POUVOIR D'ACHAT - Jamais les carburants n'ont été aussi chers en France. Comme pour le gaz et l'électricité, le gouvernement peut-il geler les tarifs ?
C'est une mauvaise nouvelle pour le porte-monnaie des Français qui voient déjà tout augmenter : les prix à la pompe atteignent des records. Ainsi, le gazole, carburant le plus utilisé en France, s'est vendu à 1,6214 euro le litre en moyenne la semaine dernière, au plus haut, selon les chiffres hebdomadaires du ministère de la Transition écologique. Par ailleurs, le sans-plomb 95 s'est vendu à 1,7069 euro, soit une hausse de plus de 2 centimes par rapport à la semaine précédente. Il faut dire qu'en ce début d'année, les prix du pétrole sont repartis à la hausse.
"Le carburant, ça devient très précieux", confirme auprès de TF1, dans la vidéo du 20H en tête de cet article, un employé chargé de remplir les cuves d'une station-service. Tandis que du côté des automobilistes, c'est l'incompréhension face à ces augmentations à répétition : "Moi je fais 70 kilomètres par jour, cela devient compliqué", se désole l'un d'eux. "Bloquer les prix... Mais après, quand cela va être débloqué, qu’est-ce qui va se passer ?", interroge sa voisine.
"Une marge nette de 1 centimes"
Est-il vraiment possible de bloquer les tarifs des carburants ? Que dit la loi en la matière ? Un article du code du commerce autorise bien le gouvernement à prendre "des mesures temporaires en cas de situation de crise, de circonstances exceptionnelles", mais ce dispositif n'a été utilisé qu'une seule fois, en 1990, au début de la guerre du Golfe. Le gouvernement de Michel Rocard avait à l'époque bloqué les prix durant cinq semaines.
Aujourd'hui, ce serait envisageable en raison de la pandémie. Mais pour les représentants des pétroliers, c'est une fausse bonne idée. "Dans la pratique, ce n’est pas vraiment possible parce que les prix pétroliers internationaux sont ce qu'ils sont, le gouvernement n’y peut rien et la marge nette du distributeur est de 1 centime", reconnaît Olivier Gantois, le Président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP). Ce qui est en effet insuffisant pour stopper la hausse des prix.
Le seul véritable, levier, ce sont les taxes de l'État, qui représentent plus de la moitié du prix d'un litre de carburant. Combien cela coûterait-il de les baisser ? Si on les réduit, par exemple de 10 centimes, ce sont 5 milliards d'euros qui disparaissent des caisses de l'État. Mais là encore, on ne résout pas le problème, selon François Lenglet, le spécialiste économie de TF1 : "La difficulté, c'est que bloquer ou baisser les prix du carburant, ce n'est pas supprimer le coût, mais le déplacer dans le temps. Ces cinq milliards se traduiront mécaniquement en cinq milliards de déficits supplémentaires, donc cinq milliards de dettes supplémentaires à payer par les générations suivantes", explique-t-il.
Actuellement, tous les pays d'Europe sont dans la même situation, à quelques exceptions près. Ainsi, en Slovénie, le gouvernement fixe les prix tous les quinze jours et ajuste ses taxes en fonction du cours du pétrole.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info