Pourquoi le géant français TotalEnergies s'accroche-t-il à la Russie ?

Léa Tintillier | Reportage Cyril Adriens-Allemand, Bruno Poiseul
Publié le 19 mars 2022 à 17h40, mis à jour le 21 mars 2022 à 9h42

Source : JT 20h WE

Des militants écologistes ont perturbé une table ronde à laquelle participait Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies.
Il est reproché au groupe de financer la guerre en Ukraine en restant en Russie.

"Guerre en Ukraine, Total complice". Voici l’un des messages qu’un collectif écologiste est venu brandir face à Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, en plein colloque sur l’Europe verte, à l’université de la Sorbonne à Paris, mardi 15 mars.  L’hymne de l’Ukraine a également été diffusé. 

"Les gouvernements européens ont décidé de continuer à prendre le gaz russe", s’est justifié Patrick Pouyanné. "Je n’ai pas le sentiment que nous financions la guerre en Ukraine. Évidemment, nous condamnons le plus fermement possible cette tragédie. Nous avons dit que nous obéirons à toutes les sanctions, quelle que soit la conséquence sur nos activités", a-t-il poursuivi. 

Contrairement à certains de ses concurrents comme Shell, ExxonMobil ou BP, qui ont annoncé leur intention de quitter la Russie, TotalEnergies a décidé de poursuivre ses activités, malgré la guerre en Ukraine. Le groupe, présent en Russie depuis 1991, est notamment actionnaire de la compagnie Novatek, deuxième plus gros producteur de gaz russe, dont il détient 19,4% du capital. 

Pas de nouveaux projets

"TotalEnergies est l’un des principaux investisseurs étrangers en Russie dans le secteur gazier. Donc on comprend bien que lorsqu’on a investi des milliards, couper court à ce type de projet, c’est un manque à gagner colossal pour l’entreprise", analyse l’économiste Stéphanie Villers, dans le reportage du 20 h de TF1 en tête de cet article. 

Si la Russie représente aujourd’hui 17% de la production d’hydrocarbures de l’entreprise française via ses sites de gaz et de pétrole à l’ouest du pays, l’activité la plus prometteuse reste celle du gaz liquéfié, développé en plein cercle polaire arctique. 30.000 ouvriers y travaillent jours et nuits par des températures pouvant aller jusqu’à -50 degrés. Le gaz y est extrait et transformé pour être transporté par d’immenses méthaniers brise-glace, en direction de la Chine ou de l’Europe. 

Si TotalEnergies entretient depuis une trentaine d’années des liens étroits avec la Russie, l’entreprise s’est engagée à ne plus financer de nouveaux projets. De son côté, Vladimir Poutine menace : les actifs des entreprises qui quittent le pays pourraient être nationalisés. 


Léa Tintillier | Reportage Cyril Adriens-Allemand, Bruno Poiseul

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