SOLIDARITÉ - Alors que les syndicats de la SNCF appellent à un mouvement de grève reconductible à partir de ce mardi 3 avril, la question de leur salaire se pose. Seront-ils indemnisés ? Comment vont-ils s'en sortir financièrement si la grève s'enlise ? On a posé la questions aux syndicats.
"La direction de la SNCF cherche à tuer les grévistes économiquement et socialement." Le ton du secrétaire général de la CGT Cheminots Laurent Brun est sec. Il s'agace notamment des "coups tordus et de la violence sociale" de la direction pour dissuader les cheminots de faire grève. "Cette stratégie vient du fait que la direction sait qu’elle ne peut plus convaincre les salariés sur le fond", lâche-t-il auprès de LCI.
Pour s’opposer au projet de réforme de la SNCF du gouvernement, les syndicats appellent les cheminots à entamer un mouvement de grève reconductible de deux jours sur cinq à partir des 3 et 4 avril, et ce jusqu’au 28 juin. Problème pour les syndicats : la direction a décidé de considérer la grève comme un seul mouvement et non une série de 18 préavis de grève, ce qui lui permettra de ne pas payer les jours de repos des grévistes.
"A notre sens, c'est illégal, assure Laurent Brun. Nous allons saisir l'inspection du travail (Direccte) pour abus." Une décision lourde de conséquences pour les salariés grévistes qui ne seront, par ailleurs, pas indemnisés par l'entreprise lors des jours de grève.
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Un jour de grève n’est pas payé et ça se passe à chaque fois
Service presse de la SNCF
Du côté de la SNCF, on assume tout. "Un jour de grève n’est pas payé et ça se passe à chaque fois, nous indique-t-on au service de presse. Sur l'autre point : pour pouvoir bénéficier du paiement des deux jours de repos hebdomadaire, il faut travailler cinq jours consécutifs. Or, si vous travaillez deux jours sur cinq, 40% du temps donc, vous serez payé 40% sur vos jours de repos".
Des caisses de grève pour indemniser les cheminots
Alors, comment s'organise les syndicats pour assurer un revenu minimum à leurs adhérents et aux cheminots grévistes. Plusieurs d'entre eux possèdent d'ailleurs des "caisses de grève". C'est le cas de la CFDT-Cheminots qui a une "caisse nationale d'assistance syndicale (CNAS) sur laquelle se trouve "plusieurs dizaines de millions d'euros". Le principe : à partir du deuxième jour de grève, tous les adhérents seront indemnisés à hauteur de 6,50 euros par heure de grève. "C’est une aide de solidarité qui couvre peu, mais tout le monde est logé à la même enseigne quel que soit le grade ou le salaire", assure-t-il.
Le syndicat FiRST possède également une caisse syndicale alimentée par les adhérents et a prévu d'indemniser les grévistes à hauteur de 27 euros par journée d'absence, et ce, dès la première journée de grève. *Si jusqu’à présent le fond est toujours parvenu à compenser toutes les journées de grève, le secrétaire général du syndicat Bernard Aubin assure qu'ils ne "tiendront pas un mois" cette année.
La CGT-Cheminots et Sud Rail possèdent également des "caisses de grève" mais n'étaient pas en mesure de nous en donner le montant où les méthodes d'indemnisation qui seront mises en place.
Une cagnotte à 45.000 euros
Outre ces aides syndicales, la solidarité populaire s'organise pour aider les cheminots. Bruno Poncet, membre du bureau fédéral SUD-rail, assure que pendant la manifestation du 22 mars, des dizaines de personnes sont venues les voir pour leur donner des billets de 20 ou de 50 euros. "Les gens disent qu'ils veulent soutenir les cheminots", explique-t-il à LCI.
Plusieurs cagnottes ont également été lancées sur Leetchi ou Le Pot Commun. Une trentaine d'écrivains, réalisateurs ou
universitaires, parmi lesquels Laurent Binet, Annie Ernaux ou Robert Guédiguian, ont lancé vendredi sur internet une "cagnotte" pour aider financièrement les cheminots en grève, qui "défendent un de nos biens communs". Ce jeudi, près de 45.000 euros avaient déjà été récoltés.