Inflation : les prix s'envolent

VIDÉO - Électricité : 5 questions sur la hausse des prix de 15%

par Maxence GEVIN | Reportage TF1 Imane Rachati, Thierry Marquez
Publié le 30 janvier 2023 à 19h01, mis à jour le 31 janvier 2023 à 9h18
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Source : JT 13h Semaine

Ce mercredi 1er février, les tarifs réglementés de l'électricité augmentent France.
Une hausse limitée à 15% grâce au bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement.
On fait le tour des questions qui se posent.

Comme annoncé il y a quelques mois, les tarifs de l'électricité vont augmenter ce mercredi 1er février 2023. Un énième coup dur pour le portefeuille des Français, dans un contexte d'inflation galopante,  qui suit la hausse, en janvier dernier, des prix du gaz. Grâce au bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, la situation reste tout de même plus enviable dans l'Hexagone que dans d'autres pays européens. Décryptage.

De quelle augmentation parle-t-on ?

À compter de ce mercredi 1er février, les factures d'électricité des ménages vont flamber. En effet, les tarifs réglementés de l'électricité vont grimper de 15 %. "Les nouveaux prix seront répercutés sur la facture chaque mois", a indiqué EDF. Pour les clients qui ne veulent pas modifier leurs mensualités, une régularisation en fin d'année sera appliquée.

"J'attends de voir ce que ça va donner", confie une femme, circonspecte, dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Concrètement, pour un foyer qui consomme 8500 kWh, par exemple, la facture annuelle passera de 1604 euros à 1845 euros.

"On a beaucoup de chance que ce soit limité à 15 %, sinon on verrait nos factures quadrupler", s'enflamme une consommatrice. Quadrupler, peut-être pas, mais doubler sans aucun doute. Sans le bouclier tarifaire du gouvernement, qui permet une prise en charge par l’État de la hausse réelle du tarif de l’électricité, le prix de celle-ci aurait été revalorisé de 99,22% TTC, a confirmé, dans son dernier barème, la Commission de régulation de l'énergie (Cre). Ce chiffre est fixé en fonction des coûts de fourniture de l'électricité sur les marchés de gros.

Qui est concerné par cette hausse ?

La hausse annoncée du tarif réglementé de l'électricité concerne 20,54 millions de foyers et 1,45 million de petits professionnels de l'Hexagone, de la Corse et de l'Outremer, a calculé l'AFP. De leur côté, les habitants de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie ne verront pas leur facture augmenter, puisque les deux territoires ont leurs propres tarifs. En parallèle, environ 100.000 logements du parc social, chauffés collectivement à l'électricité, sont aussi indirectement concernés. 

Pour rappel, les tarifs réglementés de vente de l'électricité (TRVe) sont révisés chaque année par la Commission de régulation de l'énergie. Tous les Français ayant un contrat avec les fournisseurs historiques, à savoir EDF et Engie, y sont soumis. C'est aussi le cas des consommateurs qui ont opté pour des fournisseurs d’électricité alternatifs, depuis l'ouverture du marché à la concurrence. Dans la plupart des cas, l'accord avec ces derniers est basé sur le tarif réglementé, mais avec un pourcentage de réduction. 

En revanche, les usagers les plus en difficulté sont ceux qui ont un contrat indexé sur les prix de gros. Lesquels ont explosé ces derniers mois et ne rentrent pas dans le champ d'application du bouclier tarifaire (ni dans la hausse de mercredi, donc). "Les consommateurs qui avaient signé un contrat de fourniture d’électricité ou de gaz dont les prix étaient indexés sur les marchés ne sont pas protégés par le bouclier tarifaire. C’est également le cas des consommateurs dont le fournisseur a modifié le prix en cours de contrat pour l’indexer sur les prix des marchés", confirme le médiateur de l'énergie sur son site internet. 

Jusqu'à quand doit durer le bouclier tarifaire ?

Mis en place en 2021, ce mécanisme d'aide a déjà été prolongé une première fois jusqu'au 31 janvier 2023. Étant donné la conjoncture actuelle, le gouvernement a décidé de reconduire le dispositif jusqu'au 30 juin 2023, au moins. 

Cela reste, malgré tout, insuffisant pour les associations de consommateurs. "L'année dernière, le prix n'avait augmenté que de 4%. Ça n'a pas empêché les Français de faire beaucoup d'économies. Il faut le souligner, il n'y a pas besoin de faire flamber les tarifs pour inciter aux économies d'énergie", critique François Carlier, délégué général de CCLV nationale (Association nationale de consommateurs et usagers), dans le reportage de TF1. Après le 1er juillet, l'organisation redoute déjà d'autres augmentations de tarifs. 

À noter que, durant le mois de décembre 2022, 12 millions de foyers ont reçu, sans aucune démarche, un chèque énergie exceptionnel d'une valeur de 100 à 200 euros. Une aide complémentaire qui doit permettre aux foyers de l'Hexagone de passer, au mieux, cette période difficile. 

Pourquoi les tarifs s'envolent-ils ?

Le prix de l'électricité dépend d'une multitude de facteurs (coûts de production, de stockage, d'acheminement, les taxes, le prix du gaz - une partie de l’électricité produite et importée provient de centrales à gaz -, le coût des quotas de CO2). Par conséquent, l'augmentation de ces tarifs est liée à plusieurs éléments. D'une part, le redémarrage général de l'activité, après la pandémie de Covid-19, a tiré à la hausse l'ensemble des prix de l'énergie dès le premier trimestre 2021. Le déséquilibre entre l'offre et la demande s'est aggravé en 2022 avec la guerre en Ukraine, qui a généré des craintes sur l'approvisionnement en gaz. Ces incertitudes se sont répercutées sur les prix en la matière et donc, indirectement, sur ceux de l'électricité. 

Pour ne rien arranger, le parc nucléaire, dont la France tire 40% de sa production électrique, tourne au ralenti. La "faible disponibilité anticipée du parc nucléaire français" a aussi conduit les acteurs du marché de l'électricité à appliquer une prime de risque sur la France face à des menaces de pénurie, note la Cre. 

Quid de nos voisins européens ?

Si les ménages français croulent sous l'augmentation généralisée des prix ces derniers mois, ils s'en sortent globalement mieux que leurs homologues européens. En 2021, selon les données d'EuroStat, le prix du Kilowattheure d'électricité était ainsi moins élevé dans l'Hexagone (0,19 euro) qu'en Italie (0,22), en Espagne (0,23), en Belgique (0,27) ou en Allemagne (0,31). Au contraire, les pays de l'Est du Vieux continent étaient mieux lotis, à l'instar de la Pologne (0,15) ou de la Hongrie (0.1). 

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Pour l'année à venir, le fossé devrait s'accentuer. Si l'Espagne (0,2) fait figure d'exception, les tarifs s'envolent partout plus qu'en France (0,24 avec le bouclier tarifaire). Ils devraient s'établir à 0,53 en Italie, 0,58 en Belgique ou encore 0,66 en Allemagne, si l'on se fie aux données du site Hellowatt. Cela suffit à comprendre qu'il s'agit d'un phénomène global. 


Maxence GEVIN | Reportage TF1 Imane Rachati, Thierry Marquez

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