VIDÉO - Blocage du dépôt pétrolier de Lorient : "On va attendre d'avoir des nouvelles de l'État"

Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Paul Géli et Aurélie Jenssen
Publié le 16 mars 2022 à 9h57

Source : JT 13h Semaine

Plusieurs centaines de travailleurs des transports, de l'agriculture et de la pêche sont rassemblés depuis mardi matin à Lorient, dans le Morbihan, pour bloquer la raffinerie.
Ils réclament que l'État gèle la taxe intérieure sur les produits pétroliers.

Bruno Le Gallo dévisse le bouchon du réservoir de son camion : "c'est vide", déplore-t-il. Ce transporteur s'est garé ce mardi devant le dépôt pétrolier de Lorient, et il n'a pas l'intention de partir. "On va se mettre dans la cabine pour être au chaud quand il va commencer à faire frais ce soir, et on va attendre d'avoir des nouvelles de l'État", explique-t-il, déterminé, dans le reportage du 13H de TF1 visible en tête d'article.

Comme lui, routiers, pêcheurs, entrepreneurs de travaux publics ou encore agriculteurs sont venus par dizaines pour protester contre la hausse du prix des carburants, qui flambait déjà depuis plusieurs mois et a explosé ces dernières semaines suite à l'invasion russe en Ukraine, qui a percuté les marchés financiers. Dans certaines stations, l'essence et le gazole ont même franchi la barre symbolique des deux euros la semaine passée. 

Camions et tracteurs à l'arrêt campent devant le site, un feu nourri de plusieurs pneus est alimenté par les professionnels en colère. Les pêcheurs ont, quant à eux, laissé leurs navires à quai, car les sorties en mer ne sont plus rentables. Le plein de Florant Le Bolay coûte désormais 14.000 euros pour dix jours en mer, avec une répercussion directe sur les fiches de paie. Le salaire de ses matelots a été divisé par deux en quelques mois. 

"Payer pour travailler, ça ne va pas durer longtemps"

"Je suis très inquiet pour mon équipage, car ils ont des enfants et des crédits à payer. On ne peut pas travailler, on ne peut plus aller en mer. Si ça continue, il n'y aura plus de poissons sur les étals, et l'État français aura la mort de ses pêcheurs sur la conscience", fustige le patron pécheur, en dépit des promesses du gouvernement. "Nous ne laisserons pas tomber les pêcheurs", avait encore déclaré, mardi, Jean Castex lors d'un discours à la préfecture de Bretagne. Il avait promis la semaine dernière pour les pêcheurs "des mesures permettant un abaissement de leurs charges sociales et portuaires".

Même détresse dans le secteur agricole. Avec ses tracteurs, Yvon Le Callonec, entrepreneur de travaux agricoles, consomme 3000 litres de carburant par jour. Impossible donc pour lui d'absorber la hausse des prix. "Un commerçant ne peut pas vendre ses prestations à perte, c'est pourtant ce que l'on fait aujourd'hui", déplore-t-il. "Je perds de l'argent toutes les heures, dès que mon salarié et son matériel sortent de l'entreprise. Payer pour travailler, ça ne va pas durer longtemps."

Pour ces professionnels, la remise de 15 centimes par litre de carburant au 1er avril, annoncée par le gouvernement, ne suffit pas. Ils ont dans leur viseur la taxe sur le pétrole, et leurs revendications sont claires : "On demande juste de geler la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, ndlr), qui monte à 60 centimes sur le gazole, jusqu'au retour normal du prix du carburant", indique Norbert Guillou, dirigeant de travaux publics. Sans réponse du gouvernement, le blocus devrait se poursuivre dans les jours à venir. 

La préfecture du Morbihan a indiqué, de son côté, que la situation était "calme". Ce dépôt avait été bloqué pendant 18 jours en 2018 et dix jours en 2019 pour demander le maintien du "gazole non routier" (GNR) pour les professionnels.

À Brest également, une protestation a pris place, ce mardi, devant le dépôt pétrolier. Environ 200 personnes, dont une centaine de pêcheurs, étaient présentes dans la matinée devant le site aux abords duquel étaient garés une quarantaine d'engins, des camions et des tracteurs. Dans l'après-midi, le dépôt était toujours bloqué malgré le départ des pêcheurs partis manifester devant la préfecture à Quimper. 

Dans le Nord, la Coordination rurale a également organisé une action symbolique : une poignée de tracteurs ont fait le plein ensemble à Avelin, au sud de Lille, pour alerter sur leurs "trésoreries exsangues". En Ardèche et en Haute-Loire, ce sont deux stations-service qui ont choisi de faire la grève du carburant face à la hausse des prix "injustifiée" selon elles.


Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Paul Géli et Aurélie Jenssen

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