Les pêcheurs sont en colère : ils n'ont pas encore touché l'aide supplémentaire de 20 centimes par litre qui leur a été promise.Certains doivent souvent puiser dans leur trésorerie.
À Boulogne-sur-Mer, la grogne monte. Le prix du carburant a doublé cette année et les aides de l'Etat, promises il y a deux mois, ne sont toujours pas arrivées. Les pêcheurs perdent patience. "Si ça continue d'être aussi lent, à la fin de l'année, on ne sera plus là. Le problème sera vite réglé. S'il n'y a pas de solution que ce soit pour le gasoil ou pour la ressource, à la fin de l'année, on sera beaucoup à s'inscrire pour mettre nos bateaux à la casse", a prévenu Gaetan Delsart, patron du bateau de pêche "Adèle-Camille".
L'exaspération se ressent dans tous les ports français. "Comment ça se fait qu'il faut attendre encore des mois et des mois pour toucher les aides de l'Etat ? C'est inadmissible ! Ce n'est pas possible !", s'est insurgé un pêcheur breton. "Ça a toujours été des belles promesses. On sait très bien que ça ne viendra pas", a lancé un autre. Depuis deux mois, Emmanuel Le Saint et son fils Arthur, marins-pêcheurs sur le "Victor-Emmanuel", puisent sur leur trésorerie pour compenser les aides non versées. Pour un plein de gasoil, le calcul est vite fait : 4200 euros, à sortir tous les 15 jours.
La filière s'essouffle y compris dans les grands groupes. Christophe Collin, directeur de l'armement Bigouden à Guilvinec dans le Finistère, dirige onze chalutiers. Depuis mars, les sommes qu'il doit compenser sont colossales. "Ce sont des avances de trésorerie importantes. Pour le mois d'avril, on est de l'ordre de 86.000 euros d'avance de trésorerie. Dans le milieu maritime, beaucoup de gens ont commencé à avoir des soucis", a indiqué l'armateur.
Comment expliquer le retard des aides promises ? Les comités de pêche évoquent des complications au niveau européen. "Ce n'est pas une aide comme les autres, puisque la pêche est complètement intégrée dans la politique européenne. Donc, c'est extrêmement compliqué, car un État membre ne peut aider la pêche comme il le souhaiterait. Il doit avoir l'autorisation de l'Union européenne", a expliqué Olivier Le Nezet, président du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Bretagne. Le gouvernement promet un déblocage rapide. Mais pour l'heure, aucune date de versement n'est annoncée.
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