À partir du 15 octobre, les marins pêcheurs ne bénéficieront plus de la ristourne de l'État de 20 centimes par litre de gazole.Une annonce qui inquiète, comme l'a constaté le 13H de TF1 à Loctudy (Finistère).Nombre des professionnels rencontrés prédisent déjà qu'ils ne pourront pas faire face à l'augmentation des charges.
À la pompe, le prix du carburant marin ne cesse de grimper. "Donc, aujourd'hui, le prix du gazole est à 0,893 euro le litre", lance tout de go, Julien le Brun, lorsque les équipes du JT de 13H l'interrogent (voir le reportage en tête de cet article). Un tarif bien trop élevé pour cet armateur. "Nous, on est rentable à 0,50, voire 0,60 euro le litre. On arrive à avoir des salaires corrects, une rentabilité. On arrive à faire la trésorerie pour prévoir des pannes et des travaux futurs. Là, on est plus rentable", réagit-il.
Si ça continue à flamber comme ça, le prix du carburant, c'est évident qu'on va à la banqueroute, c'est certain.
Jean-François Guettier, patron-pêcheur
Jusqu'ici, les pêcheurs bénéficiaient d'une aide de 20 centimes sur le litre de gasoil. Tout juste de quoi se maintenir à flot. Pour autant, le secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville, a confirmé ce samedi la fin de ce soutien financier à compter du 15 octobre.
Alors sur les quais de Loctudy (Finistère), l'inquiétude grandit. "C'est catastrophique pour la filière. S'il n'y a pas une solution d'ici le 15 octobre, je ne pense pas qu'on va réussir à tenir nos gars, c'est pas la peine. N'importe quel salarié dans une entreprise, qui irait travailler sans salaire, je pense qu'il y aurait une révolte. À un moment donné, nous, ce sera pareil, malheureusement", ajoute Julien Le Brun.
Le coût du carburant représente au moins un tiers des ventes de cet armateur. Avec les charges qui augmentent en parallèle, les pêcheurs voient leurs revenus diminuer. "Nos salaires ont perdu 400 à 500 euros minimum et ça ne va pas s'améliorer, ça, c'est sûr. Si ça continue à flamber comme ça, le prix du carburant, c'est évident qu'on va à la banqueroute, c'est certain. Et il y a des familles derrière", déplore de son côté Jean-François Guettier, patron-pêcheur.
En contrepartie, le gouvernement a promis une enveloppe de 450 millions d'euros pour décarboner la filière. Une solution d'avenir, mais qui selon les professionnels ne répond pas à l'urgence de la situation. "La réalité du terrain : on n'est pas près de mettre un moteur à hydrogène dans ce type de bateau. Les projets dans dix ans, tant mieux, mais que restera-t-il dans dix ans si on perd 90% des marins à l'heure actuelle ? On va perdre tout un pan d'économies entre-temps", assure Stéphane Pochic, armateur.
Beaucoup de bateaux annoncent qu'ils resteront à quai le 15 octobre. Dans le sud Finistère, un emploi en mer équivaut à quatre emplois sur terre.