A LA LOUPE : Une enquête de Ouest-France sur les frais de candidatures a lancé une nouvelle polémique sur Parcoursup. Oscillant entre 30 et 95 euros pour certaines formations, ces "frais administratifs" ont découragé plusieurs futurs étudiants, qui ont du abandonner leurs vœux.
Alors que les lycéens devaient valider leurs voeux sur Parcoursup d’ici au 3 avril 23h59, les retardataires tombent parfois des nues en s’apercevant qu’ils doivent sortir la carte bleue pour finaliser leurs candidatures. 30 euros, 40 euros, 95 euros ou plus à débourser pour chaque formation, la note monte vite lorsque les futurs étudiants font une dizaine de vœux pour multiplier leurs chances. Ces frais administratifs n’ont rien à voir avec les frais d’inscriptions dont ils devront s’acquitter à la rentrée s’ils sont acceptés : l’argent dépensé sur Parcoursup ne sert qu’à payer leur droit de candidater. Si les boursiers sont exemptés, les autres en revanche, ne seront même pas remboursés s’ils venaient à ne pas être retenu.
Mis en lumière par une enquête de Ouest-France, l’existence de "frais de dossiers" a outré les parents… et les internautes. Sur les réseaux sociaux, certains candidats tiennent pour responsable la plateforme "post-bac", qui n’a été mise en place que l’année dernière. Pourtant, ces frais de dossiers ne sont pas nouveaux, ni du fait de Parcoursup.
@parcoursup_info Bonjour, urgent j'aimerai savoir j'ai postuler dans une école IFSI EFTS sur parcoursup qui demande 90 e de frais je voudrai savoir si je suis pas accepter dans cette école je serai rembourser ou pas ? — léger pour le goût. 😋 (@tshibambalo_) 3 avril 2019
Qui décident de ces frais, et à quoi servent-ils ?
Ce sont les écoles qui déterminent si elles demandent des frais de dossiers pour candidater à leurs formations, et qui en déterminent le montant. Le ministère de l’Enseignement Supérieur ne peut pas interférer sur l'existence ou le montant de ces "frais administratifs", et évidemment ni la plateforme ni l’Etat ne touche de l’argent.
"Ce que Parcoursup garantit, c’est une transparence sur le processus de recrutement", nous explique Jérôme Teillard, chargé de projet Réforme de l'enseignement supérieur au Ministère. Les établissements sont donc tenus de préciser aux candidats quelles sont les pièces nécessaires pour monter leur dossier, quelles sont les potentielles épreuves de sélection qui les attendent suite à l’étude de leur dossier (entretiens, examens, concours) et le montant des frais de dossiers.
Selon les établissements, ces frais peuvent servir à payer des professionnels indépendants, qui seront chargés d'éplucher les dossiers et/ou feront passer les entretiens. Ils peuvent également être utilisés pour financer l’organisation de concours et d’examens, où sont parfois accueillis des centaines de candidats, qu’il faut encadrer et surveiller durant les journées d’épreuves.
Toutes les candidatures étaient-elles payantes ?
Heureusement non. Les licences des universités publiques, et toutes les formations qui ne sont pas sélectives, n'en demandent pas.
Les formations concernées sont généralement les classes préparatoires, les grandes écoles de commerce, d'architecture ou d'ingénieurs, ainsi que des formations spécialisées, souvent dispensés par des établissements privés. Sur Twitter, plusieurs témoignages indiquent que des lycéens ont renoncé à postuler pour ces voies-là, à cause des frais de dossiers. Certains n'hésitent pas à parler "d'inégalité des chances" ou de "sélection par l'argent".
Je confirme que nous avons renoncé à ce que notre fils postule en école d'ingénieurs publiques devant les frais demandés, d'autant que nous n'avons aucune idée de ses chances d'être sélectionné. 😕 Il fera un DUT et on se reposera la question dans 2 ans. — Caroline M (@CaroleM53752608) 3 avril 2019
Pour Jérôme Teillard, "cela ne correspond qu’à une minorité de formation." Les chiffres du ministère de l'Enseignement Supérieur qui nous ont été communiqués rapportent le nombre de ces candidatures "payantes" à l'ensemble des vœux possibles sur la plateforme. Au total, ces formations sélectives demandant des frais de dossiers ne représentent que 3% des 14 500 formations existantes. "Aucun candidat n’est privé du large potentiel d’études supérieures accessibles sur la plateforme", insiste le chargé de projet Parcoursup.
Plusieurs étudiants avec lesquels nous nous sommes entretenus sur les réseaux sociaux affirment pourtant le contraire. Léa Yvon, qui a postulé pour 7 formations d'éducateurs spécialisés, "n'a trouvé aucun établissement public qui proposait le même programme." Au total, elle aura déboursé 630 euros pour ces vœux.
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