L'opérateur ferroviaire espagnol Renfe fait son entrée en France : ses premiers trains circuleront dès jeudi sur nos rails.Les prix des trajets entre sept gares du sud et vers l'Espagne seront très attractifs.On fait le point sur les tarifs du nouveau concurrent de la SNCF.
Si vous habitez dans le sud de la France, vous verrez désormais sur les rails des trains blancs et violets : ceux de la compagnie espagnole Renfe. À partir de ce jeudi, elle lancera progressivement ses trains à grande vitesse en France, avec des prix cassés. Les trajets entre sept gares du sud (Narbonne, Béziers, Montpellier, Avignon, Aix-en-Provence, Marseille, mais aussi Lyon) coûteront ainsi 9 euros, contre 29 euros pour des trains depuis Lyon ou Marseille vers des villes espagnoles comme Barcelone, Saragosse ou Madrid.
Interrogés par TF1 dans le reportage en tête de cet article, les habitants de Montpellier, qui compte parmi les villes concernées, se disent très tentés par ces nouveaux billets à moindre coût. "Justement, je dois aller en Espagne et on était un peu réticents face aux tarifs. Là, ça pourrait être l'occasion, plutôt que de prendre la voiture", se réjouit une femme. Une autre affirme que "s'il y a de la concurrence, les prix vont peut-être baisser". "J'espère, parce que la SNCF, ça devient très cher", ajoute-t-elle. Pour la compagnie française, la comparaison est sans appel : avec la SNCF, un trajet Lyon-Marseille coûte 68 euros, alors que la Renfe propose ce billet AVE (le TGV espagnol, ndlr) à 9 euros. Pour la liaison Narbonne-Marseille, il faut débourser 42 euros avec la SNCF, contre toujours 9 euros avec la Renfe.
Toutefois, le prix d'appel de la compagnie espagnole sera temporaire. "Ça ne durera pas, mais à moyen-long terme, ça permet quand même d'avoir des tarifs qui seront à l'avenir à peu près deux fois moins chers", explique Alice Rayon, responsable marketing du site comparatif Kombo, qui poursuit : "C'est ce qu'il se passe sur la ligne Paris-Lyon avec Trenitalia, où les Trenitalia sont en moyenne deux fois moins chers que les trajets SNCF."
Moins d'argent à investir dans les petites lignes ?
Depuis le mois de décembre 2021, l'opérateur italien relie en effet Paris, Lyon et Milan. Jusqu'ici, Trenitalia était la seule concurrente de la SNCF, défiant ainsi le monopole de la compagnie française après l'ouverture à la concurrence des lignes grande vitesse (hors convention territoriale) en décembre 2020. La concurrence de Trenitalia a alors fait baisser les prix. Lorsque la SNCF diminue ses tarifs sur ses lignes ouvertes à la concurrence, cela signifie moins d'argent à investir dans des petites lignes peu fréquentées. "À un moment donné, ça va soulever une question pour certaines lignes, quasiment de service public, qui ne sont pas rentables ou à la limite de la rentabilité et sur lesquelles ils pourraient réduire leur activité", avertit Patricia Perennes, économiste spécialiste du transport ferroviaire.
Deux nouvelles lignes s'ouvriront à la concurrence : Lyon-Bordeaux, annoncé l'été prochain, et Nantes-Bordeaux, en 2026. Par ailleurs, la très fréquentée ligne Paris-Lyon, où Trenitalia se trouve déjà, intéresse aussi la Renfe, comme elle l'a précisé dans son communiqué publié mercredi.