Selon une récente étude d'OpinionWay, 39% des Français souhaiteraient recevoir leur salaire en plusieurs fois dans le mois pour mieux gérer leurs dépenses.Ce chiffre monte à 61% chez les 18-24 ans.
Une solution pour mieux gérer la précarité ? Selon une étude OpinionWay réalisée pour "Rosaly", une start-up qui se dit spécialisée dans l’acompte sur salaire, plus d'un tiers des Français verraient d'un œil favorable l'étalement du versement de leur salaire, chaque mois. En d'autres termes, ils aimeraient recevoir leur paye en plusieurs étapes pour mieux gérer leurs dépenses. Ainsi, 39% d'entre eux aimeraient être payés toutes les deux semaines. Un chiffre qui monte à 61% pour les 18-24 ans. Plus d'un quart des habitants de l'Hexagone (27%) se disent également ouverts à l'idée d'un versement hebdomadaire. 19% des interrogés approuvent même le fait de recevoir des revenus chaque jour, en temps réel.
En pleine crise du pouvoir d'achat et dans un contexte de poussée inflationniste, diviser en plusieurs fois le versement du salaire permettrait de "mieux gérer son budget mensuel et d'éviter de se retrouver à découvert dès la première quinzaine d'un mois", estime Arbia Smiti, PDG de Rosaly, dans les colonnes du Parisien. D'ailleurs, 14% des Français ont déjà "divisé leurs revenus en quatre ou en cinq avec un budget défini pour chaque semaine", souligne OpinionWay dans son sondage. 23% des sondés pourraient y avoir recours à l'avenir. Ce nouveau système de versement séduit particulièrement les personnes gagnant moins de 2 000 euros par mois (49% d'entre eux souhaiteraient avoir leurs revenus tous les 15 jours pour faire face aux dépenses imprévues, 34% toutes les semaines et 25% tous les jours).
Irréalisable en l'état actuel du droit
Plusieurs pays anglo-saxons, comme l'Australie, les États-Unis ou le Royaume-Uni, ont déjà mis en place ce versement du salaire en plusieurs fois sur le mois. En revanche, plusieurs obstacles empêchent, pour l'instant, cette pratique dans l'Hexagone. Déjà, le Code du travail est très clair et impose la mensualisation pour que le salaire soit ainsi versé "une fois par mois", toujours à la même période. Toutefois, en cas d'urgence, un salarié peut demander un acompte, dont le montant maximal équivaut à la moitié de son revenu mensuel. Cette solution ponctuelle peut permettre d’éviter le découvert et/ou de souscrire un crédit à la consommation.
En outre, le versement du salaire en plusieurs fois pourrait générer un surcoût de 17 euros à 35 euros par fiche de paie et par salarié. Ce supplément, qui s'explique par le travail supplémentaire à fournir par les ressources humaines, pourrait, à la longue, peser sur la santé financière de certaines firmes. "Un bulletin de paie n’est pas juste un bouton sur lequel on appuie. Il y a vraiment une complexité derrière. Faire un bulletin prendra beaucoup plus de temps si on en a deux à faire", confirme à TF1 Joachim Machado, responsable des paies à Eurogroup Consulting.
À noter que l'employeur a, d'ores et déjà, l'obligation de verser la rémunération "au moins deux fois par mois" aux travailleurs saisonniers, temporaires et intermittents. C'est d'ailleurs pour cela que certaines plateformes étrangères, comme Deliveroo ou Uber, payent les livreurs à la semaine voire à la journée.