ÉCONOMIE - En un an, les compagnies aériennes ont perdu 315 milliards d'euros dans le monde. Le nombre de passagers a chuté de 60%. Selon une étude, la crise sanitaire va jouer le rôle d’accélérateur dans les mutations structurelles que connaît le secteur en Europe depuis 20 ans, au profit des low cost.
Les compagnies aériennes à bas coûts vont redécoller plus vite. "Certaines disposent d’une forte rentabilité qui va leur permettre de surmonter la crise de liquidité. Ce constat est particulièrement vrai pour l’ultra low cost, incarné par Ryanair et Wizz Air, qui disposent d’une large trésorerie et d’une grande flexibilité organisationnelle", selon une étude publiée par la Fondation pour l’Innovation Politique (Fondapol).
Cette crise sanitaire et surtout économique est inédite dans le secteur de l’aéronautique. Alors qu’il prévoyait de doubler le nombre de passagers, la crise du Covid-19 a stoppé cette ascension. Mais les compagnies low cost ont réussi à s’adapter avec toutefois des mesures radicales. Ryanair a ainsi supprimé 15% de ses effectifs, soit 3000 emplois sur 19.000, et ceux qui restent ont vu leur salaire baisser. Il a aussi renégocié les prix de location et d’achat des avions. Le travail a été flexibilisé que ce soit en termes de jours de travail ou de congés annuels. Les coûts de structure ont également été diminués avec là encore la suppression de 250 emplois administratifs et enfin une renégociation à la baisse des taxes.
Mais l’arme massive des compagnies low cost reste le prix de leur vol : 50 euros pour aller au Portugal par exemple. De plus Ryanair, par exemple, possède une trésorerie de 3,5 milliards d’euros contre une dette de 13 milliards d’euros pour Air France.
"De leur côté, les grands opérateurs historiques seront certes sauvés par leurs États mais risquent toutefois d’être marginalisés demain s’ils n’accélèrent pas la transformation de leur modèle économique sur le moyen-courrier", poursuit Fondapol. "Il y a une opportunité unique pour les compagnies historiques et les premières annonces d’Air France KLM, de British Airways et de Lufthansa démontrent leur prise de conscience".
Pour tirer son épingle du jeu, Air France compte sur sa compagnie low cost Transavia en proposant de nouveaux trajets à travers la France sans passer par Paris. "Transavia a repris certaines lignes vers Toulon, vers Biarritz, par exemple, qui étaient précédemment opérés par Air France. Notre objectif, c’est d’être positionnés cet été, c’est-à-dire très rapidement, pour être capable de positionner notre offre au moment où cette demande va repartir", affirme Nicolas Hénin, directeur général adjoint commercial Transavia France.
Les vols moyen-courriers privilégiés au sortir de la crise
En effet, les compagnies low cost proposent principalement des vols moyen-courrier à travers l’Europe et ce sont ces destinations qui seront privilégiées au sortir de la crise. "Les compagnies low cost sont très rentables sur les vols courts et les vols moyen-courriers et ça tombe bien pour elles puisque c’est ce qui va se rétablir en premier parce qu’il n’y aura plus de barrière sanitaire par exemple pour les vols domestiques ou vers l’Europe alors qu’à contrario, les compagnies traditionnelles marchent notamment avec les vols long-courriers, vers les États-Unis ou vers l’Asie", explique Xavier Tytelman, consultant aéronautique.
"A l’heure de la crise, il existe une fenêtre historique pour que les compagnies traditionnelles se réinventent et s’emparent des nouveaux sujets. Elles se trouvent aujourd’hui, comme le disent les Anglais, dans une situation de "burning platform", qui justifie comme jamais auparavant l’accélération des évolutions profondes de leur modèle de production sur le moyen-courrier", conclut l’étude. À la sortie de la crise, les compagnies aériennes à bas coûts pourraient donc favoriser le redémarrage et la croissance de certains aéroports français.
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