Pour la première fois depuis 20 ans, un euro valait 0,99 dollar lundi.Cet affaiblissement de la monnaie européenne par rapport au billet vert n’a cependant pas que des inconvénients.Pour certaines entreprises françaises, c'est même une aubaine.
Les incertitudes que traverse l’économie européenne, et par conséquent sa monnaie, ne sont pas partagées par tout le monde. Car face à une monnaie unique faible face au dollar, certaines entreprises françaises en profitent. C’est le cas de Michel Chapoutier, producteur et négociant en vin. Il vend une partie de ses bouteilles aux États-Unis. Avec un euro bas - il est tombé à 0,9878 dollar lundi, une première depuis 20 ans -, ses clients américains peuvent se permettent d’acheter plus de produits, augmentant par conséquent les ventes du producteur.
Ceux qui exportent aux États-Unis : les grands gagnants d'un euro faible
"C’est-à-dire pour la même somme d’argent, au lieu d’acheter douze bouteilles, il en aura quatorze", explique-t-il dans le reportage de TF1 en tête de cet article. En effet, pour acheter du vin français, les Américains doivent convertir leurs dollars en euros. Face à une monnaie européenne basse, ils obtiennent plus en euro pour un dollar, et se permettent donc d'augmenter leurs achats en France.
"Premier semestre 2022, la France viticole, fait plus 17% d’exportations vers les États-Unis", souligne ainsi Michel Chapoutier. Au-delà des vignerons, tous les Français qui vendent outre-Atlantique sont les grands gagnants d’une monnaie européenne faible face au dollar.
Des pertes pour les importateurs de produits en dollars
En revanche, les importateurs de produits en billet vert subissent eux de plein fouet cette dévalorisation. Il y a encore quelques mois, l'entreprise Eno, fabricant de planchas, a acheté un mug à deux euros en Asie. Ce lundi 5 septembre, il est à 2,40 euros. "Ça coute 20% plus cher", souligne le directeur général, Laurent Colas. Heureusement, cette PME a toujours conservé des dollars dans ses caisses. Elle les utilise donc pour éviter de perdre au change.
Impossible en revanche d'éviter la flambée des prix de l'énergie. Sur les marchés internationaux, pétroles et gaz se négocient en dollars. Un euro faible alourdit un peu plus la facture. Et au bout de la chaîne, ce sont les entreprises qui en souffrent quand elles renégocient leur contrat. "En ce moment, je consomme à peu près 150.000 euros de gaz par an. On passerait à 1,2 million d'euros de gaz si je devais signer aujourd’hui", met encore en avant Laurent Colas.
Autres grands perdants : ceux qui ont prévu un voyage en dehors de la zone euro. "Ça pénalise les touristes français à l’étranger. Aux États-Unis, parce que vous avez moins de pouvoir d’achat, mais également dans les pays émergents où souvent, ces pays, ayant une faible monnaie, demandent des dollars", souligne Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au sein du cabinet BDO. À l'inverse, les Américains qui viennent en France ont plus d'argent à dépenser, et ce ne sont pas les professionnels du tourisme qui vont s'en plaindre.