Nord, la préfecture a appelé jeudi matin les habitants "à faire preuve de civisme et de solidarité", tout en assurant que "les prochains approvisionnements et la mise à disposition des stocks stratégiques devraient détendre la situation pour les jours qui viennent"

Mais de manière générale, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s'est voulu rassurant, appelant à éviter "l'effet de panique". Selon lui, lorsqu'"on vous dit que vous risquez de manquer de quelque chose, tout le monde se précipite" dans les stations. "Je vous assure que ce n'est pas nécessaire", a-t-il ajouté.


Aurélie LOEK

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