"On est acculés" : les producteurs de pommes tirent la sonnette d'alarme face à la flambée des prix

TF1 | Reportage Linda Huré, Henri Paul Amar
Publié le 14 janvier 2023 à 16h02

Source : JT 13h WE

La hausse des prix de l'énergie et du coût de la main d'œuvre touche de plein fouet les arboriculteurs.
Parmi les professions les plus touchées : les producteurs de pommes.
Pour mettre en lumière leurs difficultés, plusieurs ont symboliquement arraché certaines de leurs arbres.

Des prix de l'énergie qui flambent, le coût du carburant qui augmente et une main d'œuvre de plus en plus cher. Le monde de l'agriculture souffre face à l'envolée des prix. Et parmi les secteurs les plus touchés : les fruits et légumes. Face à la situation, dans les Hautes-Alpes, des producteurs de pommes ont décidé de frapper un grand coup pour dénoncer leurs conditions de vie et la difficulté de parvenir à joindre les deux bouts à la fin du mois.

Sur la commune d'Orpierre, plusieurs ont décidé de couper des arbres, plantés pour certains il y a plus de 30 ans. Laurent Gabet, qui possède 40 hectares d'exploitation avec son frère, a décidé d'en tronçonner huit dans les jours à venir. "Vous coupez votre patrimoine familial, vous coupez votre outil de travail, c'est 35 ans de labeur, de larmes, de tout ce que vous voulez qu'on met par terre", dénonce celui qui se compare à "un capitaine d'un bateau qui fait un trou dans la coque parce qu'il n'a pas le choix".

Pour les deux exploitants, impossible de faire face à l'augmentation des coûts de l'électricité, du gazole ou encore de la main d'œuvre. "On est acculés. On a les charges qui augmentent, donc aujourd'hui, on préfère arracher", explique de son côté Pierre Gabet. D'autres producteurs du département se sont déplacés pour participer à cette opération coup de poing alors que tous estiment perdre entre 5 et 10.000 euros par hectare exploité aujourd'hui. "On a pris 40% sur les transports, on a pris 300% sur les palettes, on a pris, entre 300 et 1200% sur la partie énergie et la pomme est un produit qui est en déflation", c'est-à-dire qu'elle se vend de moins en moins cher, explique Thomas Philippe arboriculteur dans les Hautes-Alpes.

Devant des élus et le préfet du département, les producteurs demandent un prix d'achat plus élevé de 20 centimes pour les fruits. Une demande à laquelle se dit sensible Dominique Dufour, le préfet du département qui rappelle que "l'arboriculture représente plus de 40% de l'économie" du territoire. "Voir des agriculteurs arracher leurs propres plants n'est pas satisfaisant", admet ainsi le représentant de l'État.

Avec leur opération coup de poing, les arboriculteurs entendent également faire pression sur la grande distribution et les centrales d'achat pour qu'elles augmentent leurs tarifs pour le kilo de pomme. Aujourd'hui, il s'échange à environ 2,65 euros, mais peut descendre à 1,2 euro. Les professionnels demandent une hausse de 20 centimes indispensable pour permettre à ces producteurs de continuer à faire vivre leur exploitation.

Les professionnels des Hautes-Alpes ne sont pas les seuls à alerter les autorités sur leur situation. Dans les Pays de la Loire, plusieurs producteurs ont aussi manifesté ce samedi 14 janvier pour alerter sur leur situation, pointant que la sécheresse a réduit de 20% leur taux de production. Les arboriculteurs de l'Hexagone demandent également à l'État d'instaurer un bouclier tarifaire alors que la France compte 5000 exploitations de pommes à travers son territoire. 


TF1 | Reportage Linda Huré, Henri Paul Amar

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