La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé mardi le versement "à la rentrée" d'une aide destinée aux plus modestes pour contrer l'inflation.Selon une source gouvernementale, son montant oscillera entre 100 et 150 euros.Ce dispositif est-il suffisant ? La multiplication des aides risque-t-elle de générer encore plus d'inflation ? Pascal Perri, spécialiste économie de LCI, nous éclaire.
Face à l'inflation, le gouvernement retrousse ses manches. Alors que les prix continuent de grimper, la Première ministre Elisabeth Borne a fait savoir mardi qu'une aide destinée aux ménages les plus modestes serait versée "à la rentrée", directement sur leur compte en banque. D'après une source gouvernementale à TF1/LCI, son montant oscillera entre 100 et 150 euros. Cette nouvelle indemnité inflation dépendra de la composition des familles, et prend la place d'un chèque alimentaire plus spécifique, devenu un casse-tête pour l'exécutif.
Ce dispositif s'ajoute aux chèques et ristournes déjà annoncés par le gouvernement ces derniers mois, tandis que l'inflation bat toujours des records. Est-il suffisant ? La multiplication des aides de l'État risque-t-elle de générer encore plus d'inflation ? Qui finira par les payer ? Pascal Perri, éditorialiste économique de LCI, répond à TF1info.
Le gouvernement va mettre en place une nouvelle aide pour les plus modestes. Bonne idée ?
Cette mesure ne permettra pas de lutter contre l'inflation, mais plutôt de réduire son impact sur le pouvoir de vivre des plus modestes. En réalité, il s'agit d'un pansement en matière de pouvoir d'achat. Le gouvernement a privilégié cette solution au chèque alimentaire, qui posait plusieurs difficultés, notamment le public visé et ses modalités de versement. Le dispositif annoncé est plus clair : il concerne les familles modestes, le nombre d'enfants est pris en compte, et le versement arrivera directement sur le compte des bénéficiaires. Deux des difficultés liées aux modalités de mise en œuvre du chèque alimentaire ont été réglées.
La France s'habitue peu à peu à la morphine économique
Pascal Perri
La multiplication des aides pour réduire les effets de la hausse des prix ne risque-t-elle pas de nourrir l'inflation ?
Je ne pense pas. Ce nouveau dispositif n'est qu'un coup de pouce réservé à quelques millions de personnes, il n'est pas assez puissant pour générer de l'inflation, pas plus que les autres aides. Il y aurait un risque d'inflation en cas d'augmentation massive et rapide des salaires. Si tel était le cas, alors les coûts de production augmenteraient à leur tour, puis les prix, puis les salaires. Nous entrerions alors dans une spirale inflationniste durable.
En revanche, la France s'habitue peu à peu à la morphine économique. En plus du chèque inflation, l'État apporte un coup de pouce sur le carburant, le gaz, l'électricité... Cela commence à faire beaucoup de dispositifs dérogatoires qui vont habituer une partie de la population à vivre sous assistance respiratoire économique.
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a assuré ce mercredi que les Français ne paieront pas "plus d'impôts". Qui finira par financer ces dispositifs ?
D'après l'évaluation de la Fondation Ifrap, les dispositifs de soutien au pouvoir d'achat en 2021 et 2022 auront coûté environ 40 milliards d'euros à l'État. Mais l'État, c'est nous. Toutes ces aides se font au prix de l'endettement. Les mesures sont ainsi financées en puisant sur le droit de tirage de nos enfants et de nos petits-enfants. Et la dette d'aujourd'hui, c'est l'impôt de demain.
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